Les Ă©lèves les plus faibles seront regroupĂ©s. Statistiquement, au sein de chaque collège, ils sont issus des milieux dĂ©favorisĂ©s, ce sont des Ă©lèves Ă  besoin particuliers (dyslexiques, en situation de handicap ou non) parfois aidĂ©s par une AESH.  D’autres ont des parcours de vie difficiles, sont parfois perturbateurs ou dĂ©crocheurs.

 

Enseigner dans ces groupes homogènes faibles, sans tête de classe sur laquelle comptent pourtant souvent les enseignants pour faire avancer l’ensemble du groupe, sera une gageure, voire une mission impossible. Nous ne pouvons par exemple que constater qu’en éducation prioritaire où les classes homogènes faibles sont fréquentes, malgré des effectifs réduits, que ce n’est pas une solution qui permet seule des progrès qui viendraient rompre les déterminismes sociaux. C’est de mixité sociale et scolaire dont ces jeunes ont besoin, pas de davantage de ségrégation. C’est la politique de la ville qui crée un véritable séparatisme depuis des décennies et qu’il faut changer.

 

Enseigner dans des groupes homogènes faibles, demande de l’expertise pédagogique. Il en est de même dans des groupes hétérogènes. Une solide formation didactique se doit d’être accompagnée d’une tout aussi solide formation en pédagogie. Inventer des scénarios d’apprentissage pour relever le défi de faire comprendre et maîtriser des compétences langagières et /ou mathématiques à celles et ceux qui ne comprennent pas du premier coup, c’est là le plus difficile dans les métiers de l’enseignement. L’apprentissage ne dépend pas que du nombre d’apprenant.es. A-t-on entendu parler d’un plan de formation massif des enseignants de collège en français et en maths ??? Non, bien évidemment…. Une politique façon puzzle ne résoudra rien !

 

Par ailleurs, on peut légitimement se demander qui sera “désigné volontaire” pour enseigner avec les groupes les plus faibles ? Celles et ceux ayant le moins d’expérience ? C’est ce que sait très bien faire notre ministère. En éducation prioritaire par exemple, ce sont bien souvent des enseignants néo titulaires qui sont nommés alors qu’ils n’y sont pas préparés.

 

D’autre part, nous doutons de la possibilité réelle de mettre en place des changements de groupes fréquents (ce qui serait un moindre mal en se rapprochant des groupes de besoin). Quid des collèges fonctionnant en semestre ? Une circulaire inapplicable déresponsabilise nos décideurs mais n’est pas une formule magique rendant l’impossible possible. Les évaluations standardisées permanentes ne sont certainement pas une solution. Question subsidiaire : comment commencer l’année scolaire, particulièrement en 6ème ?

 

Un autre point fondamental : quelles pourraient être les modalités pour remonter d’un groupe faible vers les autres (et avec quelles probabilités) ? Les meilleurs iront sûrement plus loin, plus vite, voire au-delà des attentes des programmes. Il y a toutes les chances que les autres ne les rattrapent jamais et qu’ils soient donc affectés ad vitam dans les groupes faibles.

 

La touche finale, les programmes seront adaptés à ces nouvelles contraintes dans deux ans au mieux. Il faudra faire sans en attendant… Comment et quand former les enseignants pour qu’ils adaptent leur pratique aux groupes les plus faibles ? La nouvelle doctrine de la formation continue “en dehors du temps de présence devant élèves” a mis en pause une grande partie des formations. Par exemple, les enseignants de technologie, auxquels le ministère avait promis des formations il y a plus d’un an, attendent toujours…

 

L’UNSA Éducation est favorable à des groupes de besoin ponctuels en effectifs réduits, pas des groupes de niveau. Nous voulons la réussite de chaque jeune et non un tri qui vous affecte définitivement dans une trajectoire déterminée. Sinon, qu’en serait-il de la promesse d’égalité des chances et du rôle émancipateur de l’École de la République ?

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