Évoquons tout d’abord les implications de la mise en barrette de tout ou partie des classes d’un mĂŞme niveau sous cet angle. 

  • Cela signifierait la fin des vĹ“ux d’emploi du temps pour les enseignants de mathĂ©matiques et de français. A tout le moins, ces vĹ“ux devraient ĂŞtre identiques pour une Ă©quipe disciplinaire. Entre les parents d’enfants en bas âge et d’autres situations, les contraintes de vie sont bien diffĂ©rentes et toujours justifiĂ©es. Il est fort probable que les autres enseignants passeraient derrière et, mĂŞme s’ils peuvent toujours formuler des vĹ“ux, ceux-ci seraient moins respectĂ©s que dans la situation actuelle.
  • La rĂ©partition des services serait largement entravĂ©e et un vĂ©ritable casse-tĂŞte pour les Ă©quipes de direction concernant les enseignants de français et de mathĂ©matiques. Dès que les groupes seraient Ă©galement appliquĂ©s aux 4ème et 3ème, Ă  la rentrĂ©e 2025, deux cas de figures se prĂ©senteraient. Si les barrettes sont totales, tous auraient une classe de chaque niveau, sinon tous auraient probablement 3 niveaux.
  • Les complĂ©ments de service pourraient se multiplier dans toutes les disciplines. Pourquoi ? Parce que, par endroit, l’intĂ©gralitĂ© des marges d’établissements serait consacrĂ©e Ă  la mise en place des groupes, particulièrement lĂ  oĂą ils ne sont pas financĂ©s. Parce que les services des enseignants de mathĂ©matiques certifiĂ©s seraient chroniquement incomplets du fait de la rĂ©partition de service imposĂ©e, lĂ  oĂą la mise en barrette sera totale. Il faudrait complĂ©ter les services avec du soutien ou envoyer ailleurs les enseignants. C’est un problème important dans le cas gĂ©nĂ©ral et particulièrement saillant en milieu rural. Outre les kilomètres parcourus, leur coĂ»t et le temps perdu, toutes celles et tous ceux qui ont dĂ©jĂ  enseignĂ© dans plusieurs Ă©tablissements le savent, ce sont des conditions d’exercice particulièrement pĂ©nibles.
  • Les progressions seraient communes en mathĂ©matiques et en français qu’elles soient le fruit d’un travail consensuel ou pas. Le fruit d’un travail personnel, d’une expĂ©rience accumulĂ©e serait remis brutalement en question. Cela impliquerait une charge de travail importante dans un temps très court. Si le travail en Ă©quipe est une bonne chose, il nĂ©cessite des temps de concertation institutionnalisĂ©s et rĂ©munĂ©rĂ©s, ce dont nous pouvons douter.

Mais cela ne s’arrêtera pas là !

  • Pour mettre en place les groupes rĂ©duits pour les plus faibles sans moyens (80% des collèges), il faudrait gonfler les autres groupes dès que c’est possible. De nombreux groupes seraient donc Ă  30, loin de la promesse de classes moins chargĂ©es.
  • Les suppressions de poste pour mesure de carte scolaire seraient plus nombreuses. En technologie, parce que malgrĂ© les promesses faites lors de la suppression de la technologie en sixième, les postes sauvĂ©s l’an dernier ne pourront plus l’être. Depuis le lycĂ©e, pour redĂ©ployer des moyens vers le collège. Partout ailleurs sans doute.

 

L’UNSA Éducation dénonce ces nouvelles dégradations des conditions de travail. Alors même que la pénurie d’enseignants est au plus haut, alors que la promesse d’un choc d’attractivité n’en finit plus d’être un mirage, c’est inacceptable !

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