Fidèle à sa conception traditionnelle de l’enseignement, le ministre considère que la dimension disciplinaire prime sur toute action éducative. Cette vision crève les yeux dans sa réforme du lycée où la vie scolaire n’a quasiment pas droit de cité.
L’accompagnement personnalisé change de statut
La nouvelle organisation de l'accompagnement personnalisé, désormais retirée de la grille-horaires des élèves, fragilise globalement ce dispositif et rend aléatoire la participation des CPE. Plusieurs d’entre eux avaient pourtant investi ce dispositif pour travailler, parfois avec le professeur principal, sur des thèmes interdisciplinaires comme la motivation des élèves, l'organisation du travail, la prise de parole, la confiance en soi, etc.
Il y a fort à parier que la baisse des moyens accordés aux établissements entraînera les équipes pédagogiques à privilégier les dédoublements de groupes plutôt que l’accompagnement personnalisé. Ces choix impacteront alors directement les CPE qui auront une chance de moins de vivre le face-à -face pédagogique et de promouvoir les valeurs de l’engagement.
Articuler engagement lycéen et orientation
La récente circulaire de missions des CPE mentionne qu’ils « contribuent, avec les PsyEN et les enseignants, à l'accompagnement, au conseil et au suivi des élèves dans l'élaboration de leur projet personnel d'orientation, de leur poursuite d'études ainsi que de leur insertion sociale et professionnelle ».
Comment expliquer alors que le vademecum de la fiche avenir ne fasse aucunement référence aux personnels d’éducation ?
Dans Parcoursup, la fiche avenir prend en compte des éléments d’appréciation comme l’engagement et l’esprit d’initiative. La consultation des CPE sur ces thèmes relève de l’évidence car ils sont inscrits pleinement dans l’apprentissage de la citoyenneté.
Se passer de l’expertise des personnels d’éducation, c’est passer à côté du sujet et nier le cœur de leur professionnalité.
Enfin, la nouvelle configuration qui augmente le nombre d’heures de cours (en comptant les options) et d’évaluations intermédiaires présente un autre risque : celui de focaliser nos élèves uniquement sur le travail scolaire et de les détourner de l’engagement lycéen.
Ainsi, donnant priorité notamment à la préparation des épreuves communes de contrôle continu, le temps risque de leur manquer pour s’investir dans des actions citoyennes ou des responsabilités d’élus. Les CPE, attachés au bien-être des élèves, rappellent régulièrement que la construction des adolescents va de pair avec l’implication dans des structures représentatives et la participation à des animations culturelles, sportives ou solidaires.
CPE et pédagogie
Parcoursup prévoit également le dédoublement de la fonction de professeur principal en classe de terminale.
Plusieurs CPE, notamment dans des collèges ruraux, ont accepté exceptionnellement d’assumer la fonction de professeur principal lorsqu’elle ne pouvait être assurée par un enseignant. Le SE-Unsa demande la transformation de l’indemnité forfaitaire en Isoe afin de favoriser l’accès à la part modulable. Nous ne savons à ce jour si le ministère répondra favorablement à notre revendication. Dans le cas positif, les CPE volontaires pour remplir la fonction de second professeur principal pourraient s’engager en bénéficiant d’une revalorisation financière pleinement justifiée.
Concernant les marges d'autonomie, un effort doit être fait sur les 2GT et les STMG car c'est là que s’effectue le gros travail de prise en charge différenciée. En 1ère et Terminale générales, il n’y a quasiment que de la préparation au bac. En 2GT et en séries technologiques, les besoins d'accompagnement des élèves sont beaucoup plus importants et les besoins de dédoublement aussi ! Ce n'est pas anodin, mais une vie scolaire peut être débordée par des situations que les enseignants n'arrivent plus à gérer en classe.