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Confiance et bienveillance
Article publié le vendredi 27 mai 2016.
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Tel est le titre et les mots clĂ©s du rapport du mĂ©diateur de l’éducation nationale et de l’enseignement supĂ©rieur pour l’annĂ©e 2015 qui vient de paraĂ®tre. Cette demande de confiance et de bienveillance constitue pour lui «  deux « matĂ©riaux » qui contribuent au ciment de l’École et Ă  la reconnaissance de la qualitĂ© de son service Ă  la Nation Â». Ils Ă©manent tant de ses rĂ©flexions (celles en fait du mĂ©diateur national, de ses collaborateurs et de l’ensemble des 49 mĂ©diateurs acadĂ©miques) que des saisines qui lui ont Ă©tĂ© adressĂ©es.

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Il n’est pas neutre que ce soient ces deux notions qui retiennent l’attention de l’univers scolaire, alors le système éducatif montre ses limites et ses incapacités à remplir ses missions et que ses usagers –les élèves et leurs familles- comme les professionnels de l’Éducation s’interrogent.

Sans vouloir jouer les cassandres, ni participer à la curée de ceux qui sont toujours plus prompts à dénoncer qu’à proposer et à critiquer qu’à construire, force est de constater que trop souvent encore l’école, l’université, le système scolaire et universitaire souffrent d’un défaut de confiance et de bienveillance.

Prenons comme exemple ce qui vient de se passer ces derniers jours pour l’acadĂ©mie de Guyane. Ă€ grand renfort de communication il a Ă©tĂ© annoncĂ© que l’ensemble du territoire guyanais -Ă  l’exception d’un collège- au vu de la situation sociale, Ă©conomique, culturelle, scolaire, serait entièrement classĂ© en Ă©ducation prioritaire renforcĂ©e (REP +) Ă  la rentrĂ©e 2016. Tout avait Ă©tĂ© travaillĂ© (des dotations des Ă©tablissements en heures d’enseignements Ă  l’affichage des postes dans le mouvement intra…). Or l’arrivĂ©e d’un nouveau recteur s’appuyant sur la cartographie nationale des REP et REP + arrĂŞtĂ©e en 2014, est venue tout remettre en cause, dĂ©crivant la nouvelle stratĂ©gie par ces mots : « Contrairement Ă  ce qui a Ă©tĂ© annoncé…. Â». Ainsi la parole d’un recteur pourrait, deux ans après, remettre en question la parole du recteur prĂ©cĂ©dent. Ces hauts fonctionnaires n’engagent-il pas le ministère et donc la ministre de l’éducation nationale dans leurs dĂ©cisions, surtout lorsque celles-ci ne sont en aucun cas dĂ©menties ou rĂ©interrogĂ©es ? Durant tout un temps, il a semblĂ© que non. Quelle confiance alors faire aux annonces ministĂ©rielles ? Quelle bienveillance trouver dans la manière de mal traiter un territoire dĂ©jĂ  si fragilisĂ© ? Il aura fallu l’intervention des Ă©lus, la mobilisation des familles, l’intervention de l’intersyndicale UNSA Éducation – FSU – SGEN CFDT, pour qu’enfin la ministre annonce hier soir devant la reprĂ©sentation nationale l’application des mesures portĂ©es par le premier recteur et donc le classement en REP + de l’ensemble de la Guyane.

Il Ă©tait temps.

Pourquoi avoir tant hĂ©sitĂ©, laissĂ© monter la pression, permettre au doute de s’instaurer, faire la place belle au sentiment de malveillance ?

Cette attitude est d’autant plus paradoxale qu’elle est à contre-courant de l’esprit qui anime la refondation de l’Ecole de la République et qui postule confiance et bienveillance en faveur des élèves comme des personnels.

12 % des requĂŞtes adressĂ©es au mĂ©diateur par les personnels concernent l’organisation du travail et les relations professionnelles. « Le sujet n’est pas mineur Â» constate le rapport de manière euphĂ©mistique qui voit lĂ  un indicateur qui clignote « comme une alerte et tĂ©moigne d’incomprĂ©hensions sinon de mal-ĂŞtre Â» et qui poursuit « ceux sur lesquels s’appuie l’École pour faire « grandir » les Ă©lèves doivent avoir confiance en elle et se sentir sĂ©curisĂ©s. L’École doit savoir Ă©couter la souffrance qu’induit l’exercice d’un mĂ©tier d’autant plus difficile qu’il subit de profondes mutations, en rupture avec la culture scolaire qui imprègne ceux qui l’exercent. Il faut admettre qu’à cĂ´tĂ© de rĂ©ussites remarquables et enthousiasmantes, des maux douloureux ne trouveront leur guĂ©rison que dans une Ă©coute attentive et un accompagnement soutenu. Â»

Cela est d’autant plus important qu’aucun changement profond n’aura lieu dans l’École sans l’adhésion, et au-delà sans l’implication des personnels, de tous les personnels.

« La bienveillance que l’École doit Ă  ses Ă©lèves, elle la doit aussi Ă  ses agents Â», affirme le mĂ©diateur. Ajoutons que la confiance que l’Ecole met dans l’éducabilitĂ© de tous les Ă©lèves, elle doit aussi la dĂ©velopper dans la reconnaissance du professionnalisme de tous ses personnels. Ce sont lĂ  des conditions indispensables pour rĂ©nover l’École et lui donner la capacitĂ© de rĂ©pondre Ă  sa mission d’émancipation de toutes et tous.

Le rapport insiste sur l’affectation des personnels et les risques psycho sociaux, mais prĂ©cise que cela « ne peut pas ĂŞtre lu comme une limitation des champs de progrès en matière de GRH Ă  ces deux seuls objets Â». Il interroge Ă©galement la question du remplacement des professeurs absents et celle de la formation en ESPÉ dont la place du concours.

Si de véritables soucis pèsent sur la gestion des enseignants, c’est plus globalement l’ensemble de la politique de GRH de tous les personnels que le ministère de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur doit moderniser, adapter, développer afin de mieux mettre en œuvre la confiance et la bienveillance qu’il doit à tous ses personnels.

Il reste encore dans ce domaine bien du chemin Ă  parcourir.

Denis Adam, le 25 mai 2016

 
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