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FILLON : que prĂ©voit concrètement son programme pour l’Education nationale ?
Article publié le jeudi 1er décembre 2016.
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Vous avez entendu les promesses de François Fillon de supprimer 500000 postes de fonctionnaires, ou bien encore d’allonger le temps de travail des professeurs, y compris celui des enseignants. Vous connaissez sa position sur le mariage pour tous, sur l’avortement et la sĂ©curitĂ© sociale, mais savez-vous rĂ©ellement ce que prĂ©voit  son  programme pour l’Éducation nationale? Lisez, vous allez frĂ©mir !

 

A. "DES CHANGEMENTS EN PROFONDEUR"

François  Fillon propose un changement en profondeur de notre système Ă©ducatif, qu'il rĂ©sume en une formule « changer de logiciel Â».  Sans surprise, c’est une conception ultra libĂ©rale de l’Éducation nationale que propose le candidat de la droite. Le rĂ´le de l’état y est rĂ©duit au minimum. Celui-ci fixe les principes et les programmes, le niveau des professeurs et certifie les examens nationaux. Pour le reste, c'est Ă  chacun de se dĂ©brouiller, mais qu’est-ce que cela signifie concrètement ?

1. Une autonomie accrue des Ă©tablissements

Les chefs d’établissement dĂ©cideront du recrutement des enseignants et  auront un avis prĂ©dominant sur leur avancement. Extraits du programme de F. Fillon :

«  Les directeurs d’école et les chefs d’établissement disposent de rĂ©els pouvoirs de dĂ©cision dans l’établissement et la promotion des enseignants. Â»

Pour le Premier degrĂ© :

F. Fillon veut « donner aux Ă©coles (ou Ă  un ensemble d’écoles en milieu rural) le statut d’établissements publics et les doter d’un « vrai » directeur, supĂ©rieur hiĂ©rarchique des enseignants Â». Nous retrouvons les mĂŞmes propositions dans le programme de Marine Le Pen.

Dans le second degrĂ© :

 Le candidat du parti des rĂ©publicains prĂ©voit de Â« Confier aux chefs d’établissements du second degrĂ© le choix de tous les personnels pour lesquels ils auront Ă©tabli prĂ©alablement et publiĂ© un profil des postes. Â»

Mais l’autonomie dans le second degrĂ© va plus loin. Ainsi on pourra :  

Globaliser tous les moyens (heures et crédits) dont dispose l’établissement afin de créer les conditions d’une vraie autonomie de gestion pédagogique

Laisser chaque établissement choisir son dispositif d’accompagnement des élèves (programmes d’aides, travaux interdisciplinaires,..)

2. Une autonomie de l’établissement sous contrôle de personnes extérieures

Le chef d’établissement  ne dirige plus les instances :

 Â« La prĂ©sidence du conseil d’administration est dissociĂ©e de la fonction de principal et de proviseur et confiĂ©e Ă  une personnalitĂ© extĂ©rieure Ă  l’établissement, de façon Ă  renforcer l’ancrage des Ă©tablissements dans leur territoire et dans la vie Ă©conomique locale. Un vice-prĂ©sident du conseil d’administration est Ă©lu parmi les parents d’élèves de l’établissement au suffrage universel direct de tous les parents. Â»

3. Un renforcement du rôle des parents d’élèves.

En plus de la vice-prĂ©sidence du CA, les parents d’élèves auront un rĂ´le plus important, ils auront leur mot Ă  dire dans toutes les dĂ©cisions importantes de l’établissement et mĂŞme dans le choix des enseignants. Ainsi dans le programme de François Fillon, il est Ă©crit qu’il faudra :  

« Informer les reprĂ©sentants des parents du profil envisagĂ© pour le recrutement des nouveaux professeurs. Avant de publier le profil des postes qu’il souhaite pour son Ă©tablissement, le chef d’établissement recueille l’avis des dĂ©lĂ©guĂ©s des parents Â»

« Prendre l’avis des parents dans toute Ă©valuation portant sur le fonctionnement d’un Ă©tablissement scolaire Â».

 

B. LES "SOLUTIONS" PROPOSÉES PAR FRANÇOIS FILLON

1. L’avenir de l’éducation nationale est ... dans le privé

En homme politique de droite, F. Fillon souhaite renforcer le financement de l’enseignement privĂ© :

« Les parents doivent avoir une vraie libertĂ© de choisir de confier leur enfant Ă  l’enseignement public ou Ă  l’école privĂ©e ; Ă  cet Ă©gard, il sera sans doute nĂ©cessaire d’assouplir la règle limitant Ă  20% le financement de l’enseignement privĂ© sous contrat par l’Etat Â». 

Autant d’argent qui sera retiré aux établissements publics.

2. Une logique de sĂ©lection Ă  la fin du collège : le brevet devient un examen d’entrĂ©e pour le lycĂ©e  

Le brevet atteste le socle acquis dans la pĂ©riode de scolaritĂ© obligatoire. Il ne comprend que trois Ă©preuves dont une Ă©preuve de français qui comporte notamment une dictĂ©e de trente lignes destinĂ©e Ă  vĂ©rifier la maĂ®trise de l’orthographe. L’acquisition du brevet est nĂ©cessaire pour entrer au lycĂ©e.

En revanche, dans le programme du candidat Fillon, rien n’est proposé pour les élèves qui n’auront pas le niveau pour accéder au lycée, à part l’apprentissage comme voie de sortie.

 

3. Retour de l’autoritĂ©  et rĂ©ouverture des maisons de redressement

Pour complaire Ă  son Ă©lectorat le plus rĂ©actionnaire, M. Fillon propose toute une sĂ©rie de mesures dĂ©jĂ  mises en place sur le terrain :

 Â« Clarifier dans chaque Ă©tablissement les règles disciplinaires et prĂ©voir un système de sanctions. Â» Ce qui est dĂ©jĂ  le cas, tous les Ă©tablissements ont un règlement intĂ©rieur oĂą figurent les sanctions.

"Permettre aux chefs d’établissement d’exclure les élèves les plus perturbateurs". C’est encore prévu par les sanctions, mais il semblerait que dans les propositions de M. Fillon le conseil de discipline ne soit plus nécessaire.

Certaines sont franchement d’un autre temps que l’on espérait révolu.

S’il ne les nomme pas ainsi, M. Fillon ne propose rien de moins dans les faits que la rĂ©ouverture des maisons de redressement. Pour preuve cet extrait de son programme : « les confier (les Ă©lèves perturbateurs) Ă  des Ă©tablissements chargĂ©s de corriger leur comportement en mĂŞme temps que de les remettre sur la voie des apprentissages scolaires ... Â»

 

4.  Ă‰cole, collège, lycĂ©e gĂ©nĂ©ral et professionnel

Voici quelques-unes des propositions de M. Fillon :

Pour les Ă©coles :

 Â«Concentrer l’enseignement Ă©lĂ©mentaire sur le socle de connaissances (lecture, calcul, Ă©criture, grandes dates et grands personnages de l’histoire de la Nation, gĂ©ographie de la France et des rĂ©gions) auquel les maĂ®tres devront consacrer les 3/4 du temps d’enseignement"

 "Commencer la scolaritĂ© obligatoire Ă  cinq ans (au lieu de six) de sorte que l’apprentissage de la lecture, avec des mĂ©thodes efficaces, dĂ©bute plus tĂ´t, pendant l’annĂ©e de grande section de l’école maternelle Â»

"Supprimer l’interdiction des devoirs après la classe"

Pour le collège :

"RĂ©tablir la note de vie scolaire"

Demander aux conseils d’administration (...) de se prononcer sur la tenue des Ă©lèves.  Nous retrouvons ici  comme dans le programme de l’extrĂŞme droite,  la question de l’uniforme.

« Permettre aux Ă©lèves une meilleure continuitĂ© avec le primaire en ne prĂ©voyant pas plus de 5 enseignants dans les deux premières annĂ©es de collège : par exemple, un seul professeur de sciences pourrait enseigner en 6e mathĂ©matiques, sciences de la vie et de la terre et technologie, un seul professeur pourrait enseigner le français et l’histoire-gĂ©ographie ou bien le français et une langue. Â»

"Abolir la notion de cycles et organiser en quatre ans, pour les disciplines stratégiques, une montée méthodique du niveau des connaissances."

"Allonger le temps scolaire réel jusqu’à la fin juin en organisant les examens du brevet en juillet."

Pour le lycée

"Permettre à chaque élève de première et de terminale de se concentrer davantage sur les matières dominantes de sa série (littéraire, économique, scientifique, technologique)"

"Revaloriser le baccalaurĂ©at en rĂ©duisant Ă  4 le nombre d’épreuves  (...) une Ă©preuve de français en première passĂ©e dĂ©but juillet et trois Ă©preuves en terminale portant sur les matières dominantes de la sĂ©rie"

"Allonger le temps scolaire en programmant les examens du baccalauréat en juillet".

 

Pour l’enseignement professionnel

"Confier aux régions toute la responsabilité de l’enseignement professionnel scolaire."

 "Autoriser les rĂ©gions Ă  dĂ©finir, pour les diplĂ´mes nationaux menant Ă  une insertion directe dans l’emploi des adaptations rĂ©gionales"

 

C) L’ANALYSE

Pour plaire Ă  son Ă©lectorat de droite, M. Fillon fait appel aux mĂŞmes vieilles recettes que l’on retrouve dans le programme tout aussi rĂ©actionnaire de l’extrĂŞme droite française :

Retour aux enseignements des fondamentaux, réaffirmation de l’autorité des enseignants, réintroduction de la méritocratie.

Si ces propositions peuvent paraĂ®tre lĂ©gitimes Ă  certains d’entre nous,  elles peinent Ă  masquer le vĂ©ritable dĂ©faut de programme de M. Fillon en matière d’éducation. Nous avons ici un homme politique qui a une approche idĂ©ologique et populiste de notre système Ă©ducatif, mais qui n’a vraiment aucune solution concrète Ă  proposer sur le terrain pĂ©dagogique.

Pour reprendre la métaphore informatique initiale du candidat Fillon, avec un programme pareil on ne va pas échanger notre PC actuel contre le dernier Apple à la mode, mais plutôt contre un vieil Amstrad à cassette poussif, que les plus vieux d’entre nous ont connu. Son efficacité est loin d’être garantie.

Le but de M. Fillon ne semble d’ailleurs pas l’intĂ©rĂŞt des Ă©lèves. On ne parle pas beaucoup d’eux dans son programme et toujours de manière nĂ©gative (rappel Ă  l’autoritĂ©,  leur inculquer le sens de l’effort, renvoyer les plus turbulents). Il s’agit surtout de faire des Ă©conomies en transformant brutalement notre système Ă©ducatif, pour qu’il devienne identique Ă  celui des pays anglo-saxons avec des Ă©tablissements privĂ©s de qualitĂ© et un enseignement public dont les carences budgĂ©taires ne permettent plus de faire face correctement Ă  ces missions.

M. Fillon n’est pas le candidat du changement mais du retour en arrière.

 
 
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