Dans
le cadre du plan interministériel de lutte contre le harcèlement, le
ministre de l’Éducation nationale a précisé l’organisation de la Journée nationale de lutte contre le harcèlement le
9 novembre. Il était prévu que deux heures soient banalisées pour tous
les élèves du CE2 à la terminale avec un travail spécifique sur ce
sujet, des ressources pédagogiques associées ainsi que des
questionnaires à destination des élèves afin de repérer de potentielles
victimes de harcèlement.
Objectif des questionnaires dits grilles d’auto-évaluation
Ces questionnaires ont pour objectif de repérer des situations de harcèlement.
Des
remontées visant à établir un baromètre concerneront des panels qui
n’excèderont pas une à deux classes par école ou établissement choisi.
Les personnels concernés devront directement mettre sous pli et envoyer
les questionnaires anonymes à la direction de l’évaluation, de la
prospective et de la performance (Depp) avec du matériel fourni.
Nous
souhaitions ces questionnaires anonymes, courts, efficaces, en
adéquation avec l’âge des élèves et leur vécu scolaire, avec des points
qui concernent aussi les harceleurs et sans remontée statistique.
Les consignes de passation
Elles donnent un cadre et les références des outils pédagogiques déjà disponibles sur le site du plan pHAre et le portail Non au harcèlement.
Nous
avons fortement insisté pour que les questionnaires soient soumis aux
élèves avant que la question du harcèlement soit définie, travaillée,
débattue et décortiquée pendant les deux heures banalisées. Nous ne
souhaitons pas que les résultats soient biaisés. Pour nous c’est une
garantie que les grilles soient les plus représentatives possibles de la
réalité.
Nous avons veillé aux points suivants :
- la cohérence premier et second degré ;
- la
prise en considération de l’ensemble des personnels mobilisables et
qu’ils soient tous invités à participer à ce premier temps symbolique et
fédérateur ;
- la
souplesse du cadre mis en place pour que chaque équipe s’y insère sur
la base de ce qu’elle est en capacité de mettre en œuvre.
Ces éléments devraient être complétés par une lettre du ministre aux personnels.
La communication aux familles
Les
parents doivent être informés de la passation des questionnaires par
une lettre du ministre aux parents. Ils pourront trouver les
questionnaires vierges sur Éduscol afin d’en discuter avec leurs enfants
à l’issue des travaux en milieu scolaire.
Ils seront eux-mêmes invités à remplir un flyer de
positionnement qui peut leur permettre d’évaluer le vécu de leur enfant
au regard des questions de harcèlement en milieu scolaire.
Nous
nous sommes fermement opposés à ce qu’une restitution chiffrée aux
familles soit obligatoire après la passation des questionnaires. Nous
avons insisté sur le fait que la plupart des personnels ne sont pas
encore formés à aborder ces questions épineuses et chargées
Ă©motionnellement avec les parents d’élèves. Nous avons rappelĂ© Ă
l’employeur que son rôle était aussi de protéger ses agents et au regard
du contexte actuel cette mise en difficulté n’était pas nécessaire.
Si
l’objectif de ce premier rendez-vous est de traiter les situations
scolaires en mettant en place des réponses pédagogiques, le temps des
parents peut être largement différé. Le SE-Unsa accompagnera tous les
personnels qui ne souhaiteront pas animer ce temps de restitution afin
que leur positionnement soit entendu et respecté.
La date ou les dates
Le
calendrier étant restreint en raison de l’actualité et des congés
scolaires, nous nous sommes positionnés pour que la date du 9 novembre
ne soit pas imposée à tous mais marque le début d’une période
potentiellement courte axée sur la lutte contre le harcèlement.
Cela
permettrait aux écoles, aux collèges et aux lycées de mieux se préparer
selon les contraintes qui leur sont propres sans dénaturer la valeur du
travail qui doit être engagé.
L’avis du SE-Unsa
Nous
avons mis en garde le ministère sur les aspects de la démarche qui
pourraient constituer des freins à l’appropriation du plan par le plus
grand nombre : remontées statistiques chronophages, restitution
obligatoire aux familles, contenus descendants imposés, questionnaires
décrochés de la réalité du vécu scolaire des élèves interrogés. Pour le
SE-Unsa, le cadrage ministériel doit permettre aux écoles, collèges et
lycées de construire leur propre projet en s’appuyant sur ce qui est
déjà en place dans leur établissement.
Le temps
dédié à l’évaluation de la vie scolaire de nos élèves sous l’angle du
harcèlement est la première marche d’un plan global voulu par le
ministère. Le SE-Unsa, force de proposition et de négociation, s’insère
pleinement dans le dialogue social qui permettra de réajuster
progressivement le plan afin qu’il réponde réellement à ses objectifs,
sans mettre en tension les équipes et en difficulté les collègues.
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