Déclaration Se-Unsa Groupe de travail 22 mars 2012

Monsieur le Directeur Académique des Services de l’Éducation Nationale

Le jeudi 1er mars, vous avez pris la décision de banaliser 20 des 26 postes d’animation éducative.
Vous avez justifié cette décision par la nécessité de fluidifier le mouvement, d’offrir un choix plus vaste au personnel des RASED dont le poste avait été supprimé.

Cette annonce a surpris notre organisation. Nous avons tenté ce jour là de nous y opposer en rappelant l’utilité de ce dispositif.
Depuis lors, nous avons reçu et recevons encore des dizaines de témoignages.
Ils nous viennent des associations, des élus, maires, conseillers généraux, députés.
Ils nous viennent des collègues des écoles concernées par la disparition d’un poste d’animation, des parents de ces écoles et bien évidemment des collègues concernés par cette mesure.

Ces réactions multiples nous montrent l’ampleur de l’émotion et l’incompréhension générée par la quasi disparition d’un dispositif tarnais qui faisait travailler pour le bien commun et pour une utilité sociale maximale, des associations d’éducation populaire et l’école.
La force des témoignages souvent pertinents, très soucieux toujours de l’intérêt général nous fait prendre conscience qu’au-delà de la perte d’un dispositif c’est un symbole auquel on a touché.

En effet chacun d’entre nous a partagé, partage un peu, beaucoup ou presque tout avec ces associations, une histoire  individuelle donc mais aussi pour toujours une histoire collective. Qui donc n’a pas fréquenté l’Ufolep, l’Usep, les centres de loisirs, les centres de vacances, les formations BAFA, BAFD, les ateliers, les clubs des MJC ?
C’est donc une part de nos identités, de nos valeurs que vous avez ébranlée en réduisant le dispositif.
Cette mesure technique faite dans un souci d’améliorer la fluidité se révèle être une mesure politique.
Ceci n’était pas votre intention nous le savons et nous avons toujours communiqué ainsi.
Lorsque l’on s’attaque à cela pourtant il y a un risque important de déstabilisation voir de désordre.

C’est au nom d’une vision d’une société éducative que le Se-Unsa vous a demandé le maintien de ces postes.
Le lien est ténu certes mais fondamental entre le monde éducatif et l’école qui constituent pour les enfants, les adolescents puis plus tard les adultes des repères de qualité dans un monde qui se cherche  Les collègues victimes de cette décision nous font partager leur sentiment d’abandon, de détresse dans la dignité souvent et quelquefois dans la colère.

Ces victimes collatérales souffrent toutes de ne pas voir leurs « œuvres », leur travail reconnu.

Les collègues s’inquiètent et s’indignent que les dispositifs qu’ils ont contribué à mettre en œuvre, à développer, à optimiser soient réduits à néant. Ils ressentent fortement le gâchis et éventuellement une forme de mépris.
Le Se-Unsa les a écoutés, reçus et nous ressentons vivement les manquements de l’Éducation Nationale à leur égard.

Au-delà des dispositifs, des ruptures, des hommes agissent avec conviction et détermination pour un monde meilleur.
L’Éducation Nationale n’a pas trouvé les mots, les actes pour leur dire merci
Nous mesurons les risques pris par ce type de gestion. Nous savons les dégâts que peuvent effectuer sur une population la non reconnaissance, l’abandon. Ce qui se passe ailleurs et que nous jugeons terrible se retrouve en nos murs et nous le déplorons.
En détruisant ce dispositif même de manière conjoncturelle, c’est bien plus que l’on a détruit, ce sont des hommes, des engagements.
Pour le Se-Unsa et en leur nom nous vous invitons à revenir immédiatement sur cette décision, vous Monsieur le Directeur Académique qui en avait seul le pouvoir.
Il ne peut être question de quart de mesure, de demi-mesure. Elles s’avéreraient injustes pour les autres, impossibles à justifier. Nous ne pouvons souhaiter cela.

Yves le Poëc