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La formation des prochains psychologues inflĂ©chira-t-elle le discours mĂ©dical trop prĂ©sent dans l’École ?
Article publié le mercredi 10 décembre 2014.
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Lors des rencontres avec les membres du cabinet du Ministère, il Ă©tait Ă©vident qu’il y avait un blocage Ă  autoriser l’accès au concours de recrutement des prochains psychologues de l’Éducation nationale, Ă  toutes les spĂ©cialitĂ©s du master de psychologie : beaucoup de rĂ©ticences concernant le master de clinique, psychopathologie et mĂŞme de la suspicion pour celui de psychopathologie psychanalytique. Le ministère a partiellement entendu nos arguments sur l’importance d’avoir des professionnels de spĂ©cialitĂ©s diverses. Toutefois, il maintient dans son projet de construction du corps unique, une recommandation pour le master Â« psychologie de l’éducation et de la formation Â», l’appuyant d’ailleurs par la dĂ©finition des spĂ©cialitĂ©s du concours qu’il prĂ©cise avec les termes suivants « Ă©ducation, dĂ©veloppement, apprentissages, orientation scolaire et professionnelle Â». Il ne serait pas sain que le MEN soutienne une approche des difficultĂ©s de l'enfant et de l’adolescent, comme Ă©tant seulement le rĂ©sultat d'un trouble organique, en excluant que les symptĂ´mes observĂ©s Ă  travers la difficultĂ© scolaire, puissent ĂŞtre aussi le signe d'une souffrance psychique. 

La souffrance psychique réduite à un trouble

En France, la pratique de la psychiatrie se distingue par sa dimension relationnelle plus importante qu’aux États-Unis, pays oĂą est nĂ© le DSM[1], outil diagnostic le plus utilisĂ© dans le monde. Sa 5ème rĂ©vision publiĂ©e en 2013 (DSM 5), est vivement critiquĂ©e par nombre de psychiatres et de psychologues français. En effet, le DSM 5 dĂ©contextualise considĂ©rablement les troubles observĂ©s en particulier chez l'enfant. Il Ă©vacue toute dimension causale et sert les intĂ©rĂŞts des laboratoires pharmaceutiques. On soigne la maladie, pas le malade. Il en rĂ©sulte que la souffrance psychique d'un enfant ou d'un adolescent est rĂ©duite Ă  l'Ă©noncĂ© d'un ou plusieurs troubles considĂ©rĂ©s sans preuve scientifique, comme dysfonctionnement cĂ©rĂ©bral. L'absence de prise en compte du contexte aboutit Ă  mĂ©dicaliser cet enfant, ce jeune, alors que son Ă©tat relève bien souvent d'une interaction pathogène avec les contextes familial, Ă©ducatif ou pĂ©dagogique voire avec les trois.

Le discours médical déjà dans la classe

En dix ans, le nombre d’élèves scolarisés en France et bénéficiant d’une reconnaissance de handicap a augmenté de 107%. Depuis la création des MDPH (qui utilisent le DSM) et la prise en compte de nouveaux troubles[2], des difficultés scolaires et des comportements infantiles (instabilité, manque d’attention, relations sociales non adaptées…) sont classés troubles mentaux, avec parfois attribution d’une AESH. Le recours souvent trop rapide aux MDPH, témoigne de l’angoisse excessive des enseignants face à un système où la mesure, les évaluations quantitatives prennent une place de plus en plus prégnante et culpabilisante (évaluations nationales, de circonscription, PISA…). Le danger est d’émettre des prophéties auto réalisatrices. De plus, la réponse médicale entraîne une déresponsabilisation des professionnels pour la prise en charge psychologique et pédagogique des enfants. D’ailleurs, dès les équipes éducatives puis lors des équipes de suivi, l’approche psychopathologique des symptômes, l’analyse pédagogique des aménagements proposés, ne sont souvent entendues que comme secondaires.

Des psychologues de toutes les spécialités

S’il n’est pas question de remettre en cause l’engagement des enseignants et leur bonne volontĂ©, il est inquiĂ©tant de constater que les responsables ministĂ©riels se satisfont de ce modèle mĂ©dical, au point qu’ils envisagent de privilĂ©gier certaines spĂ©cialitĂ©s en psychologie, par des contenus d’épreuves de concours spĂ©cifiques pour profiler les connaissances attendues des prochains psychologues de l’Éducation nationale. Pour inverser la tendance actuelle de la mĂ©dicalisation, le ministère doit dĂ©velopper une École bienveillante, prĂ©venante, dans laquelle les psychologues pourront recontextualiser le trouble et le symptĂ´me,  examiner les milieux de vie de l’enfant ou du jeune, au cours de temps de dialogue, d’écoute, d’observation, de partage des Ă©motions avec eux-mĂŞmes, leurs parents, leurs enseignants. Aucun champ de la psychologie ne peut ĂŞtre Ă©cartĂ©. Les psychologues doivent pouvoir se rĂ©fĂ©rer aux diffĂ©rents modèles clinique et psychanalytique,  cognitif et neuropsychologique, car l’enfant en dĂ©veloppement est un ĂŞtre en relation, pas un ĂŞtre neuronal !       



[1] Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders

[2] Troubles des apprentissages, trouble dĂ©ficitaire de l’attention/hyperactivitĂ©, troubles du comportement…

 

 

 
 
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