La laïcité, une notion connue mais qui ne fait pas consensus

89% des sondĂ©.es estiment comprendre la notion de laĂŻcitĂ©. Si 67% des jeunes interrogĂ©.es la voient comme un Ă©lĂ©ment positif de notre sociĂ©tĂ©, la dĂ©finir n’est pas si simple. Ainsi 29% estiment que c’est « mettre toutes les religions sur un pied d’égalitĂ© Â», 27% « assurer la libertĂ© de conscience des citoyens Â», 22% enfin « sĂ©parer les religions de la sphère politique et de l’ État». Nos jeunes compatriotes pensent Ă©galement qu’elle devrait Ă©voluer (Ă  64%) mais sans rĂ©el consensus lĂ  non plus. Ainsi 35% souhaitent plus de tolĂ©rance et 42% plus de fermetĂ© envers l’expression des idĂ©es religieuses. De mĂŞme, si 49% souhaiteraient plus de coopĂ©ration entre les cultes et les institutions publiques, 41% aimeraient plus de sĂ©paration entre les deux. On est donc loin d’un « wokisme Â» gĂ©nĂ©ralisĂ© comme voudrait le faire croire certain.es. D’ailleurs, 60% des sondĂ©.es pensent Ă©galement que la laĂŻcitĂ© est instrumentalisĂ©e par certains partis politiques ou mĂ©dias pour dĂ©nigrer les musulmans.

La religion n’est pas une de leur priorité

Le panel se dĂ©clare sans religion Ă  52%, Ă  18% catholique et Ă  12% musulman. Pour 2/3 des personnes interrogĂ©es, la religion a d’ailleurs une place peu importante voire nulle dans leur vie. Parmi le tiers qui estime qu’elle a une place importante, on constate  une sureprĂ©sentation des musulmans et une forte prĂ©sence des catholiques. Il est Ă  noter toutefois qu’il n’y a pas d’avis franc qui se dĂ©tache des rĂ©ponses concernant la place actuelle de la religion dans la sociĂ©tĂ© : 43% pensent qu’elle recule et 37% qu’elle se renforce. La majoritĂ© souhaitant malgrĂ© tout qu’elle continue Ă  ne pas occuper une place importante dans notre pays.

La connaissance du fait religieux hors de nos frontières n’est pas une inconnue pour les jeunes : la moitiĂ© estime en avoir une bonne perception, en particulier celles et ceux qui sont bien inscrit.es dans la mondialisation (qui ont vĂ©cu Ă  l’étranger, ont au moins un parent Ă©tranger etc.). Peut-ĂŞtre une des raisons pour lesquelles l’interdiction des ports de signes religieux ostensibles en France passe mal auprès de certains d’eux. 44% sont favorables Ă  la libertĂ© d’en porter y compris pour les Ă©lèves dans les lycĂ©es publics comme en Grande-Bretagne par exemple. Il est donc essentiel de faire mieux comprendre aux plus jeunes ce qu’est la laĂŻcitĂ© : un moyen d’émancipation pour toutes et tous.

Une jeunesse plutĂ´t ouverte

Concernant les critiques formulées par certains partis politiques ou médias sur les risques que ferait peser la religion sur la France notamment sur la disparition de l’identité française, les sondé.es estiment à presque 50% que l’identité française se réinvente sans cesse. De même, le panel estime à 38% que l’impact des immigré.es sur le développement de la France est positif (contre 26% qui le jugent négatif). Enfin même si 43% disent croire en Dieu, ils se pensent avant tout comme citoyen.ne français.e (68%), ne faisant pas passer la religion au-dessus de la loi. Enfin, la majorité se sent à l’aise dans un monde aux frontières ouvertes (63%), se considérant même pour 44% des sondé.es être aussi citoyen.nes du monde. Ceci peut donc nous donner un bel espoir pour l’avenir !

Cette Ă©tude montre donc bien que loin des clichĂ©s qui dessinent une jeunesse tantĂ´t très conservatrice, tantĂ´t  très Ă  cheval sur tout ce qui viendrait brider la libertĂ© individuelle, la rĂ©alitĂ© est plus nuancĂ©e. Elle a Ă©tĂ© faite, il est vrai, en coopĂ©ration avec deux chercheurs spĂ©cialistes de la laĂŻcitĂ©, Charles Mercier et Philippe Portier, ce qui la diffĂ©rencie de sondages parfois trop sensationnels sur ce sujet. 

L’UNSA Education rappelle que la laïcité ne peut se résumer à une série d’interdits mais au contraire à des règles communes pour nous permettre de (bien) vivre ensemble, ce que nos jeunes compatriotes semblent avoir compris.

Lien vers l’étude