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Drame de Nanterre : Pour arrêter ces répétitions mortifères, il est urgent de comprendre et d’agir !
Article publié le mercredi 5 juillet 2023.
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Le drame qui s’est produit à Nanterre le 27 juin et qui a coûté la vie à Nahel, jeune homme de 17 ans, est profondément choquant. Le Se-Unsa s’associe à la peine de sa famille et de ses proches.

 

Le parquet de Nanterre, en demandant le placement en détention provisoire du policier auteur du coup de feu mortel, montre combien il est à considérer que les conditions légales de l’usage de l’arme à feu n’étaient pas réunies.

Si nous ne pouvons qu’approuver cette preuve de discernement et de diligence de la justice, cette décision ne doit pas pour autant masquer la fracture entre les forces de l’ordre et une partie de plus en plus grande de la population. En ce sens, il apparaît indispensable qu’une réflexion s’engage rapidement et sereinement afin de trouver à apaiser les relations entre la police et la population.

Les effets particulièrement délétères de la loi de sécurité publique de 2017, ouvrant la voie à l’utilisation facilitée de certaines armes à feu par les forces de l’ordre doivent être considérés à la hauteur du nombre de blessés, de décès injustes et injustifiés en recrudescence, et toutes les conséquences tirées afin de modifier voire supprimer cette loi.

Si nous ne pouvons pas nier les conditions de travail particulièrement anxiogènes des forces de l’ordre, il devient indispensable que soit mis en place un travail conséquent et continu de formation, avec un renforcement de la prévention via une police de proximité.
Il faut rétablir un lien de confiance et de respect mutuel entre la police et la population.

Ce travail seul ne suffira pas. Si nous condamnons fermement les actes d’atteintes à la personne, de destruction du bien public et du bien d’autrui, il nous faut aussi entendre et comprendre les raisons qui poussent cette jeunesse à de tels actes. Une jeunesse bien souvent ghettoisée, stigmatisée, immobilisée dans des quartiers « difficiles Â» qui par ces actes transgressifs et répréhensibles souhaite être considérée. Elle veut bénéficier des mêmes chances d’épanouissement, de sens, d’ascension sociale qu’une jeunesse née dans des quartiers plus « faciles Â».

Depuis 40 ans les révoltes urbaines surviennent après qu’un jeune soit tué ou gravement blessé par la police. Si cela est le facteur déclencheur, il ne faut pas passer sous silence la cause structurelle profonde de telles révoltes : un sentiment d’injustice sociale de plus en plus fort.

Il serait faux et malvenu de considérer que rien n’a été fait par les pouvoirs publiques pour ces quartiers dit ‘difficiles’. Mais depuis 40 ans, ce qui est fait est insuffisant pour améliorer la qualité de vie. Et cette insuffisance se traduit par un manque, une dégradation, voire une absence totale de mixité sociale et culturelle, une mobilité réduite à peau de chagrin.

Dans ces quartiers, le plus souvent, les habitants sont pauvres, précaires, et sont immigrés ou issus des immigrations successives. Ceux qui en sortent, sont remplacés bien souvent par des habitants encore plus pauvres, et venant d’encore plus loin.

Force est de constater, via les Indices de Position Sociale des établissements scolaires, combien il y a un manque crucial de mixité dans ces quartiers et combien cela freine la réussite de ces élèves (cf. Cenesco, ‘Inégalités sociales et migratoires à l’école’).

En résumé, si le bâti s’améliore un peu, le social se dégrade. Le phénomène de ghettoïsation s’accroit avec un clivage de plus en plus fort entre ces quartiers et le reste de la société. Ce qui se traduit par le renforcement d’un entre soi des deux côtés, avec pour corollaire, de plus en plus d’incompréhension, de défiance et de peur.

Ainsi, et malgré des moyens publics mis en œuvre, cette jeunesse se sent hors de la société, non reconnue et non incluse, en raison de ses origines, de sa culture, de sa religion mais surtout de son lieu de résidence. Elle se sent stigmatisée, mise à la marge de la société, en conflit à bas bruit permanent avec les forces de l’ordre, prêt à éclater sous forme de révoltes urbaines dès qu’un jeune est grièvement blessé ou tué.

Pour arrêter ces répétitions mortifères, il est urgent d’agir, d’avoir une politique de la ville globale qui fasse toute sa place à la mixité et à la mobilité afin d’éviter la chronicisation d’un entre soi. Il faut diminuer les processus de ghettoïsation et freiner les politiques de la peur sur laquelle surfe l’extrême droite.

Pour relever ce défi de société, l’Education Nationale doit pleinement assumer sa mission, et ne pas se dérober à ses propres responsabilités.

 

Pour faire cesser ce cycle mortifère, délétère pour toute la société,
il est urgent d’agir pour une justice sociale,
pour u
ne véritable mixité socio-culturelle et une égalité réelle.

 

Barbara Fiorini-Bekali
Pour le SE-Unsa 13

 

 
 
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