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Fonction Pubique : affaiblir n’est pas moderniser
Article publié le mercredi 24 avril 2019.
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Tribune : Affaiblir n’est pas moderniser

samedi 30 mars 2019

Une tribune signée par Luc Farré, Secrétaire Général de l’UNSA Fonction Publique, publiée par Libération sur le projet de loi de transformation de la fonction publique du gouvernement.

Le gou­ver­ne­ment a dĂ©cidĂ©, contre l’avis una­nime des orga­ni­sa­tions syn­di­ca­les repré­sen­ta­ti­ves, de main­te­nir un projet de loi pour « trans­for­mer la Fonction publi­que Â». Il aura rĂ©ussi Ă  tenir une cin­quan­taine de rĂ©u­nions dites de concer­ta­tion avec les repré­sen­tants des per­son­nels … sans les Ă©couter. En effet le contenu de son texte, dĂ©voilĂ© le 13 fĂ©vrier 2019, n’a pas bougĂ© par rap­port Ă  son projet ini­tial.

Mais peut-ĂŞtre pour­rait-on passer sur la forme s’il s’agis­sait de rĂ©pon­dre Ă  nos conci­toyens qui, se sen­tant aban­don­nĂ©s par la puis­sance publi­que, ont fait remon­ter, dans le « Grand DĂ©bat Â», leur ras-le-bol d’être dĂ©mu­nis des ser­vi­ces publics pour les­quels ils paient l’impĂ´t ? Vous n’y ĂŞtes pas. Ce projet de loi, censĂ© « refon­der le contrat social avec les agents publics Â», emporte une res­tric­tion des droits des agents et vise une contrac­tion de la Fonction publi­que. Les 120 000 sup­pres­sions annon­cĂ©es de postes en sont l’expres­sion.

En fait de « refon­da­tion Â», ce projet acte plutĂ´t, pour l’UNSA, une rup­ture du contrat social car les condi­tions de recru­te­ment, d’emploi et de car­rière seront bou­le­ver­sĂ©es sous pré­texte de « moder­ni­sa­tion Â». Modernisation ? Pourtant, la Fonction publi­que, depuis qu’elle existe, n’a cessĂ© de s’adap­ter aux Ă©volutions socié­ta­les. Trente-cinq rĂ©for­mes pré­cè­dent ce projet !

En vérité, le gou­ver­ne­ment fait des choix idéo­lo­gi­ques. Il sti­pule qu’en trans­po­sant des dis­po­si­tifs issus du sec­teur privé dans la Fonction publi­que, celle-ci va s’amé­lio­rer. Rien n’est moins sûr car l’inflé­chis­se­ment des droits des agents et l’exter­na­li­sa­tion des mis­sions de ser­vice public peu­vent conduire à la dégra­da­tion du ser­vice rendu aux usa­gers.

On peut ainsi s’inter­ro­ger sur la per­ti­nence d’impor­ter la rup­ture conven­tion­nelle dans la fonc­tion publi­que comme le fait le projet de loi. L’orga­ni­ser pour des contrac­tuels et des fonc­tion­nai­res sans mettre en place de garan­ties est un danger. Sans l’homo­lo­ga­tion de cette conven­tion, sans le recours à l’ins­pec­tion du tra­vail, sans la jus­tice prud’homale et en inter­di­sant un retour dans la fonc­tion publi­que sous peine de perdre l’indem­nité liée à la rup­ture conven­tion­nelle, cela peut ava­li­ser une forme de licen­cie­ment déguisé.

Je pour­rais aussi Ă©voquer le risque que cette mesure puisse aggra­ver le har­cè­le­ment dans la Fonction publi­que. Car qui pro­tè­gera l’agent en cas de refus de quit­ter la fonc­tion publi­que sur pres­sion de son employeur ? La jus­tice admi­nis­tra­tive ? Elle a des dĂ©lais très longs, peu com­pa­ti­bles avec la rĂ©a­litĂ© des situa­tions. L’UNSA pro­pose au moins la mise en place d’un conseiller syn­di­cal pour accom­pa­gner l’agent tout au long de ce pĂ©rilleux pro­ces­sus.

Oui, la ques­tion de la mobi­litĂ© dans et hors de la Fonction publi­que mĂ©ri­te­rait d’être trai­tĂ©e. L’amé­lio­ra­tion de la for­ma­tion conti­nue et la mise en place de sou­tiens seraient des pistes bien plus fruc­tueu­ses : voilĂ  qui serait une vĂ©ri­ta­ble moder­ni­sa­tion de la fonc­tion publi­que.

Autre forme, prĂ©vue par le projet de loi, de rup­ture du contrat social qui lie l’agent Ă  son employeur public : obli­ger un agent public Ă  suivre son poste en cas de pri­va­ti­sa­tion, sans lui lais­ser le choix de rester dans la Fonction publi­que. Je ne connais pas d’entre­pri­ses pri­vĂ©es phi­lan­thro­pi­ques. La ren­ta­bi­litĂ© Ă©conomique et la dĂ©fense des inté­rĂŞts par­ti­cu­liers les rĂ©gis­sent. Pourquoi ne pas lais­ser le droit d’option Ă  des agents publics qui, ini­tia­le­ment, avaient choisi pro­fes­sion­nel­le­ment le ser­vice de l’inté­rĂŞt gĂ©né­ral et de tous les usa­gers ?

Je m’inter­roge tou­jours : en quoi remet­tre en cause les ins­tan­ces repré­sen­ta­ti­ves des per­son­nels et affai­blir la pro­tec­tion des agents est-il « moderne Â» ?
Pourtant, le gou­ver­ne­ment veut sup­pri­mer les Comités d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail en les fusion­nant avec les Comités Techniques pour créer une ins­tance unique de dia­lo­gue social. Cela vou­drait dire que, demain, l’impact des restruc­tu­ra­tions sur la santé des agents ne serait plus évalué dans une ins­tance spé­cia­li­sée.

C’est un « copier coller Â» de ce qu’il a fait dans le sec­teur privĂ© avec les ordon­nan­ces Travail... alors mĂŞme que les pre­miè­res Ă©valuations des effets de ces der­niè­res en sou­li­gnent les effets per­vers.

Or, le projet de loi ne s’arrĂŞte pas lĂ . Vous ĂŞtes-vous inter­rogĂ©-e sur ce qui permet cette prouesse qui s’appelle la conti­nuitĂ© du ser­vice sur l’ensem­ble du ter­ri­toire ? Elle abou­tit, par exem­ple, Ă  ce qu’à chaque ren­trĂ©e sco­laire, il y ait bien par­tout un ensei­gnant face Ă  une classe ou encore que, dans tout com­mis­sa­riat de quar­tier, vous trou­viez des poli­ciers en poste ? Elle est liĂ©e Ă  un dis­po­si­tif rodĂ© qui rĂ©pond aux aspi­ra­tions des agents et Ă  l’inté­rĂŞt du ser­vice public : les Commissions Administratives Paritaires.

Actuellement, ces com­mis­sions sont consul­tĂ©es sur de nom­breux actes de la vie pro­fes­sion­nelle des agents. Elles garan­tis­sent l’équitĂ© des rĂ©pon­ses appor­tĂ©es Ă  chacun ou encore leur indé­pen­dance en les pro­té­geant des pres­sions. Le gou­ver­ne­ment sou­haite leur reti­rer leurs com­pé­ten­ces, pri­vant ainsi les agents publics de trans­pa­rence, d’équitĂ© et de pro­tec­tion face Ă  l’arbi­traire. Le projet de loi va opa­ci­fier la ges­tion des per­son­nels, tout en pre­nant le risque de rompre la conti­nuitĂ© du ser­vice sur le ter­ri­toire et de dĂ©sor­ga­ni­ser les ser­vi­ces publics.

L’UNSA s’oppose donc au contenu de ce projet de loi et veut agir pour que le gou­ver­ne­ment le revoie, s’inves­tisse dans un véri­ta­ble dia­lo­gue social en négo­ciant avec la volonté d’abou­tir, comme il a su le faire sur l’égalité pro­fes­sion­nelle dans la fonc­tion publi­que.

 

Luc Farré
Secrétaire Général de l’UNSA Fonction publi­que

 

 

 
 
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