Ă€ peine nommĂ©e comme ministre de l’Éducation nationale, de la jeunesse, des sports et des jeux olympiques et paralympiques, AmĂ©lie OudĂ©a-CastĂ©ra a tenu des propos qui ont conduit Ă  une colère lĂ©gitime, non seulement de l’ensemble de la communautĂ© Ă©ducative, mais aussi d’associations de parents d’élèves. L’ensemble des propos, voire des mensonges, que la ministre a pu produire pour tenter de justifier son choix d’avoir mis ses enfants dans une Ă©cole privĂ©e ont Ă©tĂ© au mieux maladroits mais plus sĂ»rement insultants. On sait dĂ©sormais que les « paquets d’heures qui n’étaient pas sĂ©rieusement remplacĂ©es Â» dans l’école publique oĂą Ă©tait initialement son fils est un mensonge profĂ©rĂ© par la ministre. Autre justification, qui lĂ  insulte tout Ă  la fois l’école publique et les parents d’élèves : c’est pour s’assurer que ses enfants seraient « heureux Â», « bien formĂ©s Â», « en sĂ©curitĂ© Â» et entourĂ©s « d’amis Â» que la ministre prĂ©fĂ©ra l’école privĂ©e Stanislas. Sous entendu, les parents qui laissent leurs enfants dans une Ă©cole publique et laĂŻque souhaiteraient le contraire pour leurs propres progĂ©nitures tant les conditions d’études y sont mauvaises et les personnels pas sĂ©rieux. 

Elle a depuis reconnu qu’elle avait pu blesser et s’est excusĂ©e pour ces propos. Mais le fond du sujet est peut-ĂŞtre ailleurs. 

Pourquoi la ministre ne dit pas la stricte vĂ©ritĂ© sur ce qui a motivĂ© son choix pour la scolaritĂ© de ses enfants ? Parce que celle-ci est finalement pire que les inepties qu’elle a prononcĂ©es jusqu’à prĂ©sent. Ce que la ministre refuse de dire, c’est qu’elle ne veut pas que ses enfants soient avec d’autres qui ne sont pas du mĂŞme milieu, de la mĂŞme caste. Parce que c’est bien de cela dont il s’agit : la prĂ©servation de l’entre-soi des milieux huppĂ©s et bourgeois, ici parisiens. En effet, Stanislas n’est pas n’importe quelle Ă©cole privĂ©e. Cette Ă©cole, dirigĂ©e par un AbbĂ© jusqu’en 1995, a vu s’asseoir sur ses bancs, entre autres, Francis et Martin Bouygues, Carlos Ghosn, François-Henry Pinault, Pierre-Emmanuel Taittinger ou du cĂ´tĂ© des personnalitĂ©s politiques, le GĂ©nĂ©ral De Gaulle, Jean-Michel Blanquer, François Baroin… Ă€ moins d’un kilomètre de l’école Stanislas se trouve Ă©galement l’école Alsacienne oĂą ont Ă©tĂ© Ă©lèves Gabriel Attal, Thierry Breton, Agnès Buzyn, Guillaume Pepy, Michel Rocard, Stanislas Guerini… Ces deux Ă©tablissements sont le symbole d’un entre-soi cultivĂ© par une certaine bourgeoisie parisienne ; entre-soi qui a motivĂ© l’actuelle ministre de l’Éducation nationale pour ses propres enfants. 

Il y a chez ces personnes, un refus de mixitĂ© et une volontĂ© de sĂ©paratisme social difficilement compatible avec des responsabilitĂ©s politiques, particulièrement quand celles-ci sont en lien avec l’éducation publique et laĂŻque de notre Nation. Ă€ la ministre OudĂ©a-CastĂ©ra de nous contredire et de s’attaquer Ă  ce sĂ©paratisme scolaire en rĂ©gulant les Ă©tablissements privĂ©s et en redonnant enfin les moyens Ă  l’École publique d’exercer ses missions et d’œuvrer Ă  l’unitĂ© de notre Nation. 

C’est en ce sens que l’UNSA Éducation va agir pour le respect de l’École publique et de ses personnels, agir pour la mixité sociale et scolaire et réduire les inégalités.