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SE-UNSA 86


 Par SE-UNSA 086
 Le  mercredi 18 décembre 2019

Compte rendu du groupe départemental de consultation et de suivi Direction d’école.

 

Le groupe de suivi départemental Direction d’école s’est tenu le mercredi 11 décembre au rectorat, conformément aux engagements du ministère. Il a fait suite aux échanges entre IEN et directeurs volontaires organisés en circonscription. Il s’est tenu en présence de Mme la Rectrice, de sa directrice de cabinet, du Dasen, de l’IENA, du secrétaire général adjoint, de 2 IEN (Mme Turi et M. Paquet), de 7 directeurs-directrices et de 4 représentants des organisations syndicales (FO, FSU, SNALC, Unsa-Education).

Les inspecteurs-trices avaient été invités à « cibler » dans leur circonscription un(e) directeur-trice de façon à constituer un groupe représentatif des différentes réalités du département (maternelle, élémentaire, rural, REP+, classe unique, décharge totale…). Etaient représentées les écoles de Chatellerault Lakanal Littré, Jaunay Marigny Paul Eluard, Nalliers, Ouzilly, Coulombiers, Poitiers Neruda et Fontaine le Comte maternelle.

Mme la Rectrice a ouvert la réunion en réaffirmant le souhait du ministère de vouloir écouter les directeurs. Elle s’est déclarée engagée pour la réussite et le bien-être des personnels, garants de la réussite des élèves.

Les échanges se sont articulés autour de trois thématiques principales : les tâches administratives, le pilotage pédagogique de l’école et les relations avec les partenaires.

Les directeurs-trices présents ont sans surprise fait part de leur ressenti inquiétant. Les tâches administratives prennent beaucoup de temps et empêchent de se consacrer à la mission première de pilotage. On le savait déjà mais tous ont relevé la lourdeur et la chronophagie engendrées. L’apparition de missions relativement récentes liées à la sécurité ou à la santé (PPMS, PAI…) a également fait l’objet d’échanges. Les directeurs-trices ont exprimé leur manque de formation et leur solitude face à des tâches complexes, mal protocolisées et anxiogènes. La multiplication des interlocuteurs et des réunions est mal vécue et contrarie souvent le respect des agendas. Les applications sur l’Intranet se sont beaucoup développées (ONDE, Affelnet, Intervenant1D, Déclaration Evénement, Vigipirate, Voyages-sorties, Evacuation PPMS, DUER…) sans toujours répondre aux besoins et sans alléger ou simplifier les tâches. L’accumulation des missions, souvent à réaliser dans l’urgence ou en doublon (ONDE/registre matricule) au détriment de la gestion quotidienne (voire de la classe), amène de la frustration et de la culpabilité. De même, la présence exponentielle d’élèves en situation de handicap, à besoins particuliers, à profil, à comportement perturbateur… conduit à une chronophagie importante et à des tensions parfois difficiles à gérer au sein des équipes. Le manque de formation continue, en particulier sur les aspects réglementaire et judiciaire, a été dénoncé : les directeurs-trices ne sont pas accompagné(e)s et peuvent, de bonne foi, commettre des erreurs ou des fautes engageantes.

De manière générale, il a été fait part d’une grande solitude face aux missions, quel que soit le profil d’école. L’attachement à la fonction reste néanmoins fort car les directeurs-trices sont reconnu(e)s par leurs collègues, les usagers de l’école et les partenaires. La question du statut de l’école (et concomitamment de celui du directeur) a été évoquée. Aujourd’hui, l’école n’a pas de statut défini ; elle n’est qu’un ensemble de bâtiments municipaux mis à disposition de l’État qui y positionne ses agents. Rien de plus. Il n’y a pas de notion d’établissement, peu d’autonomie alors que les directeurs-trices sont les « clés de voûte » et les « courroies de transmission » du système.

Mme la Rectrice et le Dasen ont apporté un certain nombre de réponses ou de pistes aux remarques et doléances formulées. En terme de formation, des temps spécifiques Direction d’école pourraient être dégagés dans les animations pédagogiques, des fiches outils seraient proposées sur des thèmes ciblés, des « webinaires » développés (formation à distance) ainsi que des padlets de circonscription et un fil d’infos Direction. Par ailleurs, un tableau de bord administratif commun pourrait être mis en place pour simplifier, partager et fluidifier les informations.

Le Dasen a fait la proposition de réfléchir à la création d’un poste de « DVS » (Directeur Vie Scolaire) sur le modèle du PVS (Proviseur Vie Scolaire) du 2nd degré. Ce personnel, pair parmi les pairs, aurait pour mission d’être l’interlocuteur des directeurs-trices, d’assurer une liaison permanente avec le service juridique du Rectorat et de répondre aux situations et aux interpellations.

Le Dasen a également indiqué que selon lui « il y a trop de directeurs dans le département » et qu’il faut repenser le maillage des écoles et l’offre éducative dans les territoires.

Enfin, la Rectrice a assuré que les directeurs-trices qui commettraient de bonne foi des fautes seraient toujours soutenu(e)s et protégé(e)s par l’administration.

L’avis de l’Unsa-Education

Ce groupe de suivi s’est déroulé dans la bienveillance, l’écoute et la liberté d’expression. Si on ne peut évidemment que souligner la volonté d’entendre les directeurs-trices, nous restons vigilants et attentifs. Rien de concret n’a été acté. Les pistes dégagées en terme de formation innovante (webinaire, fil d’infos…) pourraient être intéressantes mais ne sauraient répondre à toutes les problématiques de terrain. Il ne faudrait pas confondre formation et information… Les directeurs ont avant tout besoin de temps et d’appui. Or, la question des décharges n’a été que très peu abordée, pas plus que celle des aides administratives...ou encore celle de la rémunération.

L’idée de créer un poste de Directeur Vie Scolaire va dans le sens d’une action concrète. Ce référent-directeur pourrait être une réponse appropriée à l’isolement et au désarroi face à certaines situations. Positionné au Rectorat, il pourrait interpeller rapidement les services et la hiérarchie, notamment dans la gestion de crises. Pour autant, qui financerait ce poste et quand pourrait-il voir le jour ? La question reste posée.

Pour l’Unsa-Education, la structuration de l’école doit évoluer. Face à l’absence de statut juridique de l’école primaire, il faut construire un statut d’établissement spécifique dans lequel les responsabilités seraient clairement identifiées. La création d’une fonction de directeur d’établissement en découlerait, avec un temps de décharge revu à la hausse, une aide administrative formée et pérenne, une formation continue régulière et une reconnaissance financière (augmentations de la BI et de l’ISS). Pour autant, nous le répétons, cette transformation nécessaire de l’école ne doit pas se faire à marche forcée et de façon uniforme. Nous prônons l’expérimentation, sur la base du volontariat conjoint des équipes et des collectivités. Beaucoup de collègues y sont prêts et n’y voient pas de risque, de contrainte ou de dérive. Au contraire, le positionnement du directeur en interlocuteur reconnu, au sein d’un établissement public d’enseignement du 1er degré, structurerait les écoles et poserait un cadre qui fait défaut, sans nier le collectif de travail ou la nature même de l’école.

Nous restons un peu circonspects sur la volonté exprimée par Mme la Rectrice d’aller dans le sens d’« un renforcement du sentiment d’efficacité des directeurs ». Que faut-il comprendre ici ? Les directeurs seraient efficaces sans le savoir ? Ils vont le devenir grâce aux outils proposés ? En ayant l’impression d’être efficace, ils iront mieux ?... Pas certain qu’un « renforcement de sentiment » ne se décrète ou ne s’oriente si facilement. Pas certain non plus que se joue ici l’essentiel.

Enfin, et alors que ces groupes de suivi départementaux ont vocation à se réunir régulièrement, il n’a été fait état d’aucun calendrier. L’Unsa-Education interpellera l’administration sur ce point et va s’efforcer de ne pas avoir le sentiment que cet oubli puisse être interprété…

 

Pour l’Unsa-Education

Stéphane BOCQUIER