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CDEN 28/11/22
Article publié le lundi 28 novembre 2022.
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CDEN du 28/11/22


Monsieur le Préfet,
Monsieur le directeur académique,
Mesdames et messieurs les membres du CDEN,


L’Unsa éducation avait déjà abordé ces sujets lors de différentes instances, nous avons également demandé une audience à Monsieur le Préfet, restée pour l’heure sans réponse, mais notre opiniâtreté nous oblige à les remettre au premier plan : vie chère, mixité sociale, mal être au travail, manque de remplaçants, manque de moyen pour la direction d’école.


Nous vous avions déjà présenté le bilan de notre enquête sur la vie chère. Depuis, notre pétition pour obtenir une compensation financière au coût de la vie en Haute-Savoie, que nous vous remettrons en fin de séance, a récolté près de 1500 signatures en 10 jours seulement. La presse s’est emparée, largement, de notre action et nos collègues ont écrit, en nombre, aux élus. Le besoin est prégnant, urgent, mais le bilan des réponses décevant. Il s’agit pourtant de la première cause du manque d’attractivité de notre département. On sent qu’aucun élu ne s’opposera frontalement à une augmentation du niveau de vie de ses administrés. Qui oserait ? Quand l'une de nos élues nous parle du Ségur de la santé, une autre du besoin de policiers. Est-ce oublier que nous dépendons du Ministère de l'Éducation nationale et non de la santé ou de l’intérieur !?. D’autres disent vouloir déposer des amendements, mais la tiédeur de leur espoir de les voir aboutir est palpable. Une lueur d'espoir apparaît lorsqu'un député nous écrit avoir sollicité " une rencontre avec le Ministre, M. Stanislas Guérini, afin d'aborder la situation spécifique de la Haute-Savoie, pour arriver rapidement à des propositions concrètes (rémunération, logement, attractivité et formation en général).


Cependant, nous ne sommes pas dupes, nous ne nous contenterons pas de promesses et nous jugerons sur pièces. Il est en tout cas impossible et inacceptable pour le SE-Unsa qu’une quelconque dégradation des conditions de travail apparaisse dans la négociation salariale. Les collègues sont à bouts, leur en demander plus serait un affront de plus.


L’Unsa éducation à d’ores et déjà contacté le Ministère au sujet de la situation haut-savoyarde. Nous vous sollicitons M. le Préfet afin d’intercéder en faveur des fonctionnaires de votre département et de faire remonter l’état des lieux local. Nous profiterons de l’audience que vous nous accorderez pour développer les chiffres prouvant la paupérisation de notre profession. Niveau de vie moyen bien éloigné du niveau de vie moyen des membres de l’éducation nationale, coût exorbitant du loyer. À titre d’exemple, il faut prévoir 970 euros par mois en moyenne pour un deux pièces à Annecy ou Annemasse, il faudrait donc gagner au minimum 2910 euros par mois pour espérer se loger avec un enfant. Comment faire pour un parent isolé qui ne gagne que 2200 euros environ par mois au bout de 15 ans de service ?
Dans le Genevois français, les 10% les plus riches ont un revenu 6.2 fois supérieur au 10% les plus pauvres. Où est passé l’idéal de l’égalité dans notre département ? Et ce n’est pas l’école qui va compenser cette inégalité. Notre étude des Indices de Position Sociale est alarmante. La mixité sociale disparaît des écoles ou collèges et laisse place à la ségrégation scolaire. Les plus aisés se regroupent, les plus pauvres sont, de fait, regroupés. L’entre-soi est de mise et favorisé par la possibilité offerte aux établissements privés de choisir leurs élèves.


Dans notre département, la différence entre l’école à l’IPS le plus bas (école publique) et celle à l’IPS le plus haut (école privée) est de 77 points soit une variation de 225% en faveur du privé. Entre les IPS les plus bas publics /privés, la différence est de 17.9 points soit une variation de 26.7% en faveur du privé. Sur une commune, les différences sont généralement en faveur du privé (Annecy 27.7 points d’écart entre l’école au plus faible IPS public et celle au plus faible IPS privé, St Julien 32.3 points ; Cluses 36.3 points)
Le rôle central de l’enseignement privé dans la ségrégation scolaire est un secret de polichinelle, dont tous les acteurs du système éducatif ont parfaitement conscience. Désormais, la publication des indices de position sociale vient objectiver cette situation et le constat est sans appel : l’enseignement privé concentre les élèves issus des milieux favorisés. C’est peut-être la principale raison de son existence.
Or, c’est l’argent public qui le finance à hauteur de 73 % ; à cela s’ajoute le manque à gagner fiscal lié à des dons défiscalisés à des fondations qui n’alimentent que des établissements privés. La question de leur reconnaissance d’utilité publique est posée. À plusieurs reprises, le SE-Unsa a demandé à la Cour des comptes d’évaluer le montant global de la politique de financement public de l’enseignement privé. Sans réponse.
Le schéma est le même pour l’association sportive des établissement catholique, UGCEL, financée par des subvention publique alors qu’elle ne s’adresse pas à tous les élèves, qu’elle est contrôlé par les évêques et qui refuse, en Haute-Savoie, le mélange avec l’UNSS.
Pour le Cnal et le SE-Unsa, mélanger les enfants et les adolescents, quelle que soit leur origine sociale est une condition essentielle de la réussite scolaire de tous. Ce serait aussi favorable à la laïcité, car dans les écoles et collèges ségrégués, la revendication religieuse est plus forte. Il faudra donc beaucoup de lucidité et de courage pour faire Nation à travers l’École. La réussite de tous les élèves et notre avenir démocratique en dépendent.

Malheureusement, cet écart est aussi valable entre différentes écoles publiques d’une même commune (29.4 points d’écart à Cluses, 31.6 à Sallanches, 56.2 à Annecy) alors que les solutions existent à l’image du travail sur la sectorisation fait à Paris notamment.
Cela n’est pas sans impact sur les conditions de recrutement. La nécessité de prolonger le délai d’inscription aux concours, d’utiliser la publicité pour obtenir remplir les salles d’examen, la nécessité de recourir à des jobs dating pour recruter des contractuels montre bien, s’il fallait encore, le manque de personnels dans le département. Les remplaçants ne sont pas en nombre suffisant, les remplacements pas toujours assurés. Le SE-Unsa a lancé la consigne syndicale demandant aux parents de garder dans la mesure du possible leur enfant à la maison lors d’absence prévisible, et ce dans le respect de la loi 2008 sur le service d’accueil des élèves. À cela s’ajoutent les applications inopérantes pour les directeurs d’écoles pourtant déjà fort sollicités, des exigences toujours plus fortes et un comportement parfois délétère des parents.
 

Les personnels en souffrent. Les résultats du baromètre de l’éducation nationale sont, dans une large mesure, convergents avec les constats établis dans le cadre du baromètre de l’UNSA Éducation, réalisé depuis 10 ans et renseigné par 43 000 collègues cette année. Le ministère doit tirer les bonnes conclusions de sa propre enquête qui le désavoue.
Cette enquête, comparable avec des données de l’INSEE en population générale indique que les personnels de l’Éducation nationale sont en moyenne moins satisfaits que le reste de la population active et que les actifs ayant un niveau d’étude comparable avec un score de 6/10 contre plus de 7/10 pour le reste de la population active.
Cette enquête souligne en particulier le sentiment des personnels que leur métier est faiblement valorisé dans la société (2.5/10). Cette enquête met également en lumière à côté d’un mécontentement général, la présence d’une portion non négligeable de personnels « malheureux » ou « en souffrance ».
Notre stage « Stress au travail, burn-out, tous égaux » a fait une nouvelle fois le plein de stagiaires en souffrance au travail.
Il est urgent de revoir l’attractivité de nos métiers, les rémunérations, les conditions de travail, leur considération.


Pour l’Unsa éducation.


Emmanuel FUSS
Jean-Michel FRANCOIS

 
 
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