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La santé mentale des adolescent.es français.es
Article publié le mardi 19 novembre 2024.
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La santé mentale des adolescent.es français.es

Alors que le nouveau Premier Ministre entend faire de la santé mentale « la grande cause nationale Â» de 2025 ; l’Ifé (L’Institut Français de l’Education) s’est penché sur celle des jeunes et plus particulièrement des adolescents.

Période de développement déjà très éprouvante physiquement pour ces adultes en devenir, l’adolescence fait l’objet de nombreuses études, au niveau national comme au niveau international, lesquelles démontrent la nécessité d’accroitre la prévention et la prise en charge ciblant le développement psychique ; et lesquelles questionnent également l’impact du parcours scolaire sur ce pan moins connu car moins visible qu’est le développement psychique des adolescentes et des adolescents.

Dans un contexte mondial dégradé, le constat est sans appel : la France accuse un taux d’adolescent.es en souffrance émotionnelle plus important que ses voisins européens ou ses homologues asiatiques. Or, il est prouvé que « près de la moitié des troubles mentaux qui perdurent à l’âge adulte se manifestent avant l’âge de 14 ans[1], et 75% de ces difficultés apparaissent avant 25 ans[2] Â».

Comment expliquer un tel phénomène et quels leviers pouvons-nous identifier pour y remédier ?

Décrétée « Année mondiale de la santé mentale », 1960 marque un tournant entre sphère privée et sphère publique et politique. De manière officielle, la santé mentale et surtout la prévention de celle-ci sont devenues un objet de réflexions partagées à tous les niveaux : familiaux, médicaux, associatifs, scolaires, etc. Aucun âge ni aucun temps de l’individu n’échappe désormais à la dynamique d’un dépistage précoce ou en tout cas à la volonté étatique affichée d’une prévention à tous les niveaux.

Notion contemporaine donc, « la santé mentale intègre la notion de bien-être, mais ne s’y limite pas, car elle est également liée à l’absence ou à la présence de troubles psychiques ou psychiatriques, et sa définition repose sur des critères plus objectifs Â» comme ceux proposés par l’OMS qui « a appliqué la notion de santé mentale positive aux enfants, dans une perspective développementale, permettant une participation active et complète à la société, selon les termes suivants :

– avoir un sentiment d’identité positif ;

– être capable de gérer ses pensées et ses émotions ;

– construire des relations sociales ;

– être en capacité d’apprendre et d’acquérir une éducation.

La mise en Å“uvre de politiques nationales et l’éternelle question des moyens  

La demande d’une prise en charge par l’institution scolaire et donc de ses personnels pose celle des capacités à faire : au regard des besoins identifiés et en nette expansion depuis la crise sanitaire de 2020-2021 l’Ecole a-t-elle les moyens nécessaires pour prévenir et accompagner les problématiques liées à la santé mentale des jeunes qui lui sont confié.es ?

L’élévation de la scolarisation obligatoire, la massification de l’enseignement secondaire et cet attachement très français à la nécessité de la diplomation engendrent un esprit de compétitivité pressurant d’autant plus le parcours scolaire et, par répercussion, la santé mentale des élèves et ce dès le collège jusqu’aux études supérieures. Souvent adossée à des difficultés dans les apprentissages, la « souffrance ordinaire Â» en découlant est un terreau pour des troubles plus graves avec parfois des conséquences extrêmes.

La prévention du pire ou l’accompagnement de l’ordinaire ?

Dernièrement, le déploiement très médiatisé de la lutte contre le harcèlement scolaire, phénomène pourtant ancien, est à l’image d’une prise de conscience collective de l’importance d’agir ; mais n’est-ce pas l’arbre qui cache la forêt ? La situation critique du harcèlement ne doit pas occulter toutes les micro-manifestations jalonnant les parcours des adolescent.es souvent tiraillé.es entre pression sociale, attendus familiaux et cadre scolaire.

La mixité scolaire, sur le plan social comme sur le plan de l’égalité « fille -garçon Â» est notamment un axe de questionnement à privilégier. Alors que l’Ecole se veut égalitaire et non genrée, les constats sont récurrents : « Peu importe la nature du symptôme, les filles sont systématiquement plus impactées par une dégradation de leur santé mentale que les garçons[3] Â». Constat amplifié quand on prend en compte l’origine sociale des élèves : « Plus largement, les collégien·nes qui déclarent une absence de satisfaction vis-à-vis de leur vie actuelle et/ou un manque de confiance en l’avenir sont davantage issu·es de foyers économiquement défavorisés, ne vivent pas avec leurs deux parents et sont majoritairement des filles3 Â».

Le difficile renvoi aux responsabilités de chacun

Avec un système de santé « Ã  bout de souffle comme le rappelle notamment le rapport de la Cour des comptes sur la pédopsychiatrie[4] Â», la France a longtemps compté sur son système éducatif pour répondre aux demandes publiques de contenir et d’accompagner les problématiques des jeunes. C’est oublier de nombreux acteurs mobilisables et donc essentiels au premier rang desquels les parents et la sphère familiale de manière élargie mais également le monde associatif très présent dans la vie des adolescent.es.

Replacer chacun face à ses responsabilités ne signifie pas pour autant opposer mais au contraire à rendre poreux ces différents niveaux : par la rencontre et l’échange, favoriser la recherche collective de solutions, le développement d’un environnement sécurisé dans et hors l’Ecole, faire tout l’espace nécessaire pour que chacun trouve sa place au sein de la société dans laquelle il est amené à évoluer. Cela nécessite également des personnels de santé en nombre suffisant, mais aussi une formation accrue pour l’ensemble des personnels amenés à intervenir dans les champs de la prévention et du traitement de la santé mentale des adolescent.es.

Des pistes et des besoins en matière d’Education

La notion de climat scolaire peut à ce titre être un axe de travail collaboratif entre tous les partenaires de l’Ecole : par une réflexion englobant élèves, enseignant.es, personnels de santé, parents, éducateurs.trices instaurer les principes d’une justice scolaire visant le mieux-être des jeunes pour développer le sentiment d’appartenance au collectif essentiel dans la prévention des troubles psychiques.

Cependant, quelle que soit la priorité choisie par la sphère éducative pour améliorer la santé mentale des adolescent.es, la question de celle des adultes et plus encore des personnels s’impose. En effet, à l’heure où il n’existe quasiment pas de médecine de prévention dans l’Education Nationale comment l’Institution peut-elle mieux accompagner les équipes éducatives tant dans la prévention que dans leur formation initiale et continue ? La volonté politique affichée implique un changement de paradigme : passer de la gestion de l’urgence et du visible à la construction sur le long terme de réponses collectives et équitables adossée à un vivier de personnels éducatifs formés aux questions liées à la santé psychique des adolescent.es.

En plus de sa synthèse des enjeux sur la santé mentale dans le monde éducatif, l’Ifé recense un certain nombre d’expérimentations, notamment dans les pays anglosaxons venant compléter l’analyse présentée du système français actuel, c’est pourquoi nous en recommandons la lecture.

Pour aller plus loin :

Marie Lauricella, Souffrances adolescentes: quand la santé mentale traverse les frontières de l’éducation, Dossier de veille de l’Ifé, Avril 2024. Lien : https://veille-et-analyses.ens-lyon.fr/DA/detailsDossier.php?parent=accueil&dossier=148&lang=fr

Le CSEN propose une conférence internationale le 9 octobre sur ce sujet « Santé mentale et bien être des élèves» tous les renseignements ici https://www.reseau-canope.fr/sante-mentale-et-bien-etre-des-eleves.html


[1] Sante Publique France. (2023). Santé mentale.

[2] Paugam, S. et Dolto, C. (2014). Écoutons ce que les enfants ont à nous dire. Adolescents en France : le grand malaise. UNICEF France.

[3] Sante Publique France. (2022). La santé mentale et le bien-être des collégiens et lycéens en France hexagonale.Résultats de l’enquête EnCLASS 2022.

[4] • Cour des comptes. (2023). La pédopsychiatrie.

 

 
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