Inscrite dans la loi
Alors que le cadre lĂ©gal français est posĂ© depuis 2001, seuls 15%[1]des Ă©lĂšves bĂ©nĂ©ficient de sĂ©ances rĂ©guliĂšres dâĂ©ducation Ă la vie affective, relationnelle, et sexuelle (EVARS). Câest pourtant Ă©galement une recommandation mondiale, dĂ©finie par lâUNESCO depuis 2009 qui a publiĂ© des « principes directeurs internationaux pour une Ă©ducation complĂšte Ă la sexualitĂ© ».
LâEVARS est dâautant plus nĂ©cessaire que sa non-application a un coĂ»t et des consĂ©quences dommageables pour la sociĂ©tĂ©. Ce coĂ»t est dĂ©mocratique, social et financier. LâĂtat perd en crĂ©dibilitĂ© en nâappliquant pas une loi votĂ©e par les assemblĂ©es, validĂ©e par le Conseil constitutionnel et promulguĂ©e par le PrĂ©sident de la RĂ©publique. Les violences entre les individus sont un obstacle aux relations Ă©galitaires entre les personnes et au vivre ensemble. Elles fragilisent la sociĂ©tĂ©.
Le coĂ»t total des violences au sein du couple et leurs incidences est estimeÌ aÌ 3,6 milliards dâeuros par an en 2012, dont 21,5 % de coĂ»ts directs (soins, hĂ©bergement, activitĂ©s de police, gendarmerie, justice, prison, accompagnement), 66,8 % de coĂ»ts indirects (perte de rĂ©munĂ©ration, absentĂ©isme, arrĂȘts de travail, dĂ©cĂšs, douleurs) et 11,7 % de coĂ»ts pesant sur les enfants, lâaccompagnement et le travail de lâaide sociale aÌ lâenfance.[2] Les violences sexuelles sur mineures et mineurs et lâinceste ont Ă©tĂ© chiffrĂ©es par la Commission IndĂ©pendante sur lâInceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants (CIIVISE) Ă prĂšs de 10 milliards dâeuros par an, entre court terme (prise en charge, police/justice) et rĂ©percussions sur le long terme du traumatisme (dĂ©pressions, conduites Ă risque, etc).[3]
EVARS en milieu scolaire, un programme facilitateur
LâEVARS est complexe car elle se situe Ă la confluence des champs biologiques, psycho-Ă©motionnels, juridiques, et social avec lâĂ©ducation aux mĂ©dias et lâĂ©ducation Ă la citoyennetĂ©. Elle nĂ©cessite une approche globale, positive et bienveillante dans une perspective de connaissances et compĂ©tences pluridisciplinaires. Elle touche lâintimitĂ© des personnes et nĂ©cessite une grande confiance dans le contrat social avec les parents des enfants et des jeunes, toutes et tous concernĂ©s. Elle fait partie des questions socialement vives, questions sensibles qui mettent en tension savoirs et valeurs et dĂ©stabilisent lâorganisation de lâenseignement dans lâĂ©ducation nationale française.
Les freins Ă la mise en Ćuvre de lâEVARS sont identifiĂ©s dans de nombreux rapports et Ă©tudes (travaux parlementaires, rapports de lâIGESR, avis du CESE, rapport du dĂ©fenseur des droits des enfants, de la CIIVISE, du Haut Conseil Ă lâĂ©galitĂ© entre les hommes et les femmes âŠ) ainsi que par la mĂ©diatique action en responsabilitĂ© de lâĂtat pour dĂ©faut dâapplication de la loi, conduite par trois grandes associations en mars 2023 (Sidaction, SOS Homophobies, Le Planning Familial).
- SĂ©ances obligatoires non effectuĂ©es en milieu scolaire par manque dâadultes impliquĂ©s, et formĂ©s, par manque de temps dĂ©diĂ© et dâinscription aux emplois du temps, par manque de soutien politique franc et dĂ©terminĂ©.
- SĂ©ances biaisĂ©es limitĂ©es Ă la prĂ©vention des risques, ou reproduisant des stĂ©rĂ©otypes de genre par manque dâadultes formĂ©s, par manque de partenariats effectifs avec des intervenants extĂ©rieurs Ă lâexpertise reconnue et labellisĂ©e.
- Attaques de mouvements conservateurs et dâextrĂȘme droite qui dĂ©stabilisent les Ă©quipes Ă©ducatives, en diffusant de fausses informations auprĂšs des parents.
Un programme dâenseignement est prĂȘt Ă ĂȘtre dĂ©ployĂ© (encore soumis Ă vote consultatif avant publication). Ses objectifs dâapprentissage sont diffĂ©renciĂ©s pour tenir compte du niveau de maturitĂ© des enfants et adolescents. Il reconnait la nĂ©cessaire complĂ©mentaritĂ© des approches en inter-mĂ©tiers, avec les personnels enseignants, Ă©ducatifs, sociaux et de santĂ©, ainsi que lâouverture aux associations agréées partenaires de lâĂ©cole.
LâUNSA Ăducation met au cĆur de son projet lâavĂšnement dâune sociĂ©tĂ© humaniste au sein de laquelle les valeurs de justice, de libertĂ©, dâĂ©galitĂ©, de solidaritĂ© et de laĂŻcitĂ© permettent de mieux vivre ensemble. LâĂ©galitĂ© femmes hommes, comme filles garçons, est une valeur essentielle de lâUNSA Ăducation. Câest pourquoi la FĂ©dĂ©ration sâattache Ă la dĂ©fendre dans tous les domaines. Lâapprentissage de cette Ă©galitĂ© est nĂ©cessaire pour que disparaissent les stĂ©rĂ©otypes et les violences faites aux femmes. LâEVARS est constitutive de cet apprentissage.
Image par Henning Westerkamp de Pixabay
[1] Rapport du HCE relatif aÌ lâĂ©ducation aÌ la sexualitĂ©Ì â RĂ©pondre aux attentes des jeunes, construire une sociĂ©tĂ©Ì dâĂ©galitĂ©Ì femmes- hommes n° 2016-06-13-SAN-021 HCE 13 juin 2016.
[2] C. Cavalin, M.Albagly, M. Nectoux, C. Mugner: âĂtude relative Ă lâactualisation du chiffrage des rĂ©percussions Ă©conomiques des violences au sein du couple et leur incidence sur les enfants en France en 2012â, Novembre 2014
[3] CIIVISE : Violences sexuelles faites aux enfants : le coût du déni. Juin 2023