SECTION SE-Unsa de la HAUTE GARONNE - 19 BD SILVIO TRENTIN - 31200 TOULOUSE
Tél. 05 61 14 72 72 - 31@se-unsa.org - Facebook
L’édito de notre info-lettre 34 du 16 juin
Pour clore la série des éditoriaux qui rappelaient notre devise Liberté, Egalité, Fraternité, il faut ajouter la laïcité.
Ces mots sont pour tous une évidence. En réalité, cette évidence ne l’est devenue que par l’oubli de sa très lente construction :
- Si la « grande rĂ©volution » de 1789 s’est avancĂ©e sur les deux pieds de libertĂ© et d’égalitĂ©, 60 ans ont Ă©tĂ© nĂ©cessaires pour que la devise rĂ©publicaine prenne sa forme actuelle. Il fallut en effet une nouvelle RĂ©publique (en 1848) pour que la fraternitĂ© complète, et stabilise, le triptyque qui devint alors notre devise.
- 60 ans encore furent nécessaires pour la traduire dans le droit.
Grace
à nouveau à la République, des lois développent la liberté (pour les
syndicats, pour la presse, pour les associations…) et l’égalité (lois
« Ferry » sur l’école, impĂ´ts sur le revenu…). Ensuite, la loi du 9 dĂ©cembre 1905 consacre dans le droit, sans en citer le mot, la laĂŻcitĂ© de la RĂ©publique.
Quel meilleur symbole, pour instaurer la fraternité entre tous que celui d’extraire notre organisation collective d’un dogme révélé et immuable, pour rendre la direction de l’Etat aux seuls citoyens qui le composent.
Cette séparation rend chaque individu égal des autres et le rend libre de ses volontés, elle consacre ainsi la fraternité.
*
- Toujours 60 ans plus tard, ceux qui n’ont jamais acceptĂ© et toujours combattu cette sĂ©paration tentent un retour en arrière. Une conjonction de causes permet Ă cette offensive du « parti clĂ©rical » de rĂ©ussir :
La loi Debré (du 31 déc. 1959) crée une brèche dans le principe républicain. Elle instaure un financement public pour des établissements privés (tous les citoyens paient pour des écoles séparées et réservées à quelques-uns) !
Comme si la RATP avait obligation de financer les compagnies de taxis parisiens.
Ce détournement d’argent, inventé en 1960, s’il est adopté par le parlement, suscite une énorme opposition. Une pétition recueille près de 11 millions de signatures. Un rassemblement conclut ce recueil de signatures, le 19 juin 1960 à Vincennes, plusieurs centaines de milliers de manifestants font le serment de toujours revendiquer que l’argent public soit pour l’Ecole publique.
- Vendredi, cela fera 60 ans que le « serment de Vincennes » a Ă©tĂ© prononcĂ©. Nous n’oublions pas que les Ă©vidences peuvent changer, il appartient aux citoyens d’aujourd’hui de modifier les lois qui nous rĂ©gissent aujourd’hui.
Pour le SE-Unsa, l’évidence est qu’il est temps de revenir sur ce détournement annuel de plus de 11 milliards d’euros d’argent public.
- Certains, pour garder leurs privilèges, nous reprochent de vouloir rouvrir la guerre scolaire alors que c’est eux qui entravent la république.
60 ans plus tard, l’évidence est qu’il faut revenir à une République laïque prévue par notre constitution.
Franck Calmels,
Secrétaire du SE-Unsa 31
L’édito de notre info-lettre 33 du 9 juin
Le titre était une évidence pour qui a lu les éditoriaux précédents : Liberté et Egalité. Pourtant, l’édito prévu ne sera publié que la semaine prochaine…
Cette semaine, nous souhaitons donner une consigne aux collègues : ralentir !
Il
y avait le pilote de course Fangio, le chanteur aux cent mille volts,
la publicité du lapin Duracel, les films avec De Funès… Il y a
maintenant la version politique : M. Blanquer.
Il court tous les
médias, fait des annonces en permanence et rejoue toujours le même
film : je sais tout, je décide tout, tout seul, suivez-moi…
Avec
le confinement, le processus s’est emballé et avec la reprise, il
accélère : Il faut rouvrir les écoles, il faut accueillir les enfants
prioritaires, il faut accueillir tous les enfants, les collectivités
doivent aussi accueillir (voir l’article 2S2C),
on met toujours des masques, on ne met pas toujours des masques, pas
plus de tant d’élèves, pas de limite mais il faut mesurer, on doit faire
des groupes qui ne se croisent pas, on peut se croiser, on peut rester
en distanciel, on doit être sur l’établissement, on peut aérer, on ne
peut pas ventiler, il faut sauter en l’air sur un pied en tapant des
mains…
Et bien sûr, on donne la règle le lendemain pour une application la veille, sans informer ceux qui doivent l’appliquer …
Hé ! Oh ! C’est bientôt fini ?
Les
enseignants ne sont pas des robots uniformes et connectés en continu
sur la FAQ du ministère et le cerveau du ministre. Ils sont humains,
leurs élèves et les parents aussi… et nous en avons plus qu’assez des
« y a qu’a » et « faut qu’on » qui se contredisent chaque jour.
En
juin, nous devrions être en train de préparer la fin d’année pour nos
élèves et d’organiser les classes pour septembre, avec les nouveaux
collègues…
Au lieu de cela, nous perdons notre temps à nous réunir,
parfois à nous écharper, tous les quatre matins pour l’organisation des
classes et de l’école. Et à recommencer la semaine suivante.
Alors, consigne du SE-Unsa : on ralentit !
On
laisse retomber la pression entre collègues, on n’est pas toujours
d’accord mais ce n’est pas grave. A la différence de notre ministre,
dont on espère le départ prochain, nous allons continuer à faire notre
métier pour nos élèves, plusieurs années.
Alors, on garde l’organisation choisie, au mieux avec nos moyens pour nos élèves. Si notre hiérarchie a des demandes : elle les écrit. Et nous répondrons… quand nous pourrons.
Pour le dire autrement, dans cette période qui désorganise les collectifs de travail, fraternisons !
Oui, nous sommes libres et Ă©gaux, restons fraternels.
Franck Calmels,
Secrétaire du SE-Unsa 31
L’édito de notre info-lettre 32 du 3 juin
sont autant d’exemples très différents mais qui luttent pour la même idée : l’égalité.
Face à la pigmentation de la peau, à la maladie, à l’accès à l’école... nous devons défendre cette idée d’égalité.
Elle s’associe à la liberté et la complète, depuis l’article 1 de la déclaration de 1789 qui nous déclare " libres ET égaux " jusqu’à l’article 1 de notre constitution " La France... assure l’égalité devant la loi ".
L’égalité est le préambule à toute vie en commun. Elle n’est pas une contrainte qui veut uniformiser les individus comme le déplorent ceux qui la méprisent, elle est le moyen d’être différent.
ĂŠtre
une fille ou un garçon, être de telle ou telle couleur, être amoureux
de tel ou telle, être athée ou croyant, être végétarien, fan de foot,
lecteur de Proust...
Vivre qui nous sommes n’est pas empêché par l’égalité de tous, cela en est même la condition qui le rend possible : il n’y a que l’égalité qui permette les différences sans l’oppression.
Nous voyons bien qu’elle n’est pas réalisée pleinement dans l’organisation de nos sociétés, mais elle doit être apprise et respectée par tous. C’est encore une fois le premier article du code de l’éducation, qui nous le demande : " Le service public de l’éducation fait acquérir à tous les élèves le respect de l’égale dignité des êtres humains "
L’égalité est bien le centre du triptyque républicain, et nous devons l’apprendre à nos élèves.
Franck Calmels,
Secrétaire du SE-Unsa 31
L’édito de notre info-lettre 31 du 27 mai
Liberté,
L’oxymore de la contrainte
Nous
reprenons contraint par un cadre sanitaire très strict et chaque école
installe une organisation différente de l’établissement d’à côté.
Nous avions hâte de retrouver des élèves vraiment avec nous et ils ne voient que nos masques.
Nous-enseignants voulions choisir tel ou tel élève et nous-parents voulons choisir pour nos enfants.
Nous
sommes très satisfaits de ne plus entendre de déclarations de notre
ministre et nous attendons toujours des informations ministérielles.
Nous travaillons depuis deux mois de chez nous et nous ne bénéficions d’aucune des règles élémentaires du télétravail.
Au milieu de ces multiples contradictions, nous n’avons jamais été autant contraints et nous n’avons jamais eu autant de liberté pour organiser notre travail, de chez nous ou en retournant à l’école.
C’est
bien maintenant que notre " liberté pédagogique " peut se mettre en
Ĺ“uvre. Et nous en sommes les seuls maitres. Allons-y, montrons Ă tous,
notre capacité à travailler pour chaque élève.
Au-delà de la contradiction apparente, c’est bien dans ces contraintes librement consenties, que la liberté s’exprime.
Pas celle qui "opprime" entre "le maitre et le serviteur, entre le fort et le faible" comme le dénonçait Saint Just défendant "la loi qui affranchit ".
Non, la liberté entre individus égaux vivant "en société" et œuvrant pour le bien commun.
C’est bien celle-là qui est ouvre le triptyque républicain, et que nous devons apprendre à nos élèves.
Franck Calmels,
Secrétaire du SE-Unsa 31