Le ministère, dans le BO du 15 février 2024(1), dresse le bilan de la formation Savoir rouler à vélo
(SRAV) 2023 et revoit ses objectifs à la hausse pour l’année 2024. Un
plan ambitieux qui fait intervenir des acteurs de tous horizons,
notamment les enseignants, très sollicités mais peu mis en avant.
Bilan du SRAV 2023 : objectif (presque) atteint
En
juin dernier, le ministère des Sports et des JOP s’était fixé
l’objectif de 200 000 enfants formés au SRAV d’ici à la fin de l’année
2023. Rappelons que le Savoir rouler à vélo, en complément du plan Aisance aquatique
adopté en 2018, a pour objectif de permettre aux enfants de 6 à 11 ans
de pouvoir circuler à vélo, à l’issue d’un programme d’apprentissage
d’au moins dix heures, en autonomie sur la voie publique. Le second plan
SRAV pour la période 2023-2027 avait été présenté par l’ex-Première
ministre Élisabeth Borne, dont l’ambition était que 850 000 enfants par
an, à partir de 2027, obtiennent l’attestation du SRAV. Le dispositif
avait été testé dans la région PACA qui devait former 60 000 enfants au
31 décembre 2023.
Les
chiffres avancés par le ministère sont plutôt encourageants,
puisqu’avec 179 000 enfants formés au SRAV fin 2023, 90 % de l’objectif
initial a été atteint. À noter que 2 000 enfants en situation de
handicap ont obtenu l’attestation. En revanche, la région PACA n’a
délivré qu’un tiers du nombre d’attestations fixé par le ministère. Mais
les chiffres les plus préoccupants sont issues des 10 plus grandes
villes de France où la circulation à vélo est pourtant très répandue :
moins de 5 % du total de classes existantes sont formées.
SRAV 2024 : toujours plus loin, mais avec qui ?
Pour
cette année, le ministère a revu ses objectifs à la hausse : il attend
350 000 enfants formés sur l’année. La région PACA est toujours désignée
pour expérimenter les modalités d’une généralisation programmée pour
2027. Sachant que 91 % des enfants sont formés sur le temps scolaire, il
est beaucoup attendu de l’École : mobilisation des 30 minutes
d’activité physique quotidienne, vacances apprenantes, recours à des
accompagnateurs… Cette année au moins, l’Usep n’a pas été oubliée, même
si elle est citée seulement à titre d’exemple dans son rôle de
partenaire. Au lendemain de la signature de la convention entre la
fédération du sport scolaire et le ministère, on attendait davantage de
visibilité pour l’Usep.
Le
ministère ambitionne également d’augmenter le vivier d’intervenants
SRAV tout en continuant à solliciter les recteurs de région académique,
par le biais des Drajes(2) et des SDJES(3).
Tout ceci a évidemment un coût, aussi des propositions de financement
sont dĂ©taillĂ©es en annexes. Enfin, le livret d’accompagnement Ă
l’organisation du bloc 3 (Savoir rouler à vélo - Rouler en situation réelle sur la route) est toujours disponible.
L’avis du SE-Unsa
Le
SE-Unsa avait déjà pointé l’absence de prise en compte des enseignants
lors de la présentation du SRAV de l’an dernier. Les injonctions sont
toujours plus nombreuses mais, sur le terrain, il revient aux
professeurs des Ă©coles de mettre en Ĺ“uvre ces dix heures de formation
(qui peuvent être allègrement dépassées) en contactant les intervenants,
en sollicitant des financements… sur un temps toujours plus contraint.
La majorité des formations étant dispensées sur le temps scolaire, il
est nécessaire de réfléchir à l’accompagnement proposé aux enseignants,
au-delà des objectifs chiffrés qui dominent le discours ministériel
depuis trop longtemps. L’École ne peut pas tout. Il serait préférable de
développer cet apprentissage sur les temps périscolaire et
extrascolaire et de le confier exclusivement Ă des intervenants
extérieurs, afin de laisser plus de temps aux professeurs des écoles
pour enseigner l’EPS, par exemple…
(1) lire le BO du 15 février 2024
(2) Drajes : délégation régionale académique à la jeunesse, à l’engagement et aux sports
(3) SDJES : service départemental à la jeunesse, à l’engagement et aux sports