La circulaire du 30/01/2024 du MENJSJOP* fait
de la préparation des élèves aux épreuves terminales de mathématiques
au DNB une priorité, qui doit également devenir celle des établissements
dès le mois de février. Une injonction qui surprend par son caractère
urgent, alors même que l’organisation du collège doit déjà se soumettre
au « choc des savoirs » et que le contenu du nouveau DNB, prĂ©vu pour
2025, n’est pas encore connu.
Les mathématiques, une discipline qui compte
Le
texte s’ouvre sur le constat apparemment alarmant que le ministère
dresse du niveau de mathématiques des élèves français, en forte baisse
selon les résultats de l’évaluation internationale Pisa. L’occasion pour
justifier, rue de Grenelle, la mise en place du « choc des savoirs »
qui se traduit déjà dans la plupart des collèges par de nombreuses
difficultés d’organisation de la rentrée prochaine, avec notamment la
mise en place de groupes de niveau en français et donc en mathématiques,
en 6e et en 5e pour commencer.
Le
ministère, qui semble estimer la situation en mathématiques extrêmement
grave, a décidé d’y remédier de façon urgente : la mise en œuvre des
mesures proposées doit en effet être effective dès ce mois de février.
Il s’agit de prĂ©parer au mieux les actuels Ă©lèves de 3e Ă
l’épreuve terminale de mathématiques du DNB, puisque ceux-ci n’auront
pas la chance de bĂ©nĂ©ficier du « choc des savoirs » qui ne sera effectif
qu’à la rentrĂ©e de septembre 2024. Un « effort substantiel » doit donc
être accompli en faveur de ces élèves.
Des mesures qui ne mesurent pas la réalité du collège et de ses personnels
Le
ministère semble ignorer que les collègues de mathématiques préparent
déjà les élèves de troisième au DNB, puisqu’il leur est demandé de
consacrer du temps à familiariser les élèves à la nature de l’examen en
organisant notamment des Ă©preuves blanches.
Les
IA-IPR sont également mis à contribution pour identifier les collèges
comptant le plus grand nombre d’élèves en difficulté, qui devront faire
l’objet d’un soutien pédagogique renforcé.
Les chefs d’établissement sont invités à mobiliser les marges de manœuvre de l’établissement,
déjà bien menacées par la mise en place à venir des groupes de niveau,
pour proposer des heures de soutien en effectifs réduits.
Par ailleurs, les heures de Devoirs faits doivent désormais être prioritairement consacrées, en classe de 3e,
aux apprentissages des mathématiques, de même que les stages de
réussite des vacances d’hiver et de printemps pour les collèges qui en
proposent.
Enfin, les collèges
disposant de clubs de mathématiques doivent se mobiliser pour accueillir
toujours plus d’élèves, et les établissements n’en disposant pas sont
fortement incités à en créer.
L’avis du SE-Unsa
Ces
injonctions ministérielles arrivent au moment où les collèges, qui
viennent de découvrir leur DHG et sont en pleine préparation de l’année
prochaine, sont déjà sous tension. Le ministère, qui souhaite
manifestement prendre de l’avance sur un « choc des savoirs » qui ne
heurtera les élèves de troisième qu’à la rentrée 2025, mise tout sur les
mathématiques, qui deviennent désormais le seul et unique savoir
fondamental au collège. Tous les moyens des établissements doivent y
être consacrés, au détriment des projets pédagogiques en place, des
autres disciplines et de l’autonomie des collèges.
Le
SE-Unsa continue de dénoncer la marche forcée d’un ministère de plus en
plus dĂ©connectĂ© de la rĂ©alitĂ© du terrain, qui n’hĂ©site pas Ă
bouleverser l’organisation des établissements en milieu d’année. C’est
également une nouvelle marque de mépris pour les enseignants, en
particulier de mathématiques, qui n’ont pas attendu la circulaire du
ministère pour faire travailler leurs élèves et les préparer au brevet.
La politique du chiffre et du résultat ne doit pas infléchir les
orientations pédagogiques. Multiplier les exigences, additionner les
tâches supplémentaires, c’est de toutes façons une mauvaise opération.