Fort de la mobilisation réussie du 1er
février pour lequel il a porté l’exigence de respect de l’École
publique et laïque, de ses personnels, le SE-Unsa a été reçu ce lundi 5
février par Amélie Oudéa-Castéra. Lors de cette rencontre, le SE-Unsa
s’est essentiellement fixé deux objectifs afin d’être porte-parole de
toute la profession dans le plus grand respect des réalités et des
attentes.
D’une part,
le SE-Unsa s’est attaché à décrire et faire mesurer à la ministre la
situation de souffrance que vivait l’École, ses personnels et ses élèves
au quotidien.
D’autre part, le
SE-Unsa a expliqué à la ministre que le temps du courage politique était
venu. Les tergiversations sur les leviers de l’attractivité pourtant
bien connues doivent cesser et les décisions être prises pour (re)donner
l’envie d’exercer nos métiers.
Le SE-Unsa a également profité de cette rencontre pour remettre à la ministre les 45 000 signatures de sa pétition Oui à la formation continue mais pas n’importe quand !
Le SE-Unsa a rappelé à la ministre que
l’École, ses personnels et ses élèves souffrent depuis le début de
l’ère Macron. Elle souffre de réformes non concertées et de réformes qui
ne s’appuient pas sur des constats partagés des difficultés.
L’École inclusive
Le
SE-Unsa considère que l’École est à un point de rupture sur cette
question et qu’il est donc urgent de mieux accompagner et soutenir les
personnels (notamment les enseignants et les AESH) pour leur permettre
d’accueillir sereinement les élèves à besoins éducatifs particuliers et
particulièrement des élèves en situation de handicap.
Ni
les personnels, ni les élèves ne doivent souffrir d’un manque de prises
en charge médicales ou socio-éducatives. Certaines situations de
classe, avec des élèves au comportement hautement perturbateur, ne
peuvent plus perdurer, au risque d’empêcher les enseignants de faire
classe sereinement. C’est pourquoi le SE-Unsa rappelle que la parole des
enseignants, experts de leur métier, doit être entendue et pas
seulement celle des familles, pour construire une École inclusive
efficiente pour tous.
Le Choc des savoirs
Si
le SE-Unsa partage une partie du constat concernant les difficultés du
collège, il considère que les solutions choisies ne sont pas être les
bonnes.
Le SE-Unsa remet en cause
les choix de trier, sélectionner, stigmatiser les élèves (redoublement
augmenté, groupes de niveaux, obligation d’obtenir le DNB pour
poursuivre en 2de, etc.). Il s’agit de trouver les
dispositifs pédagogiques et les organisations qui permettront aux élèves
les plus en difficulté de progresser. Dans ce cadre, il faut aussi
retravailler la carte de l’éducation prioritaire qui concentre une part
importante de ces difficultés.
Il faut aussi prendre en charge la grande difficulté scolaire dans le 1er
degré à l’aide de Rased complets (équipes pluridisciplinaires), et
étendre ce dispositif au collège. Le SE-Unsa a rappelé à la ministre que
les difficultés de mise en place des groupes de niveau au collège sont
déjà réelles, ce ne sont pas des projections.
Avec l’intersyndicale, le SE-Unsa appelle à signer massivement la pétition contre le plan Choc des savoirs.
La retraite progressive
Le
SE-Unsa a alerté la ministre sur la mise en œuvre chaotique de la
retraite progressive : dans certaines académies, aucune information
n’est donnée à ce sujet. Dans d’autres, l’information est noyée dans les
notes de service sur les temps partiels. Certains Dasen ou recteurs
laissent même entendre qu’il n’est pas dans leur intention d’accorder
les demandes de temps partiel liées à la retraite progressive, allant
ainsi totalement à l’encontre des objectifs affichés par le ministère. À
cela s’ajoutent les difficultés des enseignants du 1er degré
à partir en retraite en cours d’année. Alors que c’est désormais
pleinement leur droit, le manque de vivier de remplaçants inhérent à une
gestion comptable déplorable ces dernières années pénalise ces
personnels retraitables. Ces situations montrent un manque de
considération pour la profession et accroissent la souffrance des
personnels.
Le manque de remplaçants est
directement lié à l’attractivité en berne de nos métiers. Les chiffres
des inscrits aux concours sont en chute depuis plusieurs années, tout
comme le nombre de postes non pourvus.
Le SE-Unsa a donc exigé que l’agenda social, avec ses multiples groupes de travail prévus ne soit pas un nouveau Grenelle, une accumulation de réunions creuses et sans effets concrets. Pour le SE-Unsa, il y a urgence à replacer les concours 1er et 2d
degrés plus tôt dans le cursus vers le métier, tout en garantissant le
niveau master, pour éviter un pré-tri social et de nombreux abandons en
cours de route. C’est aussi pourquoi le SE-Unsa a une nouvelle fois
rappelé l’urgence d’obtenir une loi de programmation pour le recrutement
des personnels enseignants, d’éducation et psychologues, en insistant
sur la particularité du recrutement et de la formation des PsyEN.
Le
SE-Unsa a également demandé que le déroulement de carrière soit étudié,
et tout particulièrement que soient dĂ©finies des modalitĂ©s de passage Ă
la classe exceptionnelle d’après des critères précis et justes. Enfin,
le SE-Unsa a exigé que soit portée une attention particulière aux
personnels contractuels qui pâtissent d’une gestion des ressources
humaines inégale et souvent inacceptable selon les académies.
En plus de la demande de
revalorisation du point d’indice, le SE-Unsa a tenu à mettre la ministre
face à une réalité incontestable : l’échec du Pacte. Au-delà de l’échec de ce dispositif en matière de respect du plan égalité professionnelle, le Pacte
ne permet en rien de résoudre les problématiques de remplacement de
courte durée comme le président le voulait. Pour le SE-Unsa, il est donc
urgent de donner de la visibilité aux personnels, notamment ceux
engagés dans le Pacte.
Quel
sort réserver à cette enveloppe si elle ne remplit pas ses objectifs ?
Un bilan est prévu prochainement, le SE-Unsa prendra toute sa part dans
les constats partagés, les échanges et les revendications. Retrouver un
objectif d’enveloppe moins comptable et plus respectueux des personnels
pour réellement les revaloriser reste la priorité !
Le
SE-Unsa a aussi porté sa préoccupation depuis de longs mois en matière
de mise en œuvre des modalités de prise en compte de l’allocation
d’enseignement. Ces courriers étant restés sans réponse, il a à nouveau
questionné le ministère quant au risque que ces modalités laissent de
côté de nombreux personnels. Ce serait inadmissible !
L’avis du SE-Unsa
Le
SE-Unsa a ainsi pu dépeindre la situation objective des écoles, des
collèges et des lycées, de la souffrance de ses personnels et de ses
élèves. Cette audience a aussi été l’occasion de porter des
revendications éprouvées par l’expertise des personnels de terrain.
Le
SE-Unsa suivra les dossiers en cours et sera intransigeant sur le
respect des conditions de travail des personnels et sur la qualité des
conditions d’apprentissage des élèves.