Dans les collèges où les groupes réduits seront financés, il sera souvent impossible de mettre en place ces groupes surnuméraires avec les seuls enseignants en poste au sein de ces établissements. Le risque de la multiplication des appels à des ressources humaines extérieures (sous forme de bloc de moyens provisoires) est grand. Cela complexifie encore un peu plus la création des emplois du temps pour les enseignants et les élèves. Cela provoquera obligatoirement des amplitudes horaires plus grandes et des emplois du temps à trou.

 

Les enseignants de français et de mathématiques n’auront pas tous les élèves d’une classe. Cela empêchera de leur confier la mission de professeur principal. Les personnels de directions seront bien en peine pour leur trouver des remplaçants pour cette mission, puisqu’ils et elles représentent environ un enseignant sur trois en collège. Une pénurie de plus s’annonce, celle des professeurs principaux.

 

Dans les plus petits collèges (qui sont largement majoritaires), particulièrement ceux ayant 5 classes ou moins pour les 4 années du collège (de la 6ème à la 3ème), le fait de créer 3 niveaux en mathématiques et en français obligera la mise en barrette de toutes les classes de l’établissement (pour pouvoir changer la composition des groupes en cours d’année). Cette mise en barrette complète aura de nombreuses conséquences sur les emplois du temps, encore une fois, mais aussi sur d’autres aspects comme par exemple l’impossibilité d’avoir des stagiaires à 18h dans les collèges dans ces disciplines (à cause des EDT contraints et, par ricochet, un enseignant manquant pour les groupes).

 

La nécessité de remettre en cause la composition des groupes de niveau en cours d’année, pour éviter les classes de niveaux figées, implique de fait une mécanique d’évaluation permanente voire pire, des évaluations standardisées plusieurs fois par an. Rappelons nous des E3C, devenues EC, pour finalement disparaître dans les lycées lors de la réforme du baccalauréat général…

 

Nous le savons désormais, il n’y aura pas 3 niveaux de groupes en français et mathématiques dans tous les collèges. Beaucoup n’auront que deux niveaux, parfois sans groupes réduits ou des groupes réduits non financés. Nous questionnons la pertinence de créer ces usines à gaz pour une modification aussi marginale dans la composition des groupes dans ce cas.

 

L’UNSA Éducation craint que, dans quelques années, arguant de la complexité extrême de ces organisations, les politiques en place à ce moment décident tout simplement de basculer vers de véritables classes de niveau figées. Ce serait un pas de plus vers la fin du collège unique, avec des orientations précoces possibles vers des filières réservées aux élèves issus des milieux les plus défavorisés. Ce serait un véritable retour en arrière et la promesse d’une assignation sociale qui sera entérinée et non plus combattue.

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