« Choc des savoirs » : l’amĂ©nagement des horaires des Ă©lèves, une orientation prĂ©coce dĂ©guisĂ©e
Article publié le jeudi 14 décembre 2023.
Le
ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse a annoncé sa
volonté de permettre l’aménagement des horaires disciplinaires au
collège en supprimant « temporairement une discipline ».
Une orientation déguisée dès la 6e
Le
projet initial envisageait la suppression de la deuxième langue vivante
au profit des mathématiques et du français. Dans le texte final, le
flou est de rigueur, ce qui laisse planer la possibilité de cette
suppression. Mais le ministre renvoie cette responsabilité aux équipes.
Supprimer
la LV2 ou toute autre discipline non fondamentale, pour reprendre en
creux la terminologie ministérielle, concourrait à une orientation
précoce déguisée vers certains baccalauréats professionnels ou CAP. En
effet, ce choix pourrait fermer les portes dès la 6e de
certains baccalauréats professionnels (accueil/relation client,
animation enfance et personnes âgées, commerce, vente, Agora,
logistique, transport, métiers de la sécurité) et de l’ensemble des
baccalauréats généraux et technologiques, par exemple en enlevant la LV2
qui est obligatoire dans ces bac.
MĂŞme
avec l’accord des parents, même si l’aménagement horaire n’était pas
pérenne sur les 4 années de collège, à partir du moment où ces élèves
n’auront pas suivi les cours complets dans certaines disciplines, ils
seront en difficulté pour une poursuite d’études.
Une décision contradictoire avec le reste du projet
La mission Exigence des savoirs
qui a inspiré cette mesure souhaite aussi améliorer la culture
générale. Supprimer l’histoire-géographie, les arts plastiques, la
technologie, l’éducation musicale, l’éducation physique et sportive ou
la LV2 ne serait-il pas au contraire une manière de l’affaiblir ? Même
si c’est pour un petit nombre d’élèves, est-ce acceptable pour autant ?
Enfin,
en matière d’estime de soi, cette mesure sera un poids de plus Ă
ajouter aux groupes de niveau et aux cours pendant les vacances
scolaires.
L’avis du SE-Unsa
Les
esprits chagrins pourront dire que ces Ă©lèves sont « perdus » pour la
voie royale qu’est le lycée général et technologique, mais fermer la
porte de tant de bac à 11 ans, dès l’entrée en 6e, est
totalement inacceptable pour le SE-Unsa. D’autres solutions existent
pourtant, moins populistes et médiatiques… malheureusement pour
l’École !