Les
cycles de concertations se succèdent sans que le ministère ne prenne la
responsabilité d’une véritable négociation. Pourtant, sans objectifs
fixés, il est difficile d’appréhender les effets concrets à venir dans
un contexte conflictuel où le ministère se refuse à prendre des
engagements sur de nouvelles enveloppes de revalorisation.
Fluidification des carrières ou dilution….
Concertations,
présentations de pistes, arbitrages gouvernementaux, traductions
règlementaires puis enfin seulement, mesures concrètes : au final,
toutes ces étapes permettent de diluer le temps. Parfois d’ailleurs, ce
sont de mauvaises surprises qui émergent, à l’instar des nouvelles
règles d’accès à la classe exceptionnelle*. Entre le temps des annonces
d’un « chantier » et les rĂ©sultats pour les personnels, le temps
s’étire.
Certaines
pistes pourraient s’avérer intéressantes comme l’élargissement de la
plage d’appel à la hors-classe qui permettrait un accès plus rapide à ce
grade. Cependant, d’autres éléments doivent être précisés comme le
nombre de promotions possibles et les règles d’accès pour éviter que les
plus anciens dans le métier ne soient pénalisés. À ce jour, rien n’est
fixé.
La
question de repositionner les rendez-vous de carrière pourrait s’avérer
une perspective intéressante. En effet, partout dans le monde
professionnel, les salariés ont droit un entretien annuel et à un
entretien tous les deux ans pour réfléchir à leur perspectives
d’évolution. À l’Éducation nationale, on peut poursuivre sa carrière
pendant plus de vingt ans sans que l’institution ne se soucie de vous.
Lorsqu’elle doit apprécier la carrière dans son ensemble, c’est par un
simple avis sans mĂŞme daigner accorder un entretien.
Trop
souvent, le rendez-vous de carrière ne répond pas à sa finalité
première qui devrait être de permettre d’apprécier la situation
professionnelle, les attentes et les besoins des personnels pour la
poursuite de leur carrière dans des conditions épanouissantes. Il se
réduit donc trop souvent à une simple appréciation de la manière de
servir. Les rendez-vous de carrière tout comme les entretiens avec les
ressources humaines doivent évoluer. Cela implique d’y investir les
moyens d’accompagnement.
Les ressources humaines s’invitent à la table des discussions
Depuis
maintenant plusieurs années, la question des ressources humaines s’est
imposée, tant les personnels sont gérés en dépit de toute relation
individualisée, et sans que le ministère et les services ne soient en
capacité parfois simplement d’apporter une réponse.
Après la RH de proximité du précédent quinquennat, le ministère envisage d’organiser la
synergie, d’améliorer la connaissance des perspectives, de
cartographier les nouvelles fonctions et de faciliter les détachements
et reconversions.
Les
pistes envisagées pour aménager les fins de carrière répondent à une
nécessité dans la mesure où les carrières s’allongent. Qu’il s’agisse de
l’accès au temps partiel en vue de permettre l’accès à la retraite
progressive ou bien à des fonctions avec un allégement de service en fin
de carrière, la seule définition de règles nationales ne suffira pas.
Il faut des moyens humains pour développer une RH solide et efficace.
L’avis du SE-Unsa
Sur
le papier, repositionner les rendez-vous de carrière, fluidifier la
carrière et développer la RH peut être séduisant. Néanmoins la réalité
et les fait sont tenaces : on peut multiplier les pistes, les
dispositifs, les référents et les cellules mais pour transformer
l’essai, il faut avoir les moyens de le faire.
Cela nécessite de réunir trois conditions préalables et nécessaires :
- des personnels formés pour ces missions en nombre suffisant ;
- des moyens budgétaires pour permettre la réalisation des projets des personnels (financement et moyens de remplacement) ;
- des recrutements en nombre suffisant et qui attirent suffisamment.
Le SE-Unsa revendique un accès Ă
la classe exceptionnelle pour tous, un passage plus rapide Ă la
hors-classe, des rendez-vous de carrière et des entretiens RH mieux
répartis pour que les personnels soient accompagnés et pas seulement
évalués.
Il demande
également une attention particulière aux personnels oubliés lors du PPCR
et qui vont partir en retraite sans mĂŞme avoir pu atteindre la
hors-classe ainsi que de vraies mesures transitoires pour tous ceux
ayant exercé des fonctions et missions particulières qui auraient dû
leur permettre d’accéder à la classe exceptionnelle.
Enfin,
le SE-Unsa demande une politique ambitieuse de gestion des ressources
humaines, avec un temps partiel de droit en cas de demande de retraite
progressive, des recrutements en nombre pour permettre d’une part les
remplacements indispensables à une fin de carrière aménagée et d’autre
part, une mobilité professionnelle des personnels qui ne soit pas sans
cesse empĂŞchĂ©e pour « nĂ©cessitĂ© de service ».
Une
vraie gestion des ressources humaines ne doit pas ĂŞtre une gestion de
la pénurie, ce doit être un accompagnement humain des personnels tout au
long de leur carrière. Pour cela, le ministre doit se donner les moyens
de ses ambitions ou alors les discussions en cours se rĂ©sumeront Ă
beaucoup de bruit pour rien.