SECTION SE-Unsa de l'AIN - 5 BIS AV DES BELGES - 01000 BOURG EN BRESSE
Tél. 04 74 21 25 12 - 01@se-unsa.org

 
« Choc des savoirs » : les groupes de niveau au collège, une mesure inefficace
Article publié le jeudi 7 décembre 2023.
  • Lnk_facebook
  • Lnk_google
  • Lnk_twitter
 Le rapport de la mission « Choc des Savoirs » propose pour le collège « une organisation en groupes de niveau […] en mathĂ©matiques et en français, sur un tiers des horaires de ces disciplines entre la 6e et la 3e, en trois groupes de niveaux (identification Ă  partir des Ă©valuations nationales et tests de positionnement fournis aux Ă©quipes enseignantes par la Depp). »
 
 
Des groupes de niveau VS des groupes de besoin
 
On est clairement sur des groupes de niveau (bons, moyens, faibles) et non des groupes de besoin puisque ceux-ci ne sont pas corrĂ©lĂ©s au niveau de maĂ®trise d’une notion ou d’une compĂ©tence particulière Ă  renforcer mais d’un niveau moyen imprĂ©cis. Or, la recherche a montrĂ© depuis longtemps que cette mesure irait Ă  l’encontre de l’objectif recherchĂ© d’amĂ©liorer l’efficacitĂ© de notre Ă©cole en Ă©levant le niveau gĂ©nĂ©ral des Ă©lèves. 
 
En effet, la synthèse du Cnesco sur la diffĂ©renciation pĂ©dagogique (2017)* Ă©tudie les mĂ©canismes de diffĂ©renciation structurelle, tels que le redoublement, les classes de niveau, les filières, et explore les rĂ©sultats de recherches sur leurs effets. Elle souligne que le redoublement, bien que parfois observĂ© comme une amĂ©lioration Ă  court terme, se rĂ©vèle inefficace et prĂ©judiciable Ă  long terme, accentuant les inĂ©galitĂ©s socio-affectives. De mĂŞme, le regroupement des Ă©lèves par aptitude en classes de niveau ne montre pas d’effet spĂ©cifique sur la qualitĂ© des apprentissages mais creuse les inĂ©galitĂ©s entre les classes.
 
Les recherches suggèrent que les systèmes Ă©ducatifs les plus diffĂ©renciĂ©s prĂ©sentent des performances moins bonnes, des Ă©carts plus marquĂ©s entre Ă©lèves forts et faibles et accroissent les inĂ©galitĂ©s sociales. La synthèse conclut en mettant en avant l’importance de la diffusion des connaissances scientifiques sur ces rĂ©sultats, soulignant que le passage d’une logique de diffĂ©renciation Ă  une logique d’intĂ©gration nĂ©cessite des convictions et des valeurs politiques fortes.
 
Si des moments ponctuels en groupes de besoin peuvent avoir leur utilitĂ©, l’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© des niveaux mais aussi des milieux socio-culturels, des âges, des sexes… rĂ©pond non seulement aux valeurs portĂ©es par l’École rĂ©publicaine mais aussi Ă  l’exigence des savoirs. Une typologie des groupes de travail comme celle-ci** peut aider Ă  repĂ©rer quand, comment et pourquoi mettre les Ă©lèves en groupe.
 
 
Des classes hétérogènes plutôt que des classes de niveau
 
Voici les principaux arguments en faveur des classes hĂ©tĂ©rogènes, appuyĂ©s sur la recherche : 
 
Diversité des compétences
Des Ă©tudes telles que celle menĂ©e par Cohen et Lotan (2014) ont dĂ©montrĂ© que la diversitĂ© des compĂ©tences dans une classe favorise un apprentissage plus riche et une comprĂ©hension approfondie des concepts, tout en prĂ©parant les Ă©lèves Ă  travailler efficacement dans des environnements divers.
 
Inclusion sociale
Les recherches de Salend et Duhaney (1999) mettent en Ă©vidence que les classes hĂ©tĂ©rogènes contribuent Ă  rĂ©duire les barrières sociales et Ă  favoriser un environnement inclusif oĂą chaque Ă©lève se sent acceptĂ©, renforçant ainsi l’estime de soi et la confiance.
 
Adaptabilité aux différents styles d’apprentissage
Les travaux de Tomlinson et Allan (2000) ont montrĂ© que la diffĂ©renciation pĂ©dagogique dans des classes hĂ©tĂ©rogènes permet une adaptation plus efficace aux diffĂ©rents styles d’apprentissage, maximisant ainsi l’engagement des Ă©lèves et leur rĂ©ussite acadĂ©mique.
 
Préparation à la diversité du monde réel
Les Ă©tudes de Banks et Banks (1995) soulignent que les classes hĂ©tĂ©rogènes prĂ©parent les Ă©lèves Ă  vivre dans une sociĂ©tĂ© diversifiĂ©e, en favorisant la comprĂ©hension interculturelle et en dĂ©veloppant des compĂ©tences cruciales pour la collaboration dans un monde globalisĂ©.
 
Développement de l’empathie
Les recherches de Hoffman (2000) suggèrent que les enfants Ă©voluant dans des environnements hĂ©tĂ©rogènes dĂ©veloppent une empathie plus prononcĂ©e envers leurs pairs, favorisant ainsi un climat de classe plus harmonieux et bienveillant.
 
Motivation intrinsèque
Les travaux de Deci et Ryan (1985) ont montrĂ© que les environnements qui valorisent la diversitĂ© des compĂ©tences individuelles renforcent la motivation intrinsèque des Ă©lèves, les encourageant Ă  s’investir davantage dans leur apprentissage.
 
Le travail de Marie Duru-Bellat et Alain Mingat montrait dĂ©jĂ  en 1997 que regrouper les collĂ©giens par niveau est une pratique contre-productive, leur article s’intitule d’ailleurs : La constitution de classes de niveau dans les collèges : les effets pervers d’une pratique Ă  visĂ©e Ă©galisatrice***
 

L’avis du SE-Unsa
 
Les coordinateurs de la mission Ă©crivent avoir conscience que cette mesure ne manquera pas de dĂ©clencher les critiques de ceux qui y verront un risque de stigmatisation des Ă©lèves et d’« Ă©cole du tri », ce qui est la position du SE-Unsa.
Pour le SE-Unsa, il n’est pas acceptable que cette mesure, que l’on sait inefficace, soit considérée comme étant la seule envisageable.
 
 
 
 
>> Lire aussi :
 
 
PĂ©tition
 
Nos campagnes
 
Santé
 
Aides spécifiques
 
Mouvement
 
Conditions de travail
 
Concours
 
Cliquez pour agrandir
Prendre un rendez-vous
RDV