Inscription obligatoire au programme pHARe : une nécessité qui mérite d’être mieux accompagnée
Article publié le mardi 7 novembre 2023.
Depuis
dix ans, le ministère démultiplie les dispositifs de lutte contre le
harcèlement entre élèves. Des assises contre le harcèlement scolaire en
2011 à la création du programme pHARe en passant par le dispositif "Non
au harcèlement" en 2019, le ministère a tâtonné longtemps avant de
passer à la vitesse supérieure. La disparition tragique de plusieurs
adolescents victimes de harcèlement a précipité les choses à la rentrée.
Pour le SE-Unsa, il est fondamental que l’institution s’investisse dans
la lutte contre le harcèlement scolaire pour aider tous les personnels
et tous les élèves sans exception.
La mise en oeuvre du programme
Dernier né d’une longue série, le programme pHARe a vu le jour en 2021. Ce plan de prévention repose sur :
- une Ă©quipe ressource ( 5
référents par circonscription pour les écoles) pour établir le protocole
de prise en charge des situations de harcèlement, former les personnels
et sensibiliser l’ensemble de la communauté éducative. Ces personnels
sont censés être formés par l’employeur à hauteur de huit journées sur
deux années.
- un coordonnateur par collège
- une Ă©quipe programme au
niveau de chaque école, collège, lycée pour assurer la programmation des
dix séances par an pour tous les élèves du CP à la terminale sur la
prévention du harcèlement et le développement des compétences
psychosociales.
- des élèves ambassadeurs formés dans le
second degré pour participer à des actions de prévention auprès des
élèves et à des actions de sensibilisation auprès des familles (10
élèves maximum).
- une plate-forme digitale qui rassemble tous les contenus Ă©ducatifs et les outils de suivi.
L’inscription au programme pHARe
donne lieu Ă la labellisation de niveau 1, 2 ou 3 (engagement,
approfondissement, expertise) qui doit être évaluée chaque fin d’année
scolaire.
Les écoles et établissements signataires s’engagent à constituer les équipes ressources et/ou programme, mettre en place les 10 heures annuelles auprès des élèves, participer à la journée Non au harcèlement (NAH),
Ă la journĂ©e de lutte contre le cyber harcèlement et au concours NAH, Ă
mettre en place un atelier de sensibilisation pour les familles.
Des questions légitimes
La
pénurie des moyens de remplacement nous amène à nous interroger sur
l’effectivité de la désignation et de la formation des personnes
ressources. Encore une fois, sur ce sujet, nous craignons une mise en
place à géométrie variable selon les territoires.
La
vidéo de présentation du programme pHARe s’ouvre sur le fait que, par
ce programme, l’État renforce les moyens pour les écoles et les
établissements afin de lutter contre le harcèlement scolaire. Or dans ce
domaine, comme dans d’autres, nous constatons que le déploiement se
fait Ă moyens constants.
Le
passage d’un niveau à l’autre de labellisation nécessite une évaluation
annuelle. Nous nous interrogeons sur ce qui permet réellement d’évaluer
l’efficience des actions mises en place dans une école ou dans un
établissement. Les grilles d’auto-évaluation nouvellement arrivées dans
le paysage pourront peut-être constituer un élément de bilan.
Avec
une mallette des parents dénuée d’outils sur la plateforme nationale,
on peut s’interroger sur les ressources mobilisables pour accompagner
les Ă©quipes lors de ce temps de sensibilisation des familles qui doit
être vécu en toute sérénité par les personnels.
Pour
le SE-Unsa, il est nécessaire que l’institution s’engage pleinement
dans la lutte contre le harcèlement pour protéger et aider tous les
personnels et tous les élèves sans distinction. Ainsi l’obligation
répond à cette exigence.
NĂ©anmoins,
le SE-Unsa regrette beaucoup que la question de l’inscription
obligatoire au programme pHARe pour toute Ă©cole et tout Ă©tablissement
n’ait pas été abordée au cours des discussions sur le plan harcèlement.
En effet, l’inscription obligatoire engage chacun et chacune sans pour
autant leur garantir l’accompagnement et la formation indispensables.
Au
regard des enjeux importants de la lutte contre le harcèlement entre
élèves, le dispositif doit s’attacher à rassurer et non inquiéter.