Jeudi
19 octobre, le SE-Unsa a été reçu par Gabriel Attal pour porter à la
connaissance du ministre les priorités qui doivent être celles de
l’École aujourd’hui.
Cette audience a été l’occasion de revenir sur l’annonce du ministre lors de la Journée mondiale des enseignants
sur sa mission « Exigences des savoirs » oĂą le savoir est placĂ© au
centre, où l’enseignant a autorité car il est celui qui sait et l’élève
celui qui ne sait pas.
Pour le
SE-Unsa, si le soutien en français et mathĂ©matiques doit continuer Ă
bénéficier d’aménagements spécifiques pour aider les plus fragiles, ces
deux disciplines ne sont en rien la clé à des élèves qui s’émancipent et
trouvent en l’École les repères nécessaires d’une société plus juste.
Des priorités plus loin des médias mais plus près des besoins
Le
SE-Unsa a rappelé au ministre son souhait de retravailler rapidement
une nouvelle carte de l’éducation prioritaire qui puisse prendre en
compte les écoles et établissements qui n’y sont pas actuellement mais
dont les indicateurs (IPS, résultats des évaluations nationales ou des
examens) devraient leur permettre d’intégrer les réseaux, une carte qui
prenne en compte les écoles orphelines et enfin une carte qui intègre
les lycées.
Le SE-Unsa a aussi
rappelé au ministre que la carte de l’éducation prioritaire ne peut pas
se confondre avec la carte des quartiers politique de la ville
(QPV) qui va être redessinée. Le ministre dit vouloir attendre la
nouvelle liste des QPV pour refondre la carte de l’éducation prioritaire
mais sans que ces deux se confondent. Il dit avoir conscience qu’il
existe des réseaux d’éducation prioritaire dans l’espace rural, mais que
la nouvelle carte ne sera prête que pour la rentrée 2025.
Le
SE-Unsa a porté auprès du ministre que l’École, notamment dans le
premier degré, est à un point de rupture sur la question de l’École
inclusive, que de nombreux collègues pourraient en venir Ă « la
rejeter » tant les conditions d’accueil de certaines difficultĂ©s rendent
le métier et l’apprentissage impossibles et même dangereux pour les
personnels et pour leurs élèves.
Pour
Ă©viter une telle issue dommageable, le SE-Unsa demande notamment des
personnels en appui des enseignants pour prendre en charge les Ă©lèves Ă
besoins Ă©ducatifs particuliers qui en ont besoin, mais aussi des Rased.
Le SE-Unsa a rappelé que l’École inclusive ne pouvait pas se construire
sans les personnels, ce qui implique des groupes de travail sur les
mesures de la Conférene national du handicap. Le ministre répond à cela
que les Pial ne sont que des structures de gestion des AESH et que les
pôles d’appui à la soclarité (PAS) permettront d’apporter ce soutien aux
personnels et de faciliter les démarches des familles. Des groupes de
travail interministériels avec les organisations syndicales sont prévus,
le SE-Unsa y prendra toute sa part.
Enfin, le SE-Unsa a rappelé au ministre son opposition à la suppression de la technologie en 6e et
que la revalorisation prévue de la discipline n’était pas au
rendez-vous. Les nouveaux programmes du cycle 4 en discussion ne
revalorisent pas la discipline. Le ministre reconnait une annonce
brutale et qui ne lui convient pas.
Laïcité : plus que jamais d’actualité, mais à quel prix !
Depuis l’affaire de
Creil, le sujet de la laïcité au sein de l’École tend à répondre à des
situations de crise sociétale. Le SE-Unsa a alerté le ministre sur la
dérive de toujours associer la laïcité avec un combat contre les
comportements et dérives contraires au principe qui se développent au
sein de la société. À l’École, le travail doit porter sur la liberté de
conscience et la nécessaire émancipation.
Depuis
2017, sont recensées les atteintes à la laïcité. L’an dernier, 41 % de
ces atteintes concernaient des signes religieux. 45 % Ă©taient des
contestations sur les contenus, les activités, du prosélytisme.
Celles-ci empĂŞchent les personnels de faire leur travail dans de bonnes
conditions et tendent à développer l’autocensure. Or, on ne propose pas
grand-chose comme solutions sur cette problématique. Le SE-Unsa a
rappelé que le suivi des signalements était important pour que les
personnels soient rassurés et soutenus par leur hiérarchie.
Enfin, le SE-Unsa a procuré au ministre l’enquête du Cnal de mai 2023 pour lui faire part de points saillants :
- besoin de davantage de reconnaissance institutionnelle (sur la carrière, la rémunération) quand un personnel s’engage dans des projets liés à la laïcité,
- besoin de travailler sur la mixité sociale car les chiffres montrent bien que l’autocensure et les difficultés sont exacerbées en éducation prioritaire.
Le ministre dit vouloir
interroger les représentants des personnels sur la refonte des
programmes d’EMC. Il pense aussi proposer qu’en cas de frein, de
situation difficile pour « parler laĂŻcitĂ© », des personnels extĂ©rieurs
puissent, avec l’accord de l’enseignant, co-intervenir en classe pour
aider ce dernier. Le SE-Unsa a rappelĂ© que ce dispositif existant Ă©tait Ă
renforcer et que les ressources Ă©taient souvent insuffisantes et mal
connues des personnels.