Était-il
pertinent de faire de la Journée mondiale des enseignants une mise en
scène pour redorer le métier ? Pour le ministre de l’Éducation nationale
et de la Jeunesse, c’était opportun puisqu’ambitieux de faire de
nouvelles annonces pour l’École à la française. Pour les enseignants, c’était moins un hommage qu’une description très réductrice de leur métier.
Une chose est sûre : l’annonce d’une mission Exigences des savoirs et
la remise en question des programmes actuels laissent d’avantage
envisager une nouvelle perturbation du métier des enseignants, et par
conséquent des conditions d’apprentissage des élèves, qu’un contexte
propice Ă attirer de futurs enseignants ou rassurer les actuels.
Pour
le SE-Unsa, l’École ne peut se borner à transmettre des savoirs, sauf
si l’on considère que son rôle est d’instruire, comme du temps où l’on
avait un ministre de l’instruction publique. De même, prétendre que
l’Ecole seule détient et dispense les connaissances pour chaque élève
relève de l’imaginaire.
Éduquer,
c’est permettre d’acquérir des savoirs, mais c’est aussi et surtout
donner les clés pour aller chercher dans et hors de l’école le savoir
utile au projet de chacun. Éduquer c’est éveiller la curiosité pour
aller découvrir et comprendre le monde dans lequel on va grandir et
vivre. Éduquer c’est aussi bien sûr apprendre à connaître et comprendre
l’autre pour une société unie.
Mais
alors quel savoir savant faut-il pour résoudre l’équation que le
ministre pose : donner les mêmes chances à tous les élèves, quel que
soit leur bagage initial, tout en s’appuyant sur des groupes de niveau
dès la 6e. Pour le SE-Unsa, cela ne s’appelle pas le collège modulaire mais un collège qui sépare et prédétermine.
Peut-ĂŞtre
est-ce l’autre idée ministérielle, celle d’uniformiser les manuels, qui
viendrait remettre un peu d’égalité ? Sûrement pas puisque c’est bien
la diversité des supports pédagogiques qui permet d’adapter
l’enseignement aux besoins de chaque élève.
L’égalité
des contenus est une réponse bien simpliste à l’enjeu de l’égalité des
chances. Tout comme la prédominance des savoirs qui est une réponse bien
pauvre et surtout très ancienne pour des Ă©lèves que l’on doit prĂ©parer Ă
vivre dans la société du XXIe siècle.