Le
président de la République et le ministre ont décidé de mettre le
paquet sur le remplacement de courte durée dans les établissements. Si
la question des heures d’enseignements non assurées est une question
importante, pour le SE-Unsa, elle ne saurait constituer Ă elle seule le
cœur des enjeux de notre système éducatif et encore moins tenir lieu de
politique Ă©ducative.
Et les droits des personnels ?
Le
plan annuel du remplacement de courte durée (RCD) va mobiliser une
partie de l’énergie du conseil pédagogique et des établissements. En
effet, ce plan est un outil qui doit protéger et accompagner les
collègues sur la question du RCD. À l’inverse, il ne doit en aucune
façon aller à l’encontre du droit des personnels.
Ce
plan n’est pas une porte ouverte à tout sous couvert de continuité
pédagogique. Pour le SE-Unsa, il était donc essentiel que l’espace de
dialogue qu’est le conseil pédagogique au sein des EPLE soit au cœur de
son processus de construction. Pour le SE-Unsa, ce plan doit Ă©galement
contraindre le moins possible. Le RCD n’est pas nouveau et dans les
Ă©tablissements oĂą il Ă©tait mis en place, il Ă©tait le plus efficace
lorsque sa formalisation (quand formalisation il y avait) Ă©tait la moins
précise. La liberté et la confiance en les équipes prévalaient alors.
DĂ©sorganisation et surcharge
La
désorganisation qu’entraîne la mise en place de ces créneaux
d’astreinte inquiète. Cela ne va pas dans le sens d’une amélioration des
conditions de vie au travail, a fortiori pour les personnels qui eux ne
pourront refuser ces remplacements comme les TZR inoccupés par exemple.
Cela va nécessairement créer des tensions dans les équipes
pédagogiques.
> > Le SE-Unsa accompagnera tous les collègues qui feraient l’objet de pression de la part de la hiérarchie
> > Le SE-Unsa accompagnera tous les collègues qui feraient l’objet de pression de la part de la hiérarchie
Du
côté des AED qui peuvent être également sollicités pour animer des
séquences pédagogiques, faire croire qu’une heure devant une séquence
vidéo pédagogique peut remplacer une heure de cours est une forfaiture.
De plus, l’accroissement de la charge de travail des CPE et AED au
détriment de leur travail ordinaire les empêchera pour partie
d’accomplir le reste de leurs missions. La désorganisation va d’ailleurs
beaucoup plus loin, car la mobilisation des AED pour surveiller les
heures de RCD va désorganiser les vies scolaires.
L’hypocrisie
des annonces est réelle quand on affirme que la lutte contre le
harcèlement est une priorité absolue et que, dans le même temps, on
réduit les effectifs de vie scolaire dans les établissements et que l’on
alourdit leur charge de travail. L’équation n’est dĂ©cidĂ©ment pas Ă
l’équilibre.
Dommages collatéraux
Le
plan RCD 2023 va par ailleurs générer des effets néfastes sur la vie
des personnels et des établissements. Le ministère a enjoint les chefs
d’établissement à soumettre certaines autorisations d’absence, quand
elles ne sont pas de droit, ainsi que les dĂ©parts en formation Ă
l’organisation préalable des conditions de remplacement. De plus, la
note de service interdit la possibilité de l’auto-remplacement dans le
cadre du Pacte, ce qui aurait pourtant été la solution la plus
pertinente tant pour les professeurs que pour les élèves : le bon sens
en inaction !
Enfin,
l’autorisation des sorties scolaires risquant de se voir de plus en plus
soumise à l’organisation préalable du remplacement pour les élèves
impactés, ces sorties vont certainement se raréfier. En effet, les
équipes vont certainement se détourner de leur organisation, s’évitant
ainsi un casse-tête, et cela conduira à la réduction drastique de ces
moments pédagogiques pourtant indispensables.
Et tout cela pour quoi ? Pour satisfaire une lubie présidentielle des objectifs chiffrés de remplacement.
Et tout cela pour quoi ? Pour satisfaire une lubie présidentielle des objectifs chiffrés de remplacement.
L’avis du SE-Unsa
Pour
le SE-Unsa, le "jeu" n’en vaut véritablement pas la chandelle. Les
conditions de mise en œuvre à marche forcée du Pacte ainsi que les
pressions qui s’exercent déjà sur les chefs d’établissement risquent de
se répercuter et de provoquer de nombreuses tensions dans les
Ă©tablissements.
La mise en place
du RCD aura un coût particulièrement élevé en énergie, qui aura
notamment pour conséquence la dégradation du climat de travail des
Ă©tablissements.
Paradoxalement,
afin d’atteindre des objectifs purement politiques, le ministère, en
voulant extraire une épine du pied, prend le risque de gangréner la
jambe.