France Stratégie, organe dépendant de Matignon, a publié un rapport montrant
le rôle de l’origine sociale, du genre et de l’ascendance migratoire
sur les parcours éducatifs des élèves, de la petite enfance à l’entrée
dans le supérieur. Si nous n’y apprenons rien de ce que nous
connaissions déjà sur la mécanique inégalitaire de notre système
éducatif et son déterminisme inhérent, ce rapport nous donne cependant
des arguments, si cela était nécessaire, pour demander encore des
comptes au gouvernement sur la politique publique qu’il met en œuvre.
Le poids de l’origine sociale
Dans son rapport paru début septembre, France Stratégie
dévoile qu’entre le genre, l’ascendance migratoire et l’origine
sociale, c’est cette dernière qui pèse le plus sur les trajectoires des
élèves. Cela place la France parmi les pays les moins performants de
l’OCDE. Dès l’entrée à l’école, les différences entre élèves, suivant
les milieux dont ils sont issus, existent et mĂŞme si la maternelle est
bénéfique aux enfants issus des familles les plus défavorisées, elle
peine à endiguer des inégalités qui ne cessent de croître tout au long
de la scolarité.
L’ascenceur en panne
Les
inĂ©galitĂ©s dues Ă l’origine sociale jouent sur le parcours des Ă©lèves Ă
différents niveaux : les élèves issus des milieux défavorisés font des
études moins longues, choisissent des cursus débouchant sur des emplois
moins rĂ©munĂ©rateurs ou moins « prestigieux » et avant cela, ont plus de
risques de redoubler que les élèves d’origine favorisée. L’ascendance
migratoire joue également un rôle sur la scolarité des élèves : les
enfants de deux parents immigrés sont plus nombreux en SEGPA et sortent
plus souvent non diplômés du système scolaire que les enfants sans
ascendance migratoire.
L’inégalités des genres
Le
genre reste le deuxième facteur d’inégalités mais il a une influence
paradoxale. En effet, même si les filles sortent plus diplômées que les
garçons, elles s’orientent moins vers les filières considérées comme
prestigieuses et sélectives. Les choix d’orientation qui s’opèrent sont
dus, d’après le rapport, à un long processus de construction qui
commence dès la petite enfance.
L’avis du SE-Unsa
Ce
rapport ne nous apprend malheureusement rien de nouveau mais il met en
relief des problèmes systémiques que le SE-Unsa n’a cessé, et continue
de dénoncer. Le manque de mixité, la ghettoïsation de certains
Ă©tablissements, la disparition des RASED, les effectifs trop importants
(à l’exception des classes dédoublées), la non révision de la carte de
l’éducation prioritaire sont autant de facteurs qui font que la France
ne parvient pas, via son système éducatif, à réduire les
inégalités. Le dévoilement des IPS* l’an dernier a également montré le
poids de l’enseignement privé dans le séparatisme.
Les
politiques Ă©ducatives mises en place depuis 2017 ne vont pas dans le
bon sens. À bas bruit au commencement mais de façon criante aujourd’hui,
des injustices insupportables se sont installĂ©es. Elles risquent, Ă
terme, d’impacter le climat social ; les émeutes qui ont eu lieu en juin
n’en étant qu’un stigmate.
La
déploration ne suffit plus et ne résout rien. Même si l’École ne peut
pas tout, le SE-Unsa considère que si on lui en donne les moyens, elle
peut élargir les perspectives d’avenir de chaque élève qu’elle scolarise
et ainsi donner la possibilité à chacun de construire un parcours au
plus près de ses aspirations. C’est sa mission première.
*Indice de positionnement social