Après avoir institué, sous le ministère Blanquer, la confusion
entre sport et EPS, désormais bien établie, Emmanuel Macron a décidé
d’ajouter l’activité physique et sportive des élèves à la liste des
fondamentaux auxquels l’École, son « domaine rĂ©servĂ© », doit donner la
priorité.
Le président rêve, à moins d’un an des
Jeux olympiques et paralympiques, d’une « nation sportive », dont la
construction commence à l’école : 30 minutes d’activité physique
quotidienne en primaire, 2 h de sport en plus au collège… Autant de
dispositifs axés vers un sport-santé, très en vogue depuis la pandémie
de Covid, mais aussi vers un sport utile, comme vient de l’affirmer E.
Macron. Si le test d’aptitude en sixième doit mesurer les bienfaits du
sport sur la santé des élèves, pour le SE-Unsa, il n’a pas sa place au
collège en cours d’EPS. C’est la médecine scolaire qui doit le prendre
en charge.
Estimant qu’un élève apprend mieux grâce au sport,
le président a évoqué l’idée de faire faire du sport en début de journée
aux élèves les plus agités, afin de les mettre en conditions
d’apprentissage. L’EPS pour mieux appréhender le cours de mathématiques,
il fallait y penser !
Pour le SE-Unsa, ces propos
simplistes témoignent une fois encore de la méconnaissance totale de la
réalité du terrain de la part d’un président qui s’est pourtant
approprié l’École. On redoute les effets d’un tel discours sur la
communauté éducative : instrumentalisation et réduction de l’EPS à la
canalisation des élèves perturbateurs et à la prévention de l’obésité
chez les jeunes, financement par le Pacte d’une externalisation de la
pratique physique et sportive sur le temps périscolaire, mépris des
enseignants d’EPS qu’il convient d’ « outiller », suggĂ©rant ainsi que
ces derniers ne connaissent pas leur métier.
Pour
le SE-Unsa, brandir le sport à l’école comme solution aux problèmes de
santé et de comportement en multipliant les dispositifs et les
évaluations n’a aucun sens. Il serait temps de considérer et valoriser
l’existant : l’EPS, enseignement obligatoire qui apprend aux Ă©lèves Ă
mieux être, à mieux se connaître et à se dépasser, sans esprit de
compétition, et le sport scolaire et ses fédérations qui permettent aux
jeunes d’approfondir leur pratique physique à travers l’exercice d’un
sport citoyen.