Le
président Macron s’est récemment beaucoup exprimé sur l’École, dont il a
fait son « domaine rĂ©servĂ© ». Il a abordĂ© de nombreux sujets, parmi
lesquels l’activité physique et sportive de nos élèves, qu’il entend
bien accroître et développer à coup de mesures radicales. Des annonces
qui font la part belle au sport au détriment de l’EPS, encore une fois
négligée et méprisée.
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moins d’un an des Jeux olympiques et paralympiques, Emmanuel Macron
veut faire de la France une « nation sportive », dont les fondations se
trouvent à l’École. La sédentarité constatée particulièrement chez les
jeunes suscite l’inquiétude du président, qui a décidé d’y remédier en
multipliant annonces et déclarations, sans tenir compte des spécificités
de l’EPS et de l’expertise des enseignants.
Renforcement des dispositifs 30 minutes d’activité physique quotidienne à l’école et 2 h de sport en plus au collège
Étendues
à l’ensemble du territoire à la rentrée 2022, les 30 minutes d’APQ
peinent à se développer dans encore 15 % des écoles, selon la ministre
des Sports. Un chiffre qui ne dit pas les difficultés rencontrées par
les enseignants dans les 85 % des écoles censées avoir mis en place le
dispositif depuis un an.
Quant
aux 2 h de sport en plus au collège, on se souvient que le prédécesseur
de Gabriel Attal avait annoncé leur généralisation en janvier dernier,
avant de limiter l’expérimentation à 700 collèges à la rentrée 2023,
soit 10 % des collèges du territoire.
Le
SE-Unsa reste convaincu que les 30 minutes d’APQ ne peuvent se
substituer Ă un temps de formation plus important des PE en EPS, qui
leur permettrait de se réapproprier la discipline et de l’enseigner dans
de meilleures conditions, sans qu’il soit question de la confier à des
acteurs du monde du sport. Le ministère doit redonner toute sa place Ă
l’Usep qui propose depuis longtemps une offre adaptée à l’école et mise
en Ĺ“uvre par des enseignants.
Le SE-Unsa répète que les 2 h de sport en plus au collège, qui ne s’adressent pas à tous les élèves, ne réduiront pas les inégalités d’accès aux équipements sportifs. Ce dispositif représente une externalisation des compétences des enseignants d’EPS, et une concurrence avec l’UNSS, porteuse d’un sport scolaire inclusif, mixte et égalitaire, et animé par les enseignants d’EPS, garants d’une cohérence pédagogique. La rémunération par le Pacte des PEPS engagés dans le dispositif des 2 heures est un détournement de la revalorisation inconditionnelle attendue par les enseignants qui s’investissent souvent au-delà de leur temps de service au sein de l’association sportive. Le dispositif risque de remettre en cause cet investissement en augmentant encore le temps de travail des enseignants d’EPS, déjà très conséquent.
Les 5 000 terrains Génération 2024
Le
président a engagé 300 millions d’euros sur 3 ans (dont un tiers de la
somme dès 2024) dĂ©volus Ă « des infrastructures associĂ©es Ă des projets
pĂ©dagogiques ».
3 000 de ces
« terrains » seront en fait des Ă©quipements sportifs lĂ©gers qui ne
permettront qu’un nombre limité d’activités, et ne résoudront pas la
pénurie d’infrastructures et l’insalubrité dont souffrent certaines.
Seuls 500 gymnases ou piscines se verront construits ou rénovés au cours
des trois prochaines années.
Le
SE-Unsa continue de réclamer de nouvelles infrastructures pour un accès
de tous les élèves à la pratique physique et sportive, mais aussi un
véritable plan de rénovation des infrastructures existantes accompagné
de moyens, respectueuse des contraintes Ă©cologiques et en concertation
avec les enseignants d’EPS.
Tests d’aptitude physique pour les élèves de 6e
E. Macron souhaite mieux évaluer l’évolution de la condition physique des jeunes avec la mise en place de tests d’aptitude physique en 6e, visant à faire connaître les possibilités d’activités sportives de proximité adaptées à chacun et qui seront menés selon des modalités discutées avec la communauté médicale et les enseignants d’EPS.
Pour
le SE-Unsa, des tests d’aptitude physique n’ont pas leur place en cours
d’EPS qui, faut-il le rappeler au président, est une discipline à part
entière, avec son programme et ses exigences. Un enseignant d’EPS n’a
pas vocation à se substituer à un médecin scolaire.
Une
fois encore, l’obsession de l’évaluation et du chiffre du président de
la République prend le pas sur l’exigence de qualité qui est au cœur des
préoccupations de tout enseignant. Les enseignants d’EPS ont le souci
de la pratique physique et sportive de tous leurs élèves, quel que soit
leur âge, ainsi que de leur santé, comme précisé dans les programmes.
25 000 places en « sport Ă©tude »
Enfin, le chef de l’État souhaite accroître progressivement et massivement le nombre de places en sport étude, pour passer de 10 000 à 25 000 places, afin d’accompagner les futurs sportifs de haut niveau d’ici 2026.
Le
SE-Unsa rappelle que les sections sportives (qui ont depuis longtemps
remplacĂ© le terme « sport Ă©tude ») sont animĂ©es par des enseignants
d’EPS qui doivent avoir les moyens de s’y consacrer. Les mesures
annoncées et la multiplication des tâches ne doivent pas compromettre
leur investissement. Afin de se tourner vers ces sections, les élèves
doivent développer leur appétence pour la pratique physique et sportive
auprès de leurs enseignants et au sein de l’école dès le primaire et
tout au long de la scolarité. Les dispositifs visant à externaliser
cette pratique n’ont qu’un caractère facultatif et n’intéresseront que
les élèves déjà aguerris à l’activité physique et sportive.
L’avis du SE-Unsa
Le
SE-Unsa dénonce l’empilement de dispositifs inégalitaires et éloignés
de l’École, ainsi que les annonces qui ne tiennent pas compte de la
réalité du terrain et ne valorisent pas les enseignants.
L’éducation physique est sportive est une discipline d’enseignement, elle ne doit pas être confondue avec le sport à des fins opportunistes, motivées par les Jeux olympiques et paralympiques de 2024. L’héritage des Jeux n’existera qu’avec l’implication des enseignants, professeurs des écoles comme professeurs d’EPS, auxquels il est nécessaire de redonner respect et confiance dans une institution qui les ignore depuis trop longtemps.
Le SE-Unsa veillera à ce que les enseignants trouvent leur place dans une politique éducative trop éloignée de leurs préoccupations et qui ne tient compte ni de leurs compétences, ni de leur implication auprès de leurs élèves.
L’éducation physique est sportive est une discipline d’enseignement, elle ne doit pas être confondue avec le sport à des fins opportunistes, motivées par les Jeux olympiques et paralympiques de 2024. L’héritage des Jeux n’existera qu’avec l’implication des enseignants, professeurs des écoles comme professeurs d’EPS, auxquels il est nécessaire de redonner respect et confiance dans une institution qui les ignore depuis trop longtemps.
Le SE-Unsa veillera à ce que les enseignants trouvent leur place dans une politique éducative trop éloignée de leurs préoccupations et qui ne tient compte ni de leurs compétences, ni de leur implication auprès de leurs élèves.