L’UNSA Éducation se donne pour responsabilité de représenter et défendre les personnels de l’Éducation nationale en toute lucidité sur le monde dans lequel évolue notre Ecole, parce que l’UNSA Éducation a conscience que toute exigence n’aura de sens et de poids que si elle prend en compte cette réalité.

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Aussi, l’UNSA Éducation souhaite en préambule de ce CSAMEN témoigner tout son soutien aux équipes de personnels et aux familles touchées par les violences inqualifiables de ces derniers jours. Voir anéantis des locaux ou du matériel que l’on a mis des années à acquérir, voir annuler des festivités de fin d’année qui ont demandé tout autant de travail et qui viennent clore des mois d’investissement avec les élèves, avec leurs familles, est plus que douloureux.

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L’UNSA Éducation condamne toute atteinte à notre Ecole, à nos institutions républicaines, comme elle ne tolère aucune atteinte au respect des personnes et des biens. Pour l’UNSA Éducation, tout appel à la haine et à une violence encore plus grande pour répondre aux expressions de colère et de perte totale de repères doit au même titre être condamné.

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L’UNSA Éducation veut un pays qui retrouve de l’unité et de la paix et appelle la justice à faire son travail et notre gouvernement à prendre toutes ses responsabilités.

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Si nous en appelons Ă  l’urgence de rĂ©action de notre employeur, c’est que nous sommes très inquiets. Il suffit de voir les dĂ©clarations portant sur l’École pour mesurer l’absence totale de rĂ©alisme et de considĂ©ration. Les dernières annonces de notre prĂ©sident mais aussi celles moins « populaires » de notre ministre ne contribuent en rien, sur la forme comme sur le fond, Ă  diminuer notre inquiĂ©tude.

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L’École est centrale dans la préparation de l’avenir d’une société, l’École est une clé pour sortir de crises sociétales et des injustices, mais l’École ne peut pas tout et elle nécessite des moyens pour jouer son rôle de réduction des inégalités.

Or l’École est malmenée, elle s’apprête à vivre une rentrée très difficile sur un plan fonctionnel et sur un plan moral.

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Si nous apprĂ©cions la dĂ©cision de notre direction des ressources humaines de recruter 100% des listes complĂ©mentaires du CRPE, nous savons d’ores et dĂ©jĂ  que la rentrĂ©e se fera avec un manque de personnels Ă©levĂ© dans tous les domaines. Le nombre très important de postes non pourvus aux diffĂ©rents concours, comme les dĂ©parts en cours de carrière en hausse de ces dernières annĂ©es, laisse prĂ©sager de lourdes difficultĂ©s de fonctionnement de notre système Ă©ducatif. La crise du recrutement qui n’épargne aucun mĂ©tier de l’éducation nationale est loin d’être rĂ©cente et des mesures de secours d’urgence comme le recours aux listes complĂ©mentaires ne seront aucunement suffisantes pour stopper l’hĂ©morragie. D’autant que rien dans les annonces de notre employeur ne laisse espĂ©rer que cette crise est mesurĂ©e Ă  sa juste gravitĂ© et que de bonnes rĂ©ponses vont ĂŞtre apportĂ©es.

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C’est mĂŞme tout l’inverse et le moral des personnels s’en trouve au plus bas. Il suffit de voir les chiffres du dernier baromètre de l’UNSA Éducation : 19% seulement conseilleraient leur mĂ©tier Ă  un jeune de leur entourage, encore 3 points de moins que l’an dernier. Ce ne sont pas les chiffres du baromètre de la Casden rĂ©alisĂ© aussi au printemps 2023 qui contredisent ou amenuisent ce constat puisque les chiffres les plus pessimistes d’une fonction publique en grande difficultĂ© sont ceux de l’Éducation nationale.

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Les dernières déclarations du président lors de son déplacement à Marseille, au-delà d’être dénuées de sens et de faisabilité, ont porté l’exaspération des personnels à leur paroxysme.

Accueil des enfants de 2 ans, accueil des élèves au collège sur une amplitude de 8h à 18h, accueil des élèves sur une partie des grandes vacances qui s’en trouveraient raccourcies, …

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Lutter contre l’échec scolaire et protĂ©ger les jeunes de la dĂ©linquance ne peut avoir pour rĂ©ponse sĂ©rieuse de faire venir les Ă©lèves plus longtemps en classe. L’École ne peut pas tout ! Elle est certes le tĂ©moin, et parfois le rĂ©ceptacle de la violence exprimĂ©e ou subie par les Ă©lèves, mais la dĂ©signer comme le lieu de rĂ©solution de tous les maux de la sociĂ©tĂ© rĂ©vèle une mĂ©connaissance de sa mission et pourrait la mettre en difficultĂ©. C’est aussi renvoyer beaucoup de culpabilitĂ© aux familles en rupture avec l’institution, en les dĂ©responsabilisant et en les Ă©loignant toujours plus de la nĂ©cessaire confiance en l’École.

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Encore une sortie prĂ©sidentielle qui va finir de transformer le creux important des candidats aux mĂ©tiers de l’École en un vĂ©ritable gouffre. Et ce n’est sĂ»rement pas en « dĂ©gradant » le niveau de recrutement de certains concours, distinctement d’autres concours, comme cela a Ă©tĂ© exprimĂ© par voie de presse pour le CRPE que les mĂ©tiers vont retrouver de l’attractivitĂ© et que le système s’en portera mieux.

L’UNSA Éducation ne cesse de dénoncer ces derniers mois la perte de vue de l’intérêt du service public d’Éducation, et surtout celui des élèves.

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L’UNSA Éducation le rĂ©pète : l’École et ses personnels sont en plein mal-ĂŞtre. Notre message d’il y a un an, Ă  la sortie d’une crise sanitaire très impactante et d’un ministre J.M. Blanquer Ă©puisant, n’a pas Ă©tĂ© entendu. En rĂ©ponse Ă  notre demande de laisser les personnels faire leur travail, de faire une pause dans les rĂ©formes et de cesser les injonctions et les annonces Ă -tout-va, nous terminons cette annĂ©e scolaire avec un sentiment pire d’écrasement et de mĂ©pris. Le courrier de la Dgesco adressĂ© ce vendredi 30 juin aux directeurs d’école, aux chefs d’établissement et aux inspecteurs de l’éducation nationale, leur demandant de faire remonter avant le 5 juillet des donnĂ©es pour mesurer l’adhĂ©sion de la profession au pacte, une consigne que le SE-UNSA, le SIEN UNSA et le SNPDEN UNSA ont appelĂ© Ă  ne pas suivre, en est un exemple des plus criants.

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L’École est fondamentale et précieuse, mais l’École est fragile. On ne joue pas avec elle. Elle a besoin de stabilité et de dialogue, et surtout qu’on lui donne les moyens d’offrir un droit à une éducation de qualité pour tous.