Article publié le mardi 30 mai 2023.
Les
établissements de l’Hérault et de l’académie de Toulouse ont reçu de la
part des services de police une demande d’évaluation du taux
d’absentéisme pour la journée du 21 avril, jour de la fin du ramadan. Le
fond et la forme de cette demande interrogent.
Une réglementation claire
Les
élèves sont soumis à l’obligation d’assiduité prévue par l’article
L.511-1 du Code de l’éducation. Toutefois, « des autorisations d’absence
doivent pouvoir être accordées aux élèves pour les grandes fêtes
religieuses qui ne coïncident pas avec un jour de congé et dont les
dates sont rappelĂ©es chaque annĂ©e par une instruction » (extrait de la
circulaire du 18/05/2004). La date du vendredi 21 avril, pour la fĂŞte de
l’Aïd El-Fitr, est indiquée dans le calendrier de l’année 2022/23.
Une communauté stigmatisée
En
respect de ce droit, on peut donc se questionner sur les motivations du
ministère de l’intérieur. Pourquoi a-t-il fait le choix d’un
recensement des élèves absents lors de cette journée ? Dans quel but ?
Alors qu’il a d’abord été question d’une évaluation du taux
d’absentĂ©isme pour connaĂ®tre « l’impact des fĂŞtes religieuses sur le
fonctionnement du service public et notamment celui de l’éducation », la
secrétaire d’État à la citoyenneté s’est ravisée lors d’une question au
gouvernement indiquant qu’il s’agissait d’une pratique régulière et
normale pour le « suivi des fĂŞtes religieuses dans la sphère publique ».
Or, la sphère publique et le service public sont deux entités où les
droits et les devoirs au regard de la laïcité ne sont pas les mêmes.
Encore
une fois, le ministre Darmanin dirige son action envers la communauté
musulmane. Cette stigmatisation nourrit et légitime davantage l’extrême
droite. La focalisation systématique du gouvernement sur l’Islam génère
des conséquences négatives sur les élèves concernés et complique la
tâche des enseignants qui leur présentent la laïcité comme un gain de
liberté.
L’avis du SE-Unsa
Le
SE-Unsa condamne cette demande du ministère de l’IntĂ©rieur qui va Ă
l’encontre du principe de laïcité et de ses applications à l’École. Les
élèves et les personnels ne doivent pas faire les frais de cette
exposition. De plus, la méthode, en s’affranchissant de la voie
institutionnelle et hiérarchique, donne une image affligeante du
pouvoir, nous rappelant des moments sombres de notre histoire.