Article publié le samedi 20 mai 2023.
Lors
de la conférence nationale du handicap du 26 avril, le président de la
RĂ©publique a fait des annonces sur la scolarisation des enfants en
situation de handicap. Celles-ci devraient constituer « l’acte 2 de
l’École inclusive ». Le SE-Unsa rappelle cependant que l’École inclusive
ne se résume pas à la scolarisation des élèves en situation de handicap
mais englobe bien tous les élèves à besoins éducatifs particuliers.
Ces
annonces doivent maintenant être précisées et surtout travaillées avec
les reprĂ©sentants des personnels qui, jusque-lĂ , n’ont pas Ă©tĂ© associĂ©s Ă
ces prises de dĂ©cision. L’ « acte 2 » de l’École inclusive ne peut se
faire sans concertation.
Des problématiques entendues
Les
annoncent du président montrent que les problématiques maintes fois
répétées par le SE-Unsa sont enfin entendues mais les réponses apportées
interrogent et inquiètent.
En effet, l’exécutif semble avoir enfin identifié que :
- Pour certains élèves handicapés, la
scolarisation sans les aides spécifiques nécessaires, en particulier en
matière de soins, ne répond ni à leurs besoins, ni aux capacités de
l’École.
- Les Pial sont restés des outils de
gestion, souvent au détriment des conditions d’emploi des AESH, bien
plus que des structures permettant les partenariats nécessaires à la
réussite de l’inclusion.
- Les accompagnantes et accompagnants
ont besoin d’être considérés comme des travailleurs qui ont besoin d’un
temps plein pour vivre de leur métier.
Néanmoins à ce stade, les annonces faites restent floues et pourraient engendrer de nouveaux problèmes.
Pial ou Pas : quelle différence ?
Les Pial deviendraient des pôles d’appui à la scolarité (PAS) avec de nouvelles missions.
Il
est envisageable, même si ce n’est pas clairement annoncé, que les AESH
ne soient plus affectés à un Pial mais directement dans les écoles, les
collèges et les lycées. Le PAS n’aurait peut-être plus ce rôle de
gestion des AESH.
Le
PAS servirait à identifier les besoin des élèves pour donner des
réponses de niveau 1 (aménagements pédagogiques, matériel adapté, appui
ponctuel de professionnels du soin). Reste Ă savoir qui composerait ces
PAS et avec quels moyens. Pour le moment on nous annonce la présence
d’un enseignant spécialisé, qui pour nous, ne pourra pas être retiré des
Rased.
L’École doit rester un lieu d’apprentissage, pas un lieu de soin
Du
personnel médico-social pourraient être affecté dans les PAS. Une chose
est sûre, le président annonce que ces personnels ont vocation à être
dans les murs de l’école. Mais leur place, en particulier celle des
professionnels du secteur libéral, dans les écoles, les collèges et les
lycées ne sont pas de nature à rassurer la profession. Si la prise en
charge médicale et socio-éducative est nécessaire pour certains enfants
et jeunes, l’École ne peut se transformer en lieu de soins ouverts aux
allers et venues d’une multitude d’acteurs éloignés de la culture de
l’École qui pourraient même vouloir intervenir dans les choix
pédagogiques.
Cette ouverture
fait également craindre une dérive vers une médicalisation accrue de la
difficulté scolaire tant la frontière est parfois ténue entre elle et la
reconnaissance de handicap. Les interventions des personnels ne peuvent
se faire au détriment des prises en charge en ESMS.
Pour
le SE-Unsa, l’École a besoin d’enseignants spĂ©cialisĂ©s pour participer Ă
la prise en charge des élèves en situation de handicap et de ceux en
grande difficulté scolaire. L’annonce d’enseignants référents dans
toutes les circonscriptions du premier degré et dans les établissements
du second degré ne répond pas à cette problématique.
Le SE-Unsa revendique une politique de réinvestissement dans les Rased dans le 1er degré et la création de dispositifs identiques dans le 2d degré, en particulier les collèges et les lycées professionnels.
Ne confondons pas les métiers d’AESH et d’AED
La
volonté de créer le nouveau métier d’accompagnant à la réussite
éducative (ARE) qui fusionnerait les actuels métiers d’AESH et d’AED
prend le risque de confondre les fonctions et les missions de chacun. Le
rôle d’un AESH n’est pas celui d’un AED et réciproquement. Chacun est
formé, même insuffisamment, pour un métier particulier qui ne doit pas
perdre son objectif.
Si
ce nouveau métier doit permettre de faire des contrats à temps plein,
l’ambition risque de ne pas être atteinte. Ce sont sur les mêmes temps
que la vie scolaire d’un lycée ou d’un collège a besoin d’AED et que les
AESH doivent accompagner les élèves en classe. Quid du 1er
degré ? Les ARE seront-ils aussi des aides à la direction ? Là aussi la
confusion des métiers et le chevauchement des emplois du temps
pourraient ĂŞtre le frein principal.
Le
SE-Unsa rappelle sa revendication d’un corps spécifique de
fonctionnaire qui permettra de garantir l’accès au Service public
d’éducation pour les élèves en situation de handicap ou à besoin
Ă©ducatif particulier.
Ne déstabilisons pas les vies scolaires
Le
nouveau métier d’accompagnant tel qu’il se dessine risque de
déstabiliser le fonctionnement des vies scolaires parce qu’elles
n’auront plus de personnels dédiés pour organiser le service. Les vies
scolaires ont besoin de personnels sur tout le temps hors enseignement
pour prendre en charge les élèves, pas seulement pendant les récréations
et la pause méridienne. Comment organiser le travail à la vie scolaire
si les heures de présence sont morcelées et si elles sont en dehors des
heures de présence des élèves ?
Si
les ARE sont affectés directement dans les collèges et les lycées, que
deviendra le rôle des CPE ? Ils sont aujourd’hui responsables de
l’organisation du service des AED, nous ne souhaitons pas que leurs
missions changent ni qu’ils deviennent les responsables de tous les ARE
avec une charge de travail alourdie.
Et les PsyEN dans tout ça ?
Le
président n’évoque pas les psychologues dans ces annonces. Or, ils sont
toute leur place pour faire des bilans psychologiques réalisés au sein
de l’Éducation nationale pour constituer une saisine auprès des MDPH ou
pour intervenir auprès des enfants avec un trouble du neurodéveloppement
(participation Ă l’élaboration, Ă la mise en Ĺ“uvre, au suivi et Ă
l’évaluation de mesures d’aide individuelle ou collective appropriĂ©es Ă
leur situation).
Le SE-Unsa continuera à se battre pour qu’il y ait plus de PsyEN auprès des élèves.