Dans
une tribune parue dans le quotidien Le Monde daté du 9 avril 2023, Pap
Ndiaye, ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, et Amélie
Oudéa-Castéra, ministre des Sports et des JOP, dévoilent leurs projets
pour faire de la France une « nation sportive ». L’occasion d’évoquer Ă
nouveau le dispositif contestĂ© des « 2 h de sport supplĂ©mentaires au
collège ».
JOP et sport-santé : deux ministères contre la sédentarité
Le
ministère de l’Éducation nationale a beaucoup communiqué, ces deux
dernières années, sur la nécessité d’accroître et développer la pratique
physique et sportive des plus jeunes, au sortir d’une pandémie qui n’a
fait qu’accentuer la sédentarité de nos élèves.
Alors que vient de s’achever la 7e
Semaine des Jeux olympiques et paralympiques, notre ministre s’est
associé à son homologue des Sports pour rédiger une tribune à la gloire
des Jeux 2024 et de l’héritage qu’ils vont laisser à notre jeunesse.
L’occasion de remercier (enfin !) les PEPS qui se sont investis dans la
Semaine des JOP, ainsi que les « associations du sport scolaire » (sans
toutefois les nommer).
L’occasion,
aussi, de revenir sur les dispositifs qui servent le projet du
ministère de « rĂ©concilier l’exigence acadĂ©mique et la pratique
sportive, l’esprit et le corps, Descartes et Coubertin. » Pas moins.
Les Jeux au service de l’activité physique et sportive des élèves ou l’inverse ?
Le
sport, cause nationale 2024, est au centre de toutes les attentions Ă
un an des Jeux olympiques et paralympiques. Le coup d’envoi de l’année
olympique sera lancé dès la rentrée, qui sera, on le sait désormais,
« placĂ©e sous le signe de l’olympisme et du paralympisme ».
Après
la gĂ©nĂ©ralisation des trente minutes d’activitĂ© physique quotidienne Ă
l’école, mises en place avec plus ou moins de succès selon les
territoires, Pap Ndiaye avait annoncé, en janvier dernier, la
généralisation du dispositif des 2 h de sport supplémentaires au
collège, sur lequel nous n’avons jamais cessé d’émettre des réserves
(lire notre article).
Finalement, la généralisation n’aura pas lieu et demeurera à la rentrée
prochaine une expĂ©rimentation, Ă©tendue de 167 collèges cette annĂ©e Ă
700 l’année prochaine, soit environ 10 % de l’ensemble des collèges du
territoire.
Un
revirement qui interroge autant qu’il rassure : nous avons assez dit
qu’une généralisation qui ne s’accompagne pas de moyens pour la mettre
en œuvre ne réduira pas les inégalités entre établissements et entre
territoires. En outre, un dispositif expérimenté seulement quelques
semaines sur une poignée d’établissements, sans évaluation concertée ni
bilan chiffré, ne peut être décemment imposé à l’ensemble des collèges.
Autre
bonne nouvelle : le renforcement et la modernisation du Pass’Sport qui
permet l’accès à une pratique sportive moins chère. Pour autant, la
tribune ne dit pas si le Pass’Sport ouvrira enfin l’accès aux activités
de l’UNSS.
L’avis du SE-Unsa
Le
ministre de l’Éducation nationale, à l’instar de son prédécesseur,
renforce sa communication sur les Jeux Ă venir, en mettant en avant des
dispositifs contestés qui ne réduiront pas les inégalités et qui
reposent, pour certains, sur le volontariat des élèves comme des
enseignants.
Les 2 h de sport
supplémentaires au collège auraient du sens si elles s’appuyaient, comme
le souhaite le ministre, sur la complémentarité entre EPS et sport
scolaire. Mais en incluant dans l’opĂ©ration les « 180 000 clubs sportifs
de notre pays », Pap Ndiaye entretient le mĂ©lange des genres et la
confusion entre EPS, sport scolaire et sport en club, mais aussi, plus
largement, entre professeurs d’EPS et animateurs sportifs.
La
flamme des Jeux 2024 ne doit pas aveugler notre ministère, mais
éclairer plutôt l’ensemble des acteurs du sport à l’École, enseignants
d’EPS en tête, qui n’ont pas attendu les Olympiades pour éduquer leurs
élèves à la nécessité d’une pratique physique et sportive régulière.