La proposition de loi pour une École de la liberté, de l’égalité des chances et de la laïcité (PPL
Brisson) a été adoptée en première lecture par le Sénat. Le SE-Unsa est
fermement opposé à cette proposition de loi synonyme de démantèlement
du Service public d’éducation.
Cette
proposition de loi doit à présent être examinée par l’Assemblée
nationale (date inconnue Ă ce jour). Il y a peu de risques que ce texte
aboutisse à une loi car ni le gouvernement ni la gauche n’y sont
favorables.
Une autonomie des écoles à n’en plus finir
La
PPL Brisson fait le constat d’une crise de l’École qu’elle propose de
pallier par une plus grande autonomie des écoles au travers du statut
d’établissement public. Elle serait expérimentée dans les domaines
suivants :
- une autorité hiérarchique pour les directeurs à partir d’un certain nombre de classes ;
- le recrutement des élèves ;
- l’affectation des personnels ;
- l’allocation et l’utilisation des moyens budgétaires ;
- l’organisation pédagogique et les dispositifs d’accompagnement des élèves.
En contrepartie, des objectifs
seraient définis en matière de réussite et de mixité scolaires. Le
recteur pourrait résilier les contrats si les objectifs fixés n’étaient
pas atteints deux années consécutives.
Pour le SE-Unsa, les trois premiers points sont des lignes rouges Ă ne surtout pas franchir.
Un sauvetage des jardins d’enfants, des structures privées
Les
sénateurs veulent profiter de cette proposition de loi pour sauver les
structures privées que sont les jardins d’enfants. En effet, sans un
article spécifique de la PPL Brisson, ceux-ci ne pourront plus assurer
l’instruction des enfants de trois à six ans au-delà de l’année scolaire
2023-2024.
Pour
le SE-Unsa, cette dérogation concernant l’instruction des enfants de
trois à six ans n’a pas lieu d’être, et doit cesser le plus tôt
possible.
Une séparation de la formation des enseignants des 1er et 2d degrés
D’après
l’exposé des motifs, la PPL Brisson propose de séparer la formation des
professeurs du second degré de celle des enseignants du premier degré
afin de mieux préparer ces derniers aux apprentissages des savoirs fondamentaux. Les Inspé deviendraient les instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation du 2d degré, et des écoles supérieures du professorat des écoles seraient crées pour le 1er degré.
Le SE-Unsa est opposé au projet de séparer la formation des professeurs des 1er et 2d degrés.
Le
SE-Unsa est attaché à une culture professionnelle commune entre les
enseignants, qui s’appuie notamment sur les échanges de pratiques
pédagogiques et des formations intercycles, interdegrés et intermétiers.
Il est essentiel de créer plus de passerelles entre les enseignants des
1er et 2d degrés notamment, ce qui passe par des
temps de formation initiale communs. Il ne faut pas renoncer au projet
d’un lieu de formation initiale et continue, commun à tous les métiers
de l’enseignement et de l’éducation.
Une vision démagogique du milieu rural
Cette
proposition de loi imagine des territoires ruraux éducatifs à besoins
particuliers bénéficiant de moyens et de dispositifs spécifiques. Elle
dispose qu’en cas de vote défavorable du conseil municipal, aucune
fermeture de classe en milieu rural ne peut intervenir dans les trois
années suivantes.
Pour le SE-Unsa, ce « moratoire » est dĂ©magogique.
S’il
est entendable qu’une fermeture d’école en milieu rural ne se fasse pas
sans l’avis du maire (comme c’est le cas actuellement), la possibilité
de bloquer la moindre fermeture de classe, pour trois années qui plus
est, aurait pour conséquence de complètement déséquilibrer les dotations
de carte scolaire.
Une tenue vestimentaire uniforme abandonnée
Enfin,
l’obligation du port d’une tenue vestimentaire uniforme au sein d’une
école ou d’un établissement, qui était présente dans la version initiale
du texte, a finalement été rejetée par le Sénat.
Pour le SE-Unsa, il s’agit d’une bonne nouvelle.
En
effet, cette proposition illustrait une profonde confusion entre
l’égalité et l’uniformité : promouvoir la ressemblance ne fabrique pas
l’égalité.
L’avis du SE-Unsa
Les
constats de l’exposé des motifs de cette proposition de loi sont autant
de prétextes pour avancer des idées maintes fois recyclées par la
droite, sous la promesse trompeuse d’autonomie.
Le SE-Unsa est fermement opposé à cette proposition de loi synonyme de démantèlement du Service public d’éducation.
Le SE-Unsa a prévenu le ministère de l’Education nationale dans un communiqué de presse :
la communauté éducative ne serait pas dupe si des compromis politiciens
étaient orchestrés en vue de l’élargissement de la majorité demandée
par le président de la République.