Article publié le lundi 30 janvier 2023.
Une note de service du 10 janvier 2023 s’intitule « Renforcer la maĂ®trise des savoirs fondamentaux des Ă©lèves en CM1, CM2 et 6e
(cycle 3) pour faciliter leur entrĂ©e au collège ». Elle explique que la
maîtrise des savoirs fondamentaux (lire, écrire, compter) par tous les
élèves à la sortie de l’école primaire est une nécessité absolue et
qu’elle est la condition de l’autonomie de pensée des élèves, de la
lutte contre les inégalités scolaires et sociales, et de la réussite au
collège. Mais loin de cette image d’Épinal, plusieurs constats sont
effrayants.
Lire, écrire, compter... et tant pis pour le reste
Les
représentations du travail des élèves et des enseignants sont très
éloignées du quotidien d’une classe. Les élèves de CM1 et CM2 doivent
lire et écrire au moins 2 heures chaque jour, et chaque semaine au moins
deux textes longs (au moins 1 000 mots, soit deux fois la longueur de
cet article). Ils doivent disposer d’au moins un temps hebdomadaire
chacun pour prendre la parole, notamment autour de textes littéraires,
sans oublier de procéder à l’incontournable dictée quotidienne. Celle-ci
peut être brève. C’est heureux car, accessoirement, d’autres domaines
disciplinaires sont prévus dans les 24 heures hebdomadaires
d’enseignement.
Une
autre inquiétude se fait jour : l’objectif ne semble pas être celui de
faire réfléchir les élèves, mais d’en faire de bons exécutants. En
mathématiques, la note de service précise des éléments déjà contenus
dans les instructions officielles, comme le calcul mental ;
l’introduction des fractions se fait dès la première période de CM1, et
celle des nombres décimaux dès la période suivante (ce qui diffère
légèrement de la note de service du même jour sur les mathématiques). Si
la résolution de problème est essentielle (de l’ordre de 10 problèmes
par semaine), elle l’est pour permettre aux Ă©lèves de « dĂ©velopper une
maîtrise solide de procédures robustes et d’outils efficaces pour
résoudre des problèmes et de savoir reconnaître les situations où ces
procĂ©dures s’appliquent ».
Des nouvelles pas si heureuses
Au
travers de cette note de service, le ministère institue de nouvelles
évaluations au début de l’année de CM1 à partir de la rentrée de
septembre 2023. Il attend également que le premier conseil de cycle 3 de
l’année soit consacré à la présentation des évaluations de 6e puis
de CM1. Cette présentation doit déboucher sur l’identification de trois
ou quatre items jugés prioritaires, dont le suivi sera assuré par le
conseil école-collège, les conseils de cycle et le conseil pédagogique.
Enfin,
cette note de service acte l’instauration d’une heure hebdomadaire de
consolidation ou d’approfondissement pour tous les élèves de 6e en mathématiques ou en français, qui peut notamment être assurée par des professeurs des écoles.
L’avis du SE-Unsa
Ces
mesures vont à l’encontre de l’autonomie de pensée des élèves, pourtant
affichée au début de la note de service. Pour le SE-Unsa, l’objectif de
l’École de la République est bien de garantir à tous les élèves
l’acquisition du socle commun de la scolarité obligatoire pour permettre
Ă chacun son insertion citoyenne, sociale et professionnelle. Former
des citoyens éclairés, épanouis et émancipés, en capacité de penser
librement, d’appréhender le monde et d’y être acteurs est un enjeu
majeur. Mais il demande bien plus que de ressasser l’antienne « lire,
Ă©crire, compter ».