Article publié le mardi 17 janvier 2023.
Une
circulaire ministérielle de décembre 2022 a pour objet l’enseignement
de l’anglais et des langues vivantes étrangères tout au long de la
scolarité obligatoire. Bien qu’elle présente plusieurs mesures
spécifiques au primaire pour améliorer les apprentissages des élèves, la
plupart d’entre elles ne pourront pas être mises en œuvre dans la
majorité des écoles. Pour le SE-Unsa, c’est encore une fois une nouvelle
priorité affichée sans que les professeurs des écoles aient les moyens
de la concrétiser.
Des mesures pour des mesures
La circulaire ministérielle du 12 décembre 2022 est intitulée Mesures pour améliorer les apprentissages des élèves.
Elle indique que le renforcement des compétences des élèves en anglais
et dans les autres langues vivantes étrangères obligatoires est une
priorité pédagogique du ministère de l’Éducation nationale et de la
Jeunesse.
Pour ce
faire, des repères annuels de progression et des attendus de fin d’année
complètent désormais les programmes. Ou plutôt, complèteront les
programmes : à ce jour seuls des repères pour le cycle 4 apparaissent
sur la page dédiée. Des fiches d’entraînement avec des items de
positionnement et des ressources d’évaluation sont Ă©galement mises Ă
disposition.
Afin
d’augmenter l’exposition à l’anglais et d’en permettre la pratique
frĂ©quente et rĂ©gulière Ă l’école primaire, plusieurs mesures sont Ă
promouvoir :
- Faire intervenir des locuteurs natifs pour entraîner les enfants à la reconnaissance phonologique et prosodique.
- Déployer les écoles bilingues pour offrir aux élèves un enseignement de matières intégré à la langue étrangère (Emile).
- Au cycle 2, compléter son enseignement avec l’assistant vocal Captain Kelly,
une ressource numérique permettant de travailler les connaissances
lexicales et syntaxiques des élèves, et d’améliorer leur compréhension
orale ainsi que leur prononciation en anglais.
- Le dispositif Accueil langues
est également à promouvoir, notamment dans le cadre du plan mercredi,
pour favoriser le lien entre les temps scolaire et périscolaire.
Pour le SE-Unsa, la question reste de savoir comment, ou encore avec quels moyens les mettre en œuvre.
Enfin,
la circulaire propose de disposer d’au moins un partenariat avec un
homologue étranger pour autant d’écoles que possible, et d’utiliser des
plateformes européennes numériques d’échanges.
Pour le SE-Unsa, les professeurs des écoles se diront certainement en lisant ces propositions que c’est peine (d’amour) perdue. Les seuls éléments applicables à l’ensemble des écoles sont ceux que le ministère n’a pas encore publiés.
Le songe d’une nuit d’hiver
Il
convient donc de rajouter la nouvelle priorité des langues vivantes
étrangères dans les réflexions pédagogiques des équipes (certainement le
soir ou la nuit puisque les emplois du temps des enseignants du 1er degré
sont déjà surchargés). En effet, la formation linguistique des élèves
et l’ouverture européenne et internationale doivent être réfléchies lors
des instances pédagogiques de l’école (conseil d’école, conseil des
maîtres, conseil de cycle 3).
Les
langues vivantes étrangères constituent une entrée systématique du
projet d’école qui définit les orientations et les indicateurs
privilégiés pour en suivre le bon développement.
Mais peut-ĂŞtre que Tout est bien qui finit bien.
Dans le cadre du Conseil national de la refondation dĂ©diĂ©e Ă
l’éducation (CNR école), les projets identifiés pour améliorer la
formation des professeurs de langue, pour diversifier l’enseignement,
pour enrichir les possibilités de mobilités, et pour accentuer
l’ouverture internationale sont accompagnés et favorisés. Ces projets
pédagogiques pourront solliciter un financement dans le cadre du fonds
d’innovation pédagogique. C’est enfin un début de réponse aux besoins
des équipes concernant les langues vivantes, mais qui est loin d’être
suffisant.
L’avis du SE-Unsa
Pour le SE-Unsa, cette circulaire aurait pu s’intituler Beaucoup de bruit pour rien.
Si la priorité aux langues vivantes étrangères est bel et bien
affichée, cela est tout sauf suffisant. Il est indispensable de donner
aux professeurs des écoles les moyens de mettre en œuvre ces
enseignements dans de bonnes conditions.
Pour cela il faut tout d’abord que le ministère mette à disposition les outils annoncés et qui ne sont pas encore publiés.
Ensuite,
le ministère doit expliquer comment il compte procéder pour que les
bonnes intentions décrites dans cette circulaire puissent être
appliquées :
- Améliorer la formation des enseignants, et donc ne plus se contenter des plans maths ou plans français ?
- Ajouter des moyens de remplacement pour permettre la tenue de formations ?
- Peser pour que des assistants de langue ou locuteurs natifs soient affectés dans le 1er degré ?
- Inciter à l’ouverture d’écoles bilingues ?
- Accompagner les équipes pour mettre en œuvre des partenariats et utiliser les plateformes numériques ?
C’est comme il vous plaira… Ou plutôt : As you like it !
* Beaucoup de bruit pour rien