Ce mardi 24 mai s’est tenue notre première rencontre avec notre nouveau ministre. Qu’en retenir ?
De l’écoute
Quatre
jours seulement après sa nomination, le ministre Pap Ndiaye reçoit les
organisations syndicales. Cette démarche ne suffit pas à faire une
politique mais contribue à en donner le ton quand la première priorité
est de réconcilier les personnels avec leur institution. Pour le
SE-Unsa, la réunion a été sérieuse et l’écoute attentive. Le fait que le
ministre écoute d’abord et n’apporte pas d’emblée des réponses n’est
pas un mauvais signe. Il s’agira de voir si cette méthode s’installe
dans la durée et permet de construire les améliorations tant attendues
pour retrouver de la satisfaction et de la sérénité.
Le
ministre a tenu d’emblĂ©e Ă affirmer son identitĂ© « d’enseignant » et sa
« considĂ©ration » pour ce mĂ©tier. Pour lui, l’objectif de ces premières
rencontres avec les représentants des personnels est d’écouter leurs
analyses. Cette audience a ainsi permis à l’Unsa de faire connaître son
avis sur la situation, de partager les défis qui se posent à l’École
publique et laïque, colonne vertébrale de la société, d’exposer les
urgences et de de questionner la feuille de route du nouveau ministre.
RĂ©parer au lieu de persister
Les réponses des 43 000 participants à l’édition 2022 du Baromètre Unsa des métiers de l’Éducation ont
permis d’étayer un état des lieux, malheureusement sombre, du moral de
ceux qui font l’École. Malgré leur attachement à leur métier (92 %
disent aimer leur métier), ils sont de moins en moins nombreux à le
recommander à un jeune de leur entourage (22 %). Il faut réparer plutôt
que persister, c’est le message de la profession transmis au nouveau
ministre, chiffres à l’appui(1).
Les défis à relever
Lors
de cette audience, l’Unsa a pu expliciter les trois défis identifiés
pour l’École publique et laïque : l’attractivité de nos métier
(rémunération, conditions de travail, formation initiale et continue,
gestion des ressources humaines...), la nécessité de réussir l’École
inclusive en dépassant la politique d’affichage de chiffres en
construisant des réponses multiples afin de dépasser le saupoudrage
d’accompagnements, la mixité sociale dans l’École pour inverser la
fragmentation à l’œuvre dans notre société(2).
Pour
l’Unsa, à ces défis de fond s’ajoutent les urgences pour préparer la
rentrée : les recrutements pour lesquels il faut immédiatement sécuriser
le réemploi des contractuels alors que les concours sont gravement
déficitaires, l’introduction des maths dans le tronc commun en première
générale qui doit attendre la rentrée 2023, la revalorisation du point
d’indice qui doit être conséquente, des urgences sociales qui ne peuvent
attendre : mise en Ĺ“uvre de la CDIsation des AED ayant accompli 6 ans
de CDD et amélioration de la situation des AESH.
Quelle feuille de route ?
Alors
que le président réélu avait présenté un programme source de désaccords
profonds avant le premier tour puis tenu des propos plus nuancés mais
flous dans l’entre-deux tours, l’Unsa a interrogé le ministre sur sa
feuille de route.
En conclusion de cette première rencontre, le ministre a relevé quatre points :
- La prioritĂ© qui doit ĂŞtre donnĂ©e Ă
l’attractivité des métiers qui passe par une revalorisation nécessaire
tant économiquement qu’en matière de considération.
- Le constat de fatigue des personnels
et du système qui ne pourraient supporter des réformes construites sans
eux et menées à un rythme intenable.
- Sa feuille de route se construit par
les audiences qu’il conduit. Après cette étape d’écoute et de visites
sur le terrain, il reprendra des discussions Ă partir de propositions.
- Rentrée 2022 ou rentrée 2023 ? L’échéance de l’introduction des mathématiques dans le tronc commun au lycée général sera arbitrée très rapidement après le cycle de rencontres.