à propos de Hélène Thiollet (coord.) Migrants, Migrations. 50 questions pour faire votre opinion, Paris, Armand Colin, coll."idées claires", 2016.

                            

   Aujourd’hui, l’Europe fait face à un afflux de migrants et de réfugiés en provenance du Moyen-Orient ou d’Afrique. En France, ce sujet est  trop souvent abordé sous le seul angle polémique, et le public peine à se faire une opinion qui ne repose pas sur des idées reçues. C’est tout le mérite de ce petit livre très riche que de nous donner une vision claire et argumentée sur les migrations en France et en Europe, et sur tous les aspects qui sont liés à ce sujet. Dirigée par Hélène Thiollet, une équipe de géographes, démographes, politistes et économistes aborde ce thème sous la forme de 50 questions, dont certaines sont volontairement provocatrices : « La France accueille-t-elle trop de réfugiés ? », « Est-ce qu’accueillir des réfugiés augmente le risque de terrorisme ? », «  Est-ce que tous les exilés du monde viennent en Europe (et aux EU) ? », etc.

Un état des lieux clair et précis 

   À chaque question, les auteurs apportent une réponse synthétique en deux ou trois pages très bien informées. Le lecteur comprend alors mieux la situation, et c’est toute la réussite du livre que d’apporter des faits et des analyses précises, issus des meilleurs travaux touchant aux aspects abordés. On comprend ainsi mieux les différences de statut entre migrants, réfugiés, et exilés et l’ensemble des questions traitées portent sur la France placée dans un espace mondialisé. Il est en effet important de rappeler qu’en 2015, il y avait 243 millions (soit 3% de la population mondiale) et que ce chiffre n’augmente pas aussi vite que certains responsables politiques l’affirment aujourd’hui. Cette inflation est surtout ressentie dans les pays développés, mais pourtant, les flux migratoires les plus importants se font entre les pays du sud. De même, ce sont les pays voisins de ceux qui connaissent des crises majeures qui accueillent la majeure partie des réfugiés. Replacer ce sujet dans un monde élargi permet de mieux comprendre pourquoi le débat en France est souvent trop restreint à des considérations erronées.

 Un sujet touchant le milieu scolaire

   Beaucoup d’aspects sont traités dans cet ouvrage, de la place des femmes dans les migrations au statut juridique de demandeur d’asile, en passant par le coût économique de l’immigration ou le fonctionnement de l’espace Schengen. À chaque fois, on se rend compte que sur ces sujets liés aux migrants ou aux réfugiés, il est important d’aller au-delà des constructions politiques ou médiatiques. C’est pourquoi nous conseillons vivement la lecture de ce livre, en tant qu’éducateurs, militants syndicaux et simples citoyens. Nous terminerons cette note de lecture par l’évocation de la question traitée suivante : « En France, les enfants d’immigrés réussissent-ils moins à l’école que les autres ? ». L’économiste Élise Huillery, à partir de ses travaux de recherche sur le sujet, analyse ce thème en allant, là encore, à l’encontre de bien des idées reçues sur ce point. Elle indique en particulier que « Si l’on compare les élèves de familles appartenant à la même catégorie socioprofessionnelle, l’écart de performance entre enfants de migrants et enfants de non-migrants est très faible ».Sur ce sujet, comme sur bien d’autres, ce livre apporte un éclairage très intéressant.

La position de notre syndicat

  Le but de ce livre  est de fournir un maximum d’informations sur les migrations, l’exil, l’asile, l’immigration, et de tenter d’expliquer les différences entre les impressions ressenties et les réalités : c’est une belle réussite ! À l’heure où de nombreux responsables utilisent ce thème à des fins politiciennes, nous considérons en effet qu’il est essentiel de mieux connaître de tels sujets afin de contrecarrer les discours xénophobes. Le SE-Unsa, l’Unsa éducation, et plus largement l’Unsa, placent au cœur de leur projet syndical, le respect des droits de l’homme et de la dignité humaine, les valeurs de solidarité, de fraternité, de justice sociale et, lorsque cela est nécessaire comme aujourd’hui, d’hospitalité. C’est un combat de tous les jours, et nous y attachons et y attacherons une importance essentielle, au moment même où les idées d’extrême droite gagnent de plus en plus d’audience dans le pays.

Pour aller plus loin :

 Plusieurs publications de notre syndicat font référence au sujet abordé dans ce livre :

• Sur le site du SE-Unsa, on peut lire la rubrique Solidarités qui mentionne par exemple les valeurs défendues par notre syndicat.

• Sur le site de l’Unsa éducation, le secteur  Société évoque, bien souvent en lien avec l’actualité, les questions des libertés, des égalités, de citoyenneté, de solidarité et de laïcité.

• Par ailleurs, nous conseillons la lecture de la Charte des valeurs de l'Unsa. Nous ne citerons ici qu’un extrait du préambule de cette charte : « L’UNSA fait de la lutte contre les discriminations l’un de ses principes fondateurs(…)Nul ne peut se prévaloir d’une appartenance à l’UNSA s’il ne partage pas ces principes librement consentis. »

• Enfin, signalons la prise de position récente de la Confédération européenne des syndicats (à laquelle appartient l’Unsa): « Défendre les travailleurs migrants signifie défendre tous les travailleurs.»