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SE-UNSA RENNES


 Par SE-UNSA RENNES
 Le  mercredi 5 mai 2021

Vers une destruction programmée du dialogue social ?

 

Pour la deuxième année, toutes les opérations de mutations, inter et intra, se sont déroulées sans que les Commissions administratives paritaires (CAP) ne soient consultées, sans que les représentant·es syndicaux dont le SE-Unsa ne soient associé·es à ce gros travail de vérification des barèmes, de questionnement envers l'administration ou de propositions d'amélioration.


C'est désormais au tour des déroulements de carrière (avancement, promotions, liste d’aptitude) de connaître le même sort. En avril se sont tenues les dernières CAPD sur l'avancement accéléré.

La Loi de Transformation de la Fonction Publique est une catastrophe. Non seulement elle prive les organisations syndicales de tout regard sur les mutations et les déroulements de carrière (sauf dans le cas des recours), mais elle annule aussi les CAPD sur la formation professionnelle (nous ne pourrons suivre que  les recours qui seront vus en CAPD en mai 2021), sur le CAPPEI, la liste d'aptitude à la direction d'école...

Ce mépris des représentants des personnels aura trouvé son aboutissement dans cette funeste Loi de transformation de la Fonction Publique votée l'été 2019 et dont les lignes directrices de gestion ont été appliquées dès les mutations 2020. Il s'agit bien de la destruction du paritarisme élaboré à la sortie de la Seconde guerre mondiale et bientôt, peut-être, de notre fonction publique. Les Politiques ont la mémoire courte et l'orientation idéologique actuelle ressemble davantage à un jeu dangereux de destruction qu'à une volonté de transformer les choses. Quel avenir pour une classe politique qui se coupe volontairement de ses corps intermédiaires ?

Aujourd'hui, nos collègues réalisent ce qui s'est passé. Cette loi, élaborée en même temps que la Loi dite de la confiance, a été élaborée sans aucune concertation, elle s'impose à tous, y compris à l'administration, qui doit l'appliquer avec une surcharge de travail sans moyens supplémentaires... Elle génère stress, inquiétude et absence de transparence : information minimale sans le contrôle d'élu.es du personnel, bonifications extravagantes dans le mouvement intra au motif qu'il fallait appliquer uniformément les priorités légales, mutations inter en berne...

Sans parler des tas d'urgences ou de l'état d'urgence ! L'application de cette loi est-elle vraiment une priorité au regard de la crise sanitaire ? Ne fallait-il pas plutôt redonner des moyens à la fonction publique hospitalière ? Recruter des personnels pour assurer les remplacements dans l'Education Nationale ? Sans parler des autres projets tout aussi inquiétants tels que la loi 4D, la réforme de l'organisation de l'Etat territorial. Ne parlons même pas de la réforme de l'Assurance Chômage et du retour de la réforme des retraites...

Nous continuons plus que jamais à soutenir nos collègues et à les aider. Nous les invitons à se syndiquer et à nous rejoindre en nombre pour être plus forts. Ensemble, nous continuons à dénoncer des conditions de travail de plus en plus difficiles, le mépris affiché par nos dirigeants. L'amoindrissement du rôle des CHSCT avec leur intégration dans les futurs CSA n'augure rien de bon en la matière...

Nous, agent·es du Service public, sommes les premier·es touché·es par ces bouleversements qui mettent à mal un syndicalisme laborieusement construit entre les deux guerres puis fondé en 1946. Ce syndicalisme offrait des garanties aux agents de l'Etat, grâce aux statuts et au paritarisme.  Depuis l'instauration de cette loi, nous naviguons dans l'opacité, voire le non-respect des règles, l'absence d’informations pour comprendre et vérifier, l'indisponibilité de l’employeur pour nous répondre…

Nous dénonçons la loi de transformation de la Fonction publique d’août 2019 qui ne nous permet plus, à travers nos représentant·es, d’être assuré·es d’un suivi et d’une vérification des opérations de gestion de nos mutations et de nos carrières.

Avec le SE-Unsa et l’UNSA Éducation, nous réaffirmons :

  • notre attachement aux organismes consultatifs qui permettent à la profession de participer à l’organisation des services publics ;
  • notre désaccord et notre isolement face à l’absence de transparence de cette nouvelle gestion.

Nous demandons :

  • le retour de l’examen des mutations et des carrières avec nos représentant·es du personnel ;
  • le droit de rediscuter et revoir chaque année les lignes directrices de gestion, ces textes qui définissent désormais les règles de mutation et de déroulement de carrière ;
  • l’accès de nos représentant·es à toutes les informations nécessaires à la vérification de nos situations et à la garantie d’équité.

Signez notre pétition : Pour ma carrière, pour ma mutation, je veux des représentant·es du personnel : ici

Syndiquez-vous et faites des recours à chaque fois que cela vous semble justifié.

A l'occasion des 100 ans du SNI, un petit rappel historique de notre naissance s'impose :

Le 24 septembre 1920 s’ouvre le congrès de la fédération des syndicats d’instituteurs, basée sur  des amicales professionnelles. Des militantes et militants se  sont rassemblés à la Mutualité à Paris, dans un congrès à huis clos , car on souhaitait garder les débats à l’abri d’oreilles indiscrètes. Il faut dire que le syndicalisme des enseignant.es n’est pas autorisé par la loi et que le ministre de l’Instruction publique, André Honnorat a donné jusqu’à la fin du mois de septembre de cette année pour dissoudre les syndicats locaux. Dans ce contexte troublé va naître une nouvelle organisation, le SNI qui aura une influence considérable sur la profession et sur le monde éducatif. 100 ans plus tard, le souvenir du SNI, devenu SNI-PEGC puis transformé en Syndicat des enseignants de l’UNSA en 1992, doit être rappelé et ravivé.

Lorsque les militantes et militants se rassemblent pour un congrès de deux jours, la société française vit des temps troublés. Le pays se relève avec difficultés de la Première Guerre mondiale qui a bouleversé l’ensemble de la société. De nombreux instituteurs ont participé aux combats et ont des séquelles durables. Ils aspirent à de forts changements en France, attirés pour beaucoup par des idées révolutionnaires. Dans le monde éducatif et pédagogique, de nouvelles idées ont émergé, en particulier pour que l’école ne soit plus un lieu de ségrégation qui différencie à outrance les plus riches et les plus pauvres. Enfin, le monde politique connaît également des évolutions : le parti socialiste est divisé et 1920 est également l’année de la scission entre socialistes et communistes. L’ensemble de ce contexte troublé influence les syndicalistes du monde instituteur.

Le syndicalisme enseignant n’est pas autorisé par la loi, bien que les syndicalistes s’appuient sur une tolérance du pouvoir dans ce domaine. Mais localement, la justice s’est intéressée à ces militantes et militants parfois gagné.es par les idées avancées. Pour éviter une augmentation des conflits, le gouvernement a lancé un ultimatum : tout groupement syndical doit être dissous avant le 30 septembre. La réponse des institutrices et instituteurs ? Se regrouper en un syndicat national afin de faire face à la justice, et de ne plus laisser les militant.es des départements en prise avec le pouvoir politique. C’est donc une naissance en forme d’affront pour le pouvoir politique.

Lors des deux jours du congrès, le Syndicat national se constitue : on doit noter que le nom officiel, souvent résumé par l’acronyme SNI, est « syndicat national des institutrices et des instituteurs de France et des colonies ». Insister sur la présence des femmes n’est pas un hasard : beaucoup d’entre elles sont à l’initiative d’actions syndicales dans la profession et elles sont souvent très présentes dans les territoires. C’est pourquoi le SNI a toujours eu de nombreuses revendications féministes. Plus largement, le SNI va se développer peu à peu après cette naissance dans un contexte troublé, devenant totalement légal. Au milieu des années 1930, il syndique plus des trois quarts de la profession, devenant un acteur essentiel du monde syndical et politique. Ancré à la fois dans le mouvement ouvrier et fer de lance de la fédération générale de l’enseignement, le SNI ne cesse de voir son influence croître. Après 1945, il développe un projet pour une école plus juste et plus égalitaire. Mais il faut aussi noter la création de plusieurs organisations parallèles dans tous les domaines, comme dans le domaine mutualisme, des loisirs, de la banque même ! Quelle riche histoire de ces femmes et hommes qui ont construit un syndicat voulant changer l’école et changer la société !

Au regard de l'Histoire, quelle régression que cette Loi de transformation de la fonction publique !

Signez notre pétition plus haut !