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SE-UNSA LILLE


 Par SE-UNSA Lille
 Le  lundi 11 janvier 2021

Si le Grand Oral m’était conté…

 

Le Grand Oral c’est d’abord une idée, une invention qui apparaît comme « L’Épreuve » qui va révolutionner le bac. Le tempo surtout est révolutionnaire!

Après des débuts timides en juillet 2018 (Arrêté du 16 juillet 2018 relatif aux épreuves du baccalauréat général à compter de la session de 2021), l’épreuve est enfin définie dans le BO n°2 du 13/02/2020 (Arrêté du 16 juillet 2018 relatif aux épreuves du baccalauréat général à compter de la session de 2021 / Arrêté du 16 juillet 2018 relatif aux épreuves du baccalauréat technologique à compter de la session de 2021). Il a encore fallu attendre le 13 novembre 2020 pour obtenir officiellement les dates de cette épreuve du 21/06/21 au 02/07/21 (https://www.service-public.fr/particuliers/actualites/A14444) et merveille d’organisation, attendre la semaine de rentrée de janvier 2021 pour que les collègues commencent enfin à être formés!

On se croyait sauvé… Enfin une formation qui donnerait du contenu à cette coquille vide ! Alors oui le Grand Oral est une épreuve orale dans laquelle les élèves doivent « parler vrai » et se montrer convaincant. Il existe effectivement des méthodes pour les y aider…

Sur le déroulement, il s’agit d’une prestation orale avec 20 minutes de préparation puis 5 minutes sur l’une des questions préparée par le candidat et sélectionnée par le jury, 10 minutes d’entretien et 5 minutes sur son projet d’orientation.

Pour le contenu ? Parce c’est quand même sur celui-ci que se questionnent les collègues de spécialité! Ils se demandent par exemple quand ils vont pouvoir commencer à préparer les élèves au Grand Oral dans la mesure où la majorité des collègues devront achever leur programme après le 15/03 voire le 26/03 pour les collègues de SVT avec les ECE… Ces deux fameuses questions, une par spécialité ou une de spécialité et une transversale ou deux transversales, quand pourront-ils réellement travailler sur leur contenu ? Ces 6 heures libérées par la préparation de l’écrit ne deviendront pas par magie disponibles à la préparation de l’oral !

De plus, les ressources manquent ou arrivent trop tard.
La mise en œuvre du doublement des sujets en spécialité a été publiée en novembre 2020.
Les grilles avec les contenus non exigibles pour le mois de mars sont arrivées 03 décembre 2020 (https://eduscol.education.fr/2221/bac-2021 ).
Le « document intégral du Grand Oral » faisant apparaître des exemples de questions pouvant être travaillées par les élèves a été envoyé aux IPR ce jeudi 07/01 à 18h, les formations commençant le lendemain. 75 pages d’un discours institutionnel truffé de liens pour cerner la question du Grand Oral !
La Foire aux questions présentée comme un sésame pour comprendre l’épreuve reste trop théorique.

La dernière mise à jour du site Eduscol sur la question du Grand Oral date de janvier 2021 et ne répond pas à l’organisation pratique de l’examen. Qu’en est-il de la constitution des jurys au-delà de la théorie ? En effet, en fonction des enseignements certains collègues tout en participant à la même spécialité enseignent des disciplines très différentes comme la STSS, la biologie et physiopathologie humaine et la physique-chimie en ST2S. Le risque dans ce cas de figure est de se retrouver avec deux jurys non spécialistes de la question traitée par le candidat… À cette question très précise pas de réponse sauf prendre contact avec les IPR des disciplines et attendre la circulaire de la DEC… Sur la question des jurys internes ou externes, pas de réponse non plus si ce n’est attendre la circulaire de la DEC…

Enfin, cette impréparation peut conduire à des situations extrêmes : que dire de ces 5 minutes d’expression libre qui peuvent permettre aux candidats de soutenir des théories complotistes ou négationnistes ? Laissera-t-on cette parole « convaincante » se déployer ? Ira-t-on jusqu’à noter la performance argumentative ?

Les questions ne manquent pas et il est inadmissible de placer des élèves et leurs enseignants dans une telle situation. Comment peut-on penser sérieusement que les élèves seront prêts à présenter le « Grand Oral » en juin dans de telles conditions ?