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SE-UNSA AIX-MARSEILLE


 Par SE-UNSA AIX-MARSEILLE
 Le  dimanche 19 mars 2017

Intervention de Nicolas Anoto au stage éducation prioritaire du jeudi 16 mars 2017

 

Intervention au stage éducation prioritaire du 16 mars 2017 de Nicolas Anoto, délégué national collèges/lycées du SE-Unsa

Bienvenue à notre stage sur l’éducation prioritaire. Nous sommes issus de plusieurs types d’établissements, de plusieurs corps et de plusieurs métiers. Nous sommes arrivés plus ou moins volontairement dans cette éducation prioritaire mais nous y sommes restés et nous exercons ce métier avec passion. Forcément, c’est rude, mais c’est passionnant. Ce stage fait partie intégrante d’une campagne nationale lancée par le syndicat des enseignants de l’UNSA sur l’éducation prioritaire. Ce n’est pas rien si c’est pendant les élections présidentielles nous voulons faire parler de cette politique qui donne plus de moyens à ceux qui ont moins ! D’une politique amplifiée depuis 3 ans et que nous voulons sauvegarder.

Parler de l’éducation prioritaire c’est effectivement parler d’un débat des présidentielles. Certains candidats en parlent : Macron veut dédoubler les classes de CP/CE1 en réorientant les moyens du second degré, augmenter la prime REP+ et empêcher aux nouveaux enseignants d’être mutés en éducation prioritaire, Hamon veut donner plus de moyens encore pour la scolarisation à deux ans, et le programme PDMQDC en REP, ou encore pour la formation continue, Melenchon veut donner plus de droits à la retraite pour les enseignants de REP et baisser les effectifs…mais certains n’en parlent pas. Voire l’ancien recteur de Creteil, qui veut inspirer les candidats de droite, voulait supprimer ce financement pour financer l’autonomie complète des établissements.

Alors oui cette politique d’éducation prioritaire a été un choix qui peut être remis en cause. Nous ne sommes pas là que pour le défendre mais bien pour lui donner un nouveau souffle. Des résultats sont là, la stabilité des équipes a progressé depuis 3 ans grâce à la pondération et aux effectifs limités, surtout pour REP + mais il reste beaucoup à faire, c’est de cela qu’on pourrait parler ! Le but est bien de construire avec vous des propositions et de les faire connaître à tous nos collègues qui travaillent en éducation prioritaire. Pour notre syndicat, demander ce qu’on n’aura jamais ne suffit pas nous voulons obtenir : nous vous tiendrons au courant de l’avancée de ces revendications face au rectorat, au ministère ou aux collectivités territoriales !

De quoi parle t’on d’abord ? De zones d’éducation prioritaire mises en place en 1981. Petit à petit une politique s’est dessinée : nouvelle carte en 1999, réseaux ambition réussite en 2006 avec des bonifications pour les collègues aux mutations, réseaux ECLAIR en 2011 avec un recrutement et des postes spécifiques, des internats d’excellence, politique de 2014 qui met l’accent sur la liaison école/collège, l’accompagnement continu, revalorise les primes et introduit une pondération dans les collèges REP+...Les sigles changent trop vite et donnent le tournis mais petit à petit la situation s’améliore !

On parle chiffres maintenant : l’éducation prioritaire en REP + c’est 352 collèges, 2425 écoles, 7 % des élèves de collège et 8 % des élèves des écoles. Enfin à Aix Marseille c’est 14,9% avec 33 collèges et 220 écoles! Ces élèves de REP +, nos élèves, c’est un milieu social moins favorisé, 75 % des parents ouvriers ou inactifs, 18 % des élèves en retard à l’arrivée en sixième contre 10 % en général. Les enfants d’enseignants et de cadres sont 8 % en REP + contre 31 % en général.

Côté REP maintenant, désolé pour les chiffres, Marseille est dans la moyenne nationale avec 14 % des élèves en collège et 9,5 % des élèves à l’école.

Notre campagne pour l’éducation prioritaire, nous l’avons basée sur une enquête remplie par plusieurs centaines de collègues issus des académies d’Aix Marseille, de Creteil, de Lille et de Rouen. Je vous en présence les principaux résultats, on s’intéressera cet apres-midi dans l’atelier exercice du métier au détail des résultats académiques. Dans l’enquête, on parlait ressenti, satisfaction, difficultés, besoins, projets, de votre avis sur la politique actuelle et sur les dispositifs existants (formation, concertation, partenariats, liaison…).

Dans l’ensemble vous êtes bien en éducation prioritaire : 85 % de satisfaction c’est énorme, bien plus que dans le métier enseignant où près de la moitié des collègues, dans l’enquête qu’on avait fait, ne se voyaient pas finir leur carrière dans le même métier. D’après l’enquête, ce qui vous plaît dans l’éducation prioritaire, c’est d’abord le travail d’équipe, avec la solidarité, le dynamisme, l’entraide, la cohésion. Les moyens vous intéressent aussi : vous évoquez les personnels en plus, les décharges de service, les pondérations, les partenariats...mais ce qui vous motive le plus profondément et ce qui nous fait tous avancer quand c’est dur, c’est l’envie, l’impression d’être utile…

Parfois pourtant, on a l’impression qu’on n’y arrive pas, et vous avez évoqué les nominations non choisies, les effectifs trop chargés (la question se pose réellement en REP, plus qu’en REP +), le manque de moyens, qui relèvent aussi de questions de carte scolaire, le fait de devoir faire des choix dans le programme. Vous parlez aussi des élèves en grande difficulté ou trop différents, du manque d’implication des parents, de l’absentéisme, des conflits, de la violence…

Face à ces difficultés, vous avez jugé que vous n’étiez pas assez accompagnés à 63 % par l’institution, c’est grave, c’est un désaveu, peut être pas pour la politique globale mais plutôt pour sa gestion locale, on en reparlera. Vous êtes mitigés sur la rémunération spécifique, augmentée, mais qui continue à faire débat pour les présidentielles. Vous êtes 89 % à construire des projets pédagogiques en équipe (Inquiétant pour les 11 % restants). 44 % qui ne jugez pas le fonctionnement du réseau école/collège satisfaisant, ca prendra sans doute encore du temps pour en faire une réalité et il y a vraiment des différences de situation. Les modalités de concertation étaient réelles pour 88 % des répondants, mais pour un tiers d’entre vous les pratiques pédagogiques mises en place ne permettaient pas de répondre aux difficultés. 24 % des répondants n’avaient pas accès à des partenariats extérieurs. 11 % des répondants n’avaient pas accès au temps de concertation prévu.. 67 % des collègues auraient besoin d’une formation spécifique qui aurait dû être mise en œuvre et qui souvent ne l’est pas. Vous en parlez souvent dans vos propositions : vous en auriez besoin pour les élèves difficiles ou en difficulté, pour passer de l’oral à l’écrit, mais aussi pour mettre en place la pédagogie différenciée, des pédagogies innovantes si nécessaires ! Et enfin pour mieux travailler avec les parents, un problème qui revient souvent.

Pour rentrer dans les détails de l’enquête marseillaise, vous avez classé les propositions à mettre en œuvre en 2017 :

  1. plus de formation continue spécifique,
  2. extension de la pondération pour tous les collègues (REP+, premier degré),
  3. développement de la co-animation en classe et
  4. création d’un fonds d’aides pour les sorties et voyages, vous avez mis en dernier la baisse d’effectifs.

Vous nous avez fait part d’autres idées qu’on veut travailler avec vous, je vous les dis en vrac : des directions collégiales pour les établissements, la possibilité de souffler en échangeant des classes avec des collègues d’autres établissements, ou pour observer. Ou encore du besoin de concertation pour échanger ensemble sur les problèmes, les difficultés que vous rencontrez dans vos classes. Vous réclamez un meilleur accès aux psychomotriciens, aux orthophonistes, que vous voulez même carrément dans les établissements, tout comme du besoin d’assistants sociaux, de médiateurs, de RASED et de maitres E ou G. Vous avez parlé de la nécessité d’innovation pédagogique. Vous avez aussi dit que vous aviez ras le bol de devoir rendre compte, de la paperasse, des bâtiments délabrés à Marseille, des effectifs trop chargés en REP, de la ghettoisation. Vous avez dit que vous vous sentiez reconnus par les familles, par des élèves attachants, mais que vous étiez fatigués du bruit, de la violence, du turn over des élèves et des professeurs, du manque de moyens, du temps perdu pour perenniser les dispositifs…

Avec tout ca vous le voyez des pistes se dégagent. Pas de défaitisme, mais plutôt plein d’idées pour améliorer concrètement et pour aller plus loin. C’est de cela qu’on va discuter toute la journée.