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SE-UNSA 976


 Par SE-UNSA 976

Article du café pédagogique sur la position du SE-UNSA à la rentrée face aux décisions Blanquer

 

Rentrée sous tension pour le Se-Unsa 

 

"C'est une rentrée sous tension avant tout du fait de la politique menée par le ministre". Habituellement modéré,  le Se-Unsa a clairement critiqué l'action ministérielle le 30 août. Le second syndicat des enseignants  souligne les "motifs d'agacement" des enseignants et prédit des tensions si le ministre développe du caporalisme ou ne respecte pas les engagements de l'Etat sur les carrières. Stéphane Crochet, secrétaire général du Se Unsa et Claire Krepper, secrétaire nationale, ont fait le point sur l'application des accords de revalorisation et pris position sur la réforme du bac.

 

Caporalisme et  esprit revanchard

 

"Le ministre multiplie les annonces et tente de lancer des polémiques... Bien qu'il dise vouloir fédérer sur les questions d'éducation il semble qu'il veuille prendre sa revanche". Stéphane Crochet, secrétaire général du Se Unsa, dénonce fortement les petites phrases et les premières décisions du nouveau ministre de l'éducation nationale. "Il passe son temps à essayer de ressusciter le passé", explique-t-il.

 

Pour le syndicat, les motifs d'irritation des enseignants sont nombreux. Le Se Unsa estime que JM Blanquer "a des idées précises sur ce qui doit être fait de façon systématique dans chaque classe car il détient les solutions dont il est sur". Face à ce ministre bardé de certitudes, le syndicat craint le retour du caporalisme  pédagogique, une situation que G de Robien , dont JM Blanquer était le directeur adjoint de cabinet, avait bien installé. "Le ministre tente de déposséder les enseignants de leur expertise et de leur pouvoir de décision".

 

L'avenir du PPCR

 

Second motif "d'agacement", la carrière. "Le ministre et son cabinet ne disent rien sur la mise en oeuvre du PPCR", explique S Crochet. "Darmanin a mis en doute son application mais trop de choses sont déjà enclenchées". Pour S Crochet, le reclassement, qui était prévu au 1er septembre par cet accord de revalorisation, aura lieu. Techniquement c'est trop tard pour faire machine arrière.  Par contre le syndicat n'a aucune nouvelle de la création du nouveau grade "classe exceptionnelle" qui est lui aussi prévu pour le 1er septembre. Laëtitia Barel, secrétaire nationale, souligne que les réunions de concertation n'ont pas eu lieu.  On voit mal comment il serait possible de le mettre en place.

 

Rupture pédagogique

 

Mais c'est aussi la pédagogie de JM Blanquer qui dresse le syndicat vent debout contre le ministre. Il dénonce le retour en arrière effectué par le ministre. Même le dédoublement des CP est critiqué. "Les effectifs réduits doivent être accompagnés d'une pédagogie du petit groupe", explique C Krepper. "Si ce n'est pas le cas, on aura rendu la classe moins fatigante pour les enseignants mais il n'y aura pas d'impact pour les élèves".

 

Le Se Unsa dénonce aussi la suppression des maitres surnuméraires (PDM). "Le ministre dit vouloir les évaluer mais il a déjà décidé leur suppression". Elle va isoler davantage les enseignants qui avaient commencé à travailler en équipe avec les PDM.

 

Enfin le Se Unsa s'inquiète aussi des conditions de mise en place des dédoublements. Où les postes seront-ils trouvés ? "L'opération CP à 12 se fera au détriment d'autre chose", affirme S. Crochet. "On peut raisonnablement s'inquiéter pour les postes de remplaçants et de rased".

 

L'évaluation de CP et 6ème lancée par le ministre leur semble "sans intérêt" : elle n'apprendra rien aux enseignants qui font déjà leur propre évaluation. Elle inquiètera les familles. C Krepper ironise sur la conception des tests : en CP 4 séances de 20 mn sur papier par exemple. Le syndicat craint aussi à terme que les données remontées soient un jour utilisées pour évaluer les professeurs ou les établissements, à l'image des évaluations Blanquer sous Chatel.

 

Non à la sélection pour entrer dans le supérieur

 

Le syndicat prend aussi une position très ferme sur la réforme du bac et d'Apb. "Avec le bac professionnel en 3 ans , on a créé de l'espoir pour de nombreuses familles de bacheliers professionnels", explique C Krepper. "Tout le monde savait qu'un grand nombre de bacs pros poursuivrait des études supérieures. Cela n'a pas été anticipé. Au Se Unsa, on ne veut pas entendre parler de sélection à l'entrée dans  le supérieur tant qu'il n'y aura pas de réponses aux demandes des bacheliers professionnels et technologiques".

 

Le Se Unsa vote fermement la défiance envers le nouveau ministre. "Le ministre électrise les enseignants" souligne S Crochet.  "Mais c'est une électricité qui mène à la lassitude".

 

François Jarraud

 

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