Des témoignages de terrain de personnels du 1^er et du second degré 

Voici les témoignages que l’équipe du SE-unsa 89 a recueillis auprès des collègues qui ont été consultés hier et ce matin : soit en vidéoconférence, par mail ou par échange téléphonique.

Ces témoignages ont été portés lors de l’audience de 16h avec Mr le Dasen et Mr l’IA Dasen afin d’être au plus près de vos préoccupations et d’être et des réalités concrètes de notre quotidien dans les écoles, collèges et lycées aux 4 coins du département.

Introduction du Dasen : Oui, aujourd’hui, il s’agit d’un mouvement social inédit (45 % de grève en primaire d’après ses chiffres) et c’est donc un signal fort qui est entendu par l’institution.

Se-Unsa : « Monsieur le Dasen, voici les réponses de nos collègues aux questions qui vont suivre …

1/ Quelles sont les difficultés les plus lourdes que vous souhaitez faire remonter ?"     (réponses du Dasen en bleu)

• Situation humaine de plus en plus insupportable pour les remplaçants : le chiffrage ne rend pas compte de leur situation qui est très difficile. Ils sont envoyés de plus en plus loin sans tenir compte de leurs contraintes familiales, arrivent dans des écoles pour qu’on leur dise : il y a des cas covid, il faut appeler les familles et gérer la classe (ne connaissent pas les élèves, doivent appeler de leur téléphone personnel tout en gérant une classe qui n’est pas la leur et dont ils n’ont pas eu le temps de connaitre les fonctionnements et les élèves.
• Dasen : nous entendons avec attention ce que vous nous citez sur les difficultés spécifiques aux remplaçant.e.s dans la situation actuelle qui s’est aggravée, vu qu’il y a à ce jour, une vingtaine de classes non remplacées. Et, effectivement, ces collègues vont de plus en plus loin et je souligne leur fort engagement pour que cela fonctionne.
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• L’agressivité et les tensions : avec  certaines familles, de plus en plus fréquemment et dans les relations avec les  communes (problème de matériel, de nettoyage, d’accueil des enfants …).

• Sans parler des mairies qui nous chargent auprès des familles !

Ce qui est aggravé par les revirements des règles annoncées par le gouvernement alors qu’elles ne sont pas forcément applicables et que rien n’a été anticipé et les personnels pas consultés.

Les fausses déclarations sur l’honneur …

Dasen : les problèmes d’incivilités de la part des familles allaient déjà crescendo avant le covid et c’est aussi un sujet  de chsct, nous en sommes conscients et c’est un véritable objet de réflexion et de veille.

Devoir gérer à la fois : un groupe d’élèves qui doivent rester calmes et apprendre, un téléphone en permanence, une messagerie, les arrivées et les départs à toute heure, des attestations, du travail à donner aux absents et des protocoles girouettes qu’on n’a pas le temps d’intégrer.

Dasen :Nous sommes conscients de cela et de la tension forte que subissent nos personnels.

 

• Gérer les absences des collègues de plus en plus nombreuses car les cas augmentent et nous devons garder nos enfants (plus prioritaires)

 

Dasen : Le choix des professions sur cette liste qui s’est raccourcie ne dépend pas de nos compétences.

 

Comprendre les différences de traitement d’une école à l’autre : dans une avec 7 ou 8 cas dans une classe, on laisse ouvert alors que dans une autre, à SENS, on ferme.

 

Dasen : je pense qu’à partir d’un grand nombre de cas comme ceux que vous citez, il faut fermer car cela devient ingérable même s’il n’y a pas de règle générale.

 

• Assister aux vidéos de constellations ou réaliser le travail personnel demandé en compensation du présentiel comme si on ne faisait pas assez en ce moment ?

 

Dasen : je vais être clair, il n’y a plus jusqu’à nouvel ordre, ni formation en présentiel, ni en distanciel, ni en objets d’étude à travailler et renvoyer.

 

• Faire passer des évaluations cp et les entrer alors que les conditions d’apprentissage, les absences et la surcharge de travail nécessiteraient report.

Dasen : il y a un délai qui a été rallongé et ces évaluations restent nécessaires.

 

• Des moyens matériels qui ne correspondent pas à ce qui est dit dans les médias : capteurs de co2, purificateurs, absences même de VMC parfois, carence de gel, d’essuie-main, de ménage même ordinaire

Dasen :C’est un sujet qui peut être traité en GT chsct également mais les communes ont un moyen de contacter ……… pour en obtenir (nous demanderons des précisions demain en chsct)

 

     -  gérer tout cela et la classe (ce qui est au cœur de notre métier, il nous semble)  et le distanciel à organiser pour les malades ou absents qui changent même en cours de journée (si envoi à l’un pourquoi pas à l’autre et avoir à me justifier encore et encore auprès des parents)

 

Dasen : Les enseignanst font au mieux mais on ne peut pas leur demander de faire l’impossible et il est bien clair que le cumul présentie/distanciel n’est pas demandé. Au-delà de 3 élèves absents, cela ne peut pas être exigé …

 

-  les informations contradictoires entre le protocole et la circonscription lors de demande de conseils (enseignants absente = répartir les élèves dans la classe des collègues, même des maternelles pas masqués, appliquer ce qu’a dit le ministre alors que la FAQ et donc le texte n’est pas encore en vigueur. Les médias n’ont pas de valeur réglementaire et nous sommes dans un état de droit et donc de loi.

 

Pas de réponse du Dasen sur ce sujet.

 

- les règles pour être en ASA ne sont pas claires.

(Que faire si nos enfants sont cas contacts, qu’il faut les tester et être à son poste alors qu’on a plus de moyen de garde ?)

Dasen : Il est possible si on est hors cadre ASA de faire une demande d’AA ordinaire avec un courrier clair et surtout, contacter sa circonscription.

Le SE-Unsa : Nous vous conseillons de contacter votre circo, faire une demande par courrier et nous mettre en copie. Nous alerter si vous êtes en difficulté.

Dasen : Il est vrai que les services de secrétariat des circonscriptions peuvent être saturés. A ce sujet : 3,5 emplois pour un contrat de 3 mois ( trop court aux yeux du SE-Unsa), dans les circonscriptions, vont débuter ce lundi.

- notre santé n’intéresse personne, on arrive au point de rupture

Dasen : je note, car c’est un vrai sujet de préoccupation pour nous, à faire remonter et aussi un sujet de chsct.

 

Pour ce qui est d’un témoignage second degré :

 

• Dans un lycée de l’Yonne pour exemple :
• Vendredi dernier au lycée  : 193 absents, 35 % des élèves, 50 cas positifs
• Certains élèves sont revenus dans la cour alors qu’il étaient positifs
• Les CPE sont débordés par la gestion des absences, des appels, des attestations, des appels …
• Les absences d’enseignants sont de plus en plus nombreuses et du coup : les assistants d’éducation sont de plus en plus pressurisés ainsi que les élèves qui entre autre, pour certains préparent le BAC !
• Mise en place des épreuves communes dans le cadre des nouvelles épreuves d’évaluation c’est très bientôt : et cela compte pour le bac, il va falloir organiser des épreuves en fin d’année pour les absents (Monsieur le Ministre a considéré que ce n’était pas urgent d’en discuter)
• Dans un autre lycée d’Auxerre : 45 % d’absents semaine dernière

 

Dasen : les épreuves du BAC dans ces circonstances sont un vrai sujet technique que je vais faire remonter à l’inspecteur général

 

 

2è question posée aux collègues : " Que souhaitez-vous dans un court délai ?

 

- au lycée : prévoir le report et rapidement des épreuves écrites du bac

- revenir au protocole de septembre en 4 niveaux qui était clair : 3 cas = on ferme

-une utopie : la reconnaissance du travail que je fais

- une prime pour tous les personnels d’éducation qui font que cela fonctionne le moins mal possible

- des autotests dans les écoles

- des masques FFP2 et des masques chirurgicaux

- le dégel du point d’indices

- que tout l’administratif lié aux attestations de toutes sortes soient gérés par l’ARS et par l’administration : dans les écoles élémentaires, nous n’avons pas de secrétaires et gérons les élèves à temps plein

- allègement de toutes les tâches non indispensables et pour tout le monde : direction ou non

 

Dasen : les masques chirurgicaux vont arriver. Nos salaires ont une vraie préoccupation pour le ministre. Les auto-tests pour les personnels vont arriver mais en priorité en maternelle où les élèves n’ont pas de masques.

L’allègement des APC ne concerne oui, que les directions des écoles (SE-Unsa : sauf pour les directrices et directeurs qui n’ont déjà pas d’apc)

Pour info, le SE-Unsa a rappelé au Dasen que nous demandons :

- le report voire l'annulation pour certaines de toutes les tâches non essentielles à la gestion de l'enseignement et des élèves : évaluations des établissements et des écoles, enquêtes, APC, évaluations CP et maternelles, constellations, réunions non essentielles.

 

Informations diverses du Dasen :

 

- Les GT seront en présentiel alors que les CTSD et CDEN auront lieu en distanciel (raison de nombre).

- Nous avons embauchés 5 contractuels en décembre.

- Le Nouveau Secrétaire général sera présent lundi matin.

- la question des auto-tests sera détaillée au GT chsct de demain

- Nous avons 105 remplaçants mais avec environ 125 classes dont l’enseignant.e était absent.e, il y a 20 classes sans enseignant, soit le double de la semaine dernière. On va voir l’évolution dans les jours à venir, si cela ralentit au s’accélère, car on risque d’être encore plus en difficulté, oui.

Le SE-Unsa souligne que les choix assez peu cohérents de ne plus nous mettre dans la liste des personnels prioritaires pour l’accueil de nos enfants et de ne plus  fermer à 3 cas positifs participe sans aucun doute à cette difficulté.

Autre interventions des organisations syndicales :

• On demande du long terme, c’est-à-dire des moyens alors que cette année : 0 poste pour l’académie de Dijon
• Notre ministère a encore rendu 75 millions à Bercy

Dasen : pourtant des efforts ont été faits compte tenu de la baisse démographique, le rapport s’est amélioré.

Se-Unsa : il n’est pas normal, alors que le système tient grâce à ses personnels et leur engagement, qu’aucune prime covid n’ait été donnée. Sans parler des 4 à 6 mois   de retard parfois entre le passage à l’échelon supérieur et le versement réel. Cela ne serait pas accepté dans le privé.