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SE-UNSA 88


 Par SE-UNSA 088
 Le  lundi 19 septembre 2011

Rapport HCE : des questions fondamentales sur le socle commun

 

Le HCE vient de rendre un rapport sans concession sur les dispositifs d’évaluation développés dans notre système éducatif (lire notre communiqué de presse). Il conteste la validité des indicateurs que le ministère soumet à la représentation nationale pour apprécier les résultats de sa politique éducative. Il remet particulièrement en cause les évaluations CE1-CM2 et les modalités de validation du socle commun des paliers 2 et 3.


Le rapport du HCE soulève ainsi de nombreuses questions :

Comment évaluer un système éducatif ?
Pour le HCE, il est indispensable de distinguer et de séparer l’évaluation des élèves et celle du système, en privilégiant pour cette dernière l’échantillonnage, contrairement à ce qui se fait actuellement avec les évaluations nationales (CE1-CM2). Le rapport dénonce la fiabilité des résultats obtenus avec les procédés actuels, issus de la LOLF. Pour le HCE, il est nécessaire de revoir l’évaluation du système en la calant sur les grands tests internationaux (Pisa-Pirls) qui facilitent les comparaisons, l’évolution dans le temps, et donc le pilotage. Le Haut-Conseil recommande notamment l’usage du dispositif CEDRE (Cycle des Evaluations Disciplinaires Réalisées sur Echantillon, créé en 2003), trop peu connu, pour mesurer les acquis des élèves, ainsi qu’une évaluation du système menée par un organisme indépendant de l’Education nationale.

Comment évaluer les compétences des élèves ?
Lacune importante dans les évaluations actuelles, à tous les paliers du socle. Le HCE pointe le manque d’harmonisation, de contrôle de la part de l’institution, la partialité des évaluations, qui portent beaucoup sur les « fondamentaux » ou juste sur certains aspects des compétences. Le socle commun au palier 3 est parfois obtenu par compensation, même si des élèves n’ont pas validé une des sept compétences. Plus problématique, le HCE souligne qu’en CE1, les évaluations en pourcentage en reviennent « à la notion de moyenne, alors que réussir une fois un item sur deux du programme ne signifie pas que le socle soit maîtrisé. »
Dans sa conclusion, le HCE rappelle que les indicateurs d’évaluation du socle devraient « évaluer des compétences, c’est-à-dire la combinaison de connaissances, de capacités et d’attitudes, et se fonder sur une évaluation en situation complexe. »

Le socle commun est-il la pierre angulaire de l’évaluation des élèves et du système éducatif ?
Le HCE ne remet pas en cause le principe du socle commun, au contraire : « les exigences du socle commun correspondent à une authentique ambition. » Il dénonce son évaluation et sa mise en œuvre lacunaires et positionne les compétences du socle au cœur du système. Néanmoins, le HCE ne confond pas l’évaluation annuelle et systématique du socle commun (en gros la validation du LPC par tous les élèves) et celle du système. Mais il recommande « que soit conduite chaque année l’évaluation d’un palier du socle commun, ce qui conduirait à évaluer chaque palier tous les trois ans, périodicité adéquate pour mesurer des évolutions ».

Le SE-Unsa souscrit à la proposition du HCE de créer un nouveau dispositif d’évaluation des acquis des élèves sur le principe du dispositif CEDRE en le faisant évoluer pour prendre en compte toutes les dimensions du socle commun. Ces évaluations seraient menées sur un échantillon représentatif et porteraient sur des compétences en situation.
Dans l’immédiat, le SE-Unsa demande à Luc Chatel de suspendre les évaluations CE1-CM2 qui n’ont aucun intérêt pour les enseignants et les élèves.

Le SE-Unsa rappelle que l’enjeu du socle commun n’est pas l’évaluation du système, mais bien l’amélioration des acquis des élèves et la lutte contre l’échec scolaire. Il est temps de mettre fin aux dérives technocratiques du système actuel qui enferme la mise en œuvre du socle commun dans une impasse pédagogique.

On peut douter, pour conclure, de l’impact du rapport du HCE sur la politique éducative de ce gouvernement, à la lecture du communiqué de l’Elysée, qui se félicite des évaluations de CE1-CM2 comme instrument d’évaluation des élèves et de pilotage du système, et qui annonce que, « dès cette année, des progrès nouveaux seront accomplis grâce à l’expérimentation d’évaluations en classe de 5ème. » ...

En pièce jointe, les grandes lignes du rapport du HCE, dont voici le plan :

1- Les indicateurs annuels fournis au Parlement ne sont pas satisfaisants
2 – Il existe des indicateurs nationaux rigoureux : les indicateurs CEDRE
3 – Les indicateurs internationaux, devenus un outil de pilotage indispensable des politiques éducatives, doivent inspirer les indicateurs nationaux