Retour à l'article normal

SE-UNSA 84


 Par SE-UNSA 84
 Le  dimanche 3 mai 2020

Communiqué spécial rentrée du 11 mai

 

L’école, zone de non-droit sanitaire ?

 

Il est inacceptable de mettre la pression sur les directeurs, les enseignants et les municipalités.

M.A.J. 14h30 : protocole officiel en bas de l'article ou ICI et synthèse

Le SE-UNSA, représentant les enseignants de la maternelle au lycée dans toutes les commissions et comités du Vaucluse, de l’académie d’Aix-Marseille, et second syndicat des enseignants au niveau national interpelle.

 

Le SE-UNSA dénonce la reprise à marche forcée envisagée pour les écoles maternelles et élémentaires, qui est à la fois inacceptable et impossible à mettre en œuvre dans les délais prévus et dans un cadre sanitaire totalement flou. Bien évidemment, les collègues sont déjà à pied d’œuvre pour « limiter les dégâts », mais nous interpellent tous les jours de la mise en danger des élèves et d’eux même.

Le protocole de 65 pages contient des éléments très difficiles à mettre en place concrètement un par un, mais lorsqu’ils sont pris dans leur globalité, cela devient vite impossible.

Le Directeur académique reconnaît lui-même que « chaque fois que nous mettons en place une préconisation cela en fait bouger une autre » : un casse-tête impossible !

Pour le SE-UNSA, les directrices et directeurs d’écoles ne sont pas compétents pour juger des conditions sanitaires de réouverture. Pas plus que les mairies. Au nom d’une prétendue souplesse, le gouvernement se défausse de sa responsabilité sur les communes et les directrices et directeurs d’écoles !  Pourquoi les écoles resteraient-elles ouvertes si le département est classé en zone rouge alors que les collèges fermeraient ?

L’école primaire est-elle en dehors du cadrage sanitaire qui s’impose au reste de la société ?

Rappelons de surcroit que l’École ne s’est jamais arrêtée, elle se poursuit distance, avec les contraintes qui sont afférentes à ce dispositif.

En cas de reprise en présentiel, les enseignants ne pourront pas gérer à la fois les élèves présents et la classe à distance pour ceux restés à leur domicilie (par choix ou par obligation) ce qui entraînera, de fait, une probable dégradation de la continuité scolaire et une augmentation des inégalités entre élèves, alors que M. le Directeur académique souhaite, à juste titre, réduire ces inégalités.. Est-ce raisonnable en l’état de faire deux poids deux mesures?

Reprendre les cours en présentiel de façon précipitée, sans avoir les garanties sanitaires et techniques suffisantes, serait prendre le risque d’exposer la santé des personnels, des élèves et de leurs familles. C’est inacceptable !

Sur ce point, la position des parents d’élèves est très majoritairement claire : les écoles ayant déjà interrogés les parents d’élèves dans le département constatent que plus de la moitié des parents ne souhaiteraient pas mettre leurs enfants à l’école dans les conditions actuelles. La rupture pédagogique va s’accroître, les enseignants devant se rendre dans leurs écoles pour quelques élèves tout en ne pouvant s’occuper de ceux restant à la maison.

L’école, ses élèves et ses personnels méritent les mêmes protections, les mêmes garanties et les mêmes droits que le reste de la société française !

 Quelques éléments supplémentaires :

Pour le SE-UNSA, la réouverture de toutes les écoles est impossible à mettre en œuvre d’ici le 11 mai et se heurte à plusieurs contradictions et incohérence :

  •          Comment comprendre un déconfinement différencié en fonction de l’évolution de l’épidémie dans les départements mais une réouverture de toutes les écoles maternelles et élémentaires dès le 11 mai ?  
  •           Comment accepter que pour la société en général, les regroupements soient limités à 10 personnes et que dans les écoles et établissements, la taille du groupe soit fixée à maximum de 15 ?
  •         Comment comprendre que l’on demande que les activités sportives collectives soient interdites et que l’exécutif envisage que les enfants fassent eux des activités sportives organisées par les collectivités territoriales ?
  •         Comment comprendre l’obligation du port du masque dans l’espace public mais pas à l’école ?
 Concrètement, quelques exemples de préconisations du protocole

 

  • Nettoyer et désinfecter plusieurs fois par jour les zones fréquemment touchées (toilettes, lavabos, robinets, chasses d'eau, loquets, interrupteurs, poignées de porte et de fenêtre, interrupteurs, matériel utilisé, supports pédagogiques, …) : de nombreuses municipalités, notamment les plus petites, ne pourront pas assurer cela efficacement, le personnel n’étant pas suffisant ni formé ;
  • La journée en classe et les récréations pendant lesquelles les élèves sont chacun dans leur coin, sans pouvoir partager de matériel ou d’activité ;
  • Privilégier la restauration en salle de classe sous la surveillance d'un adulte sous forme de plateaux ou de paniers repas froid : cela n’est pas faisable, et en cas de restauration à la cantine, comment assurer en termes de temps et de personnels le passage de plusieurs groupes en respectant la distanciation et le nettoyage entre chaque groupe ?
    En cas d’assistance aux élèves pour la prise des repas, veiller à ce que les personnels se lavent les mains entre chaque contact : est-ce faisable ?
 D’autres éléments sont à prendre en compte
 
  •         La santé au travail doit être prise en compte par le ministère aux vues des conditions du confinement, les risques psycho-sociaux, la peur du retour dans les établissements ou services…
  •         Les autres établissements ne sont jamais évoqués. Nous regrettons qu’il n’y ait pas d’informations sur les conditions de réouverture des CIO, GRETA, Rectorat, DSDEN, mais aussi le secteur médico-social qui accueille des élèves (IME, Sessad,...)
  •        Les AESH sont souvent dans des conditions précaires. Il est nécessaire qu’une communication leur soit adressée d’autant plus que les enfants en situation de handicap sont un public prioritaire pour le retour dans les écoles.
  •        Ne pas oublier le travail avec les partenaires de l'éducation populaire et notamment dans les zones prioritaires si on veut pouvoir créer du lien avec des élèves potentiellement décrocheurs.

-      Il faut des cadrages clairs par voie officielle, et il est important de clarifier le rôle de chacun en fonction des temps scolaires et périscolaires.

Et la pédagogie ?

D’un point de vue pédagogique, la reprise envisagée n’est pas cohérente non plus avec des groupes d’élèves en présentiel et d’autres qui poursuivront à distance. Un roulement des élèves est nécessaire au vu du protocole sanitaire, mais entrainerait une impossibilité de suivi de la part des enseignants en présentiels. Pour le SE-Unsa, il est hors de question que les enseignants des écoles fassent double journée et ils ne pourront se dédoubler entre les élèves à la maison et ceux à l’école.

Sur ce point, la position des parents d’élèves est très majoritairement claire : les écoles ayant déjà interrogés les parents d’élèves dans le département constatent que plus de la moitié des parents ne souhaiteraient pas mettre leurs enfants à l’école dans les conditions actuelles : trop compliqué, trop risqué pour les élèves et les enseignants. La rupture pédagogique va s’accroître, les enseignants devant se rendre dans leurs écoles pour quelques élèves tout en ne pouvant s’occuper de ceux restant à la maison.

 

 Nos demandes

Nous réitérons publiquement les demandes effectuées par l’UNSA éducation lors du Comité d’hygiène et de sécurité académique, notamment :

  •         Nous demandons à l'administration de reporter/échelonner l’ouverture des écoles, établissements scolaires et services jusqu'à ce que les conditions sanitaires soient réunies, que les collectivités soient parées à aider l’ensemble des écoles en termes d’accueil et de matériels.
  •         Nous sommes attachés à la poursuite de l’accueil des enfants de soignants et des personnels réquisitionnés, mais toujours sur la base du volontariat (bien suffisant jusqu’à présent).
  •         Nous demandons pour les personnes à risque et pour les agents qui vivent avec des personnes vulnérables, y compris femmes enceintes, de pouvoir rester chez eux (et de télétravailler lorsque c’est possible) ;
  •        Pour les personnels de l’Éducation Nationale avec enfants qui ne seraient pas accueillis dans leur école, ou qui ne voudraient pas les remettre à l’école, de pouvoir garder leurs enfants chez eux ;

Nous rajoutons la demande de pouvoir réenvisager l’ouverture des écoles dans le cas où le Vaucluse resterait «en orange ». En effet, pourquoi faire prendre des risques aux écoliers et enseignants alors que les données montreraient que notre département serait à risque ?!

 

Pour le SE-Unsa, l’école, ses élèves et ses personnels méritent les  mêmes protections, les mêmes garanties et les mêmes droits que le reste de la société française.

 

Le SE-Unsa poursuit ses interventions à tous les niveaux et se met en capacité d’accompagner les équipes pour les protéger d’une reprise précipitée et imposée.

 


À venir dans la semaine : un recueil des problèmes concrets que vous rencontrez et vous nous faites remonter, un courrier au DASEN, des propositions d'action si nécessaire...

 

Nous restons à votre service pour toutes questions/problèmes/inquiétudes/informations :

84@se-unsa.org