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SE-UNSA 74


 Par SE-UNSA 74
 Le  dimanche 22 janvier 2023

Ségrégation scolaire : l’école à deux vitesses

 
L’indice de position sociale (IPS) mesure la composition sociale d’une école ou d’un établissement scolaire. Une décision de justice a conduit le ministère de l’Éducation nationale à rendre publiques les IPS de chaque école et collège de France métropolitaine et des Drom ; cela concerne les établissements publics et privés sous contrat.
 
 
Ainsi, désormais, chacun peut observer, chiffres à l’appui, les ravages de la ségrégation sociale dans notre système éducatif, notamment liés au rôle de l’enseignement privé – essentiellement religieux – dans l’entre-soi scolaire des plus favorisés. Pour le Cnal, dont le SE-Unsa est membre, le constat est accablant.

L'analyse locale, des écoles, collèges et lycées de Haute-Savoie est en annexe en bas de page. Le constat est édifiant avec des différences pouvant aller jusqu'à 225% en faveur du privé. L'école à deux vitesses expliquée par les chiffres officiels.

Des différences importantes existent aussi entre école ou établissement public y compris au sein d'une même commune.

Il y a urgence à revoir la sectorisation et notamment à élargir la carte des écoles en REP/ REP+  De nombreuses écoles sur les secteurs élargis autour des villes centres d'Annecy, Annemasse, Évian, Thonon, Faverges ne sont ni en REP, ni en secteur particulier avec des IPS extrêmement faibles. Ces situations iniques doivent être revues.(voir PJ)

 
Au plan national, les tableaux des IPS en écoles, collèges et lycée montrent notamment que les établissements privés concentrent un public scolaire favorisé. Quels sont les chiffres ?
 

Lycées

 

Alors que la moyenne générale des IPS de tous les lycées est de 103,9 il apparaît une forte différence de recrutement social entre les lycées généraux et technologiques et les lycées professionnels. Ce n’est pas une surprise, mais il est désormais possible de chiffrer cet écart de composition sociale.
Alors que la moyenne des IPS des filières générales et technologiques est de 114,2 points, celle des lycées professionnels est de 87,4 points. Un gouffre de plus de 25 points les sépare à l’issue de l’orientation de fin de 3e.
De tels écarts sont aussi observables au sein d’un même établissement, quand celui-ci accueille des filières générales, technologiques et professionnelles.
 
Le système éducatif français se caractérise par la très forte corrélation entre la réussite scolaire et le milieu social d’origine. Le tri social et scolaire opéré à l’issue de la 3e contribue à figer durablement les positions dans la société, alors que notre pays a besoin d’un bond en avant en termes de démocratisation scolaire.
 
 
L’enseignement privé sous contrat : séparatisme social à tous les étages du système éducatif
 
En filière générale et technologique, alors que la moyenne nationale des IPS est de 114,2, elle est de 121,6 dans le secteur privé sous contrat, et de 110,3 dans le secteur public.
Sans surprise, celle des 350 LP privés sous contrat est supérieure de plus de 10 points à celles des 780 LP publics (94,4 / 83,3).
 
Collèges
 
Alors que moyenne nationale des IPS du niveau collège est de 103,3, celle des 1 662 collèges privés sous contrat est de 114,2 points ; 72 % d’entre eux ont un indice supérieur ou égal à la moyenne nationale.
 
La moyenne des IPS des 5 305 collèges publics est de 99,9 points ; 41 % d’entre eux ont un indice supérieur ou égal à la moyenne nationale.
 
 
Écoles
 
Alors que la moyenne nationale des IPS dans les écoles est de 102,7, celle des 4 242 écoles privées sous contrat est de 112 ; 71 % d’entre elles ont un indice égal ou supérieur à la moyenne nationale.
 
La moyenne des IPS des 27 548 écoles publiques est de 101,2 ; 47 % d’entre elles ont un indice égal ou supérieur à la moyenne nationale.
 
 
L’avis du SE-Unsa
 
Le rôle central de l’enseignement privé dans la ségrégation scolaire est un secret de polichinelle, dont tous les acteurs du système éducatif ont parfaitement conscience. Désormais, la publication des indices de position sociale vient objectiver cette situation et le constat est sans appel : l’enseignement privé concentre les élèves issus des milieux favorisés. C’est peut-être la principale raison de son existence.
 
Or, c’est l’argent public qui le finance à hauteur de 73 % ; à cela s’ajoute le manque à gagner fiscal lié à des dons défiscalisés à des fondations qui n’alimentent que des établissements privés. La question de leur reconnaissance d’utilité publique est posée. À plusieurs reprises, le SE-Unsa a demandé à la Cour des comptes d’évaluer le montant global de la politique de financement public de l’enseignement privé. Sans réponse.
 
Pour le Cnal et le SE-Unsa, mélanger les enfants et les adolescents quelle que soit leur origine sociale est une condition essentielle de la réussite scolaire de tous. Ce serait aussi favorable à la laïcité, car dans les écoles et collèges ségrégués, la revendication religieuse est plus forte. Il faudra donc beaucoup de lucidité et de courage pour faire Nation à travers l’École. La réussite de tous les élèves et notre avenir démocratique en dépendent.
La publication des IPS des lycées donne un éclairage supplémentaire sur le visage aristocratique de notre système éducatif. Cela s’exprime dans l’orientation en fin de 3e qui s’apparente à un tri social et scolaire qui va canaliser des élèves en lycées généraux et technologiques et en lycées professionnels. À cela s’ajoute le deuxième tri effectué par l’intermédiaire du spécialiste du séparatisme social à l’École : l’enseignement privé sous contrat.
 
L’état de la mixité aux lycées est le reflet de la persistance d’inégalités scolaires qui pénalisent la scolarité des élèves issus de milieux sociaux modestes. Cela ne peut qu’amener du désespoir et de la rancœur chez les personnes concernées. À terme, cela remet en cause notre avenir démocratique.
 
Un regard erroné sur cette situation pourrait laisser croire qu’il s’agit de problématiques circonscrites au champ d’action du ministère de l’Éducation nationale. Mais cela concerne la société toute entière et interroge la manière dont on veut faire République dans l’École et par l’École.
 

La mise à jour pour la retrée 2022/2023 confirme l'analyse passée. A titre d'exemple, l'école au plsu faible IPS est dans le public ( Les Ewues1) avec 68.2 alors que le plus faible ips du privé est à Bernex avec 101.4.

La moyenne du public est de 110.6 et celle du privée 119.94

 

 
 
> > Retrouvez les bases de données des IPS des écoles et des IPS des collèges

>> voir aussi Atteintes à la laïcité : des solutions à déployer

>> voir aussi notre étude sur le niveau de vie en Haute-Savoie

>> Nos analyses concernant les écoles et les collèges de la Haute-Savoie sont en bas de pages

 

Mise à jour le 14/11/22