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SE-UNSA 63


 Par SE-UNSA 63
 Le  mardi 12 novembre 2019

CHSCT "souffrance au travail".

 

Déclaration de l'UNSA au CHSCT

L’UNSA Education remercie tous les acteurs présents ici pour avoir œuvré à la tenue de ce CHSCT exceptionnel sur la souffrance au travail.

Le plus dur commence. Les personnels de l’Education Nationale sont inquiets, divisés, esseulés et tous les signaux sont aux rouges. Si le suicide de Christine Renon a eu une résonnance aussi forte, c’est qu’au-delà du geste et de la lettre si explicite, Il existe un mal-être, une perte de repères, une perte de confiance envers le système qui nous poussent, nous représentants des personnels,à  donner l’alerte.

Les raisons sont multiples, complexes et clairement, si le CHSCT d’aujourd’hui permettra de crever des abcès , de comprendre certaines situations, il faut être clair sur la démarche adoptée.

Un seul CHSCT ne sera pas suffisant. L’UNSA Education demande qu’un calendrier de plusieurs CHSCT  et groupes de travail thématiques soit adopté pour que nous puissions construire une réponse adaptée et ne pas en rester aux témoignages et aux postures. Il n’y aurait rien de plus dévastateur.

Notre responsabilité en tant que membre d’instance de prévention du risque professionnel est de répondre aux demandes, mais aussi d’anticiper et d’améliorer les conditions de travail des personnels.  Dans un ministère où les fonctions sont diverses, de l’enseignant à l’administratif, du directeur à l’AESH, de l’encadrement à l’infirmière, les réponses ne peuvent pas être uniformes. C’est ainsi que la démarche doit inclure après la phase d’échange et de négociation, différents relevés de décisions.

Parfois, les problématiques peuvent se rejoindre.

La grande difficulté des directeurs d’école impacte tous le système éductaif de l’adjoint à l’encadrement. Sans avoir de cadre hiérarchique, c’est bien au directeur d’école, élément le plus proche des familles, que l’on demande de gérer les urgences, les problèmes.

L’UNSA milite pour une école où l’équipe pédagogique et le directeur auraient des leviers pour mener à bien leur mission, ce n’est pas le cas actuellement.
Une école où le directeur aurait les moyens d’accomplir sa mission en terme de décharge, de secrétariat, de règlementation. Le directeur doit pouvoir dire non aux sollicitations des IEN et des mairies si ce n’est pas dans ses missions. Pouvoir dire stop, prendre du temps et du recul quand les situations sont complexes. Une école où le directeur pourrait fermer l’école en cas de manquement grave à la sécurité ( température anormalement haute ou basse, intrusion, agression…). Une école où il ne serait pas nécessaire de faire tamponner un document en 3 exemplaires pour acheter des ramettes de papiers. Une école où le conseil des maitres serait renforcé et où les enseignants serait accompagnés et soutenus en cas de problèmes.

Actuellement, le système dit faire confiance aux directeurs mais il les laisse seuls. Pire, on le surcharge de travail chronophage dont l’intérêt est parfois discutable. Les missions de méditaions, sociales et maintenant presque médicale se rajoutent.

Ce n’est plus possible dans le cadre actuel et avec les moyens mis à la disposition de la direction.

 

L’état du remplacement, propre à notre département, impacte autant les adjoints sur leurs classes, leurs formations annulées que les directeurs de petites écoles qui n’obtiennent pas leur jour de décharge et prennent sur leurs temps personnel déjà bien rogné.

Les relations très conflictuelles avec les parents d’élèves dans lesquelles le dépôt de plaintes est de plus en plus fréquent sont un problème qui rejaillit sur l’ensemble de l’équipe pédagogique. Le manque de leviers, la position fragile du directeur est parfois utilisée par les agresseurs pour harceler les enseignants jusqu’à l’épuisement professionnel. Le soutien de la hiérarchie et son action sont alors au cœur du débat.

L’inclusion des enfants à fort problème de comportement est menée à marche forcée et uniquement supportée par les équipes de l’éducation nationale. Tout le monde se défausse sur nous et ce sont les personnels qui sont  au front. Sur ce sujet, qui concerne également une ARS bien absente, l’école doit accueillir les élèves avec les moyens du bord et parfois des locaux inadaptés. Nous ne sommes pas des IME ou des ITEP et nous ne pouvons être les garants d’un projet individuel quand l’élève qui pourtant bénéficie d’une notification en établissement ne peut y aller faute de places. Dans certains départements, des dispositifs beaucoup plus ambitieux se mettent en place. L'école inclusive ne se limite pas aux seuls accompagnants, eux mêmes bien mal traités depuis la rentrée. Ces personnels, qui vivent déjà en dessous du seuil de pauvreté, ont été nombreux à nous faire part de leur mal être, tant sur la question de la rémunération que sur la GRH de proximité. La réalité de ces personnels est bien loin des promesses ministérielles. L'école inclusive ne se décrète pas, elle se construit, mais pour cela, il faut en avoir l'ambition, et que tous les acteurs y participent.

Plus généralement, les débats le démontreront, la frénésie des réformes parfois contradictoire maintient constamment la tête des collègues sous l’eau.  Le sentiment est fort de ne plus être sur le cœur du métier, mais d’être dans un pilotage constant par projet avec les affres de la bureaucratie qui en découlent. Le management actuel des personnels est en échec. Il se base sur des concepts dépassés, voire dangereux.

Le temps manque, mais celui-ci s’accélère. Les mails et le numérique rendent toute demande institutionnelle, même mineure, urgente. Tout devient prioritaire et certaines limites sont allègrement dépassées, ce qui n'est pas sans conséquence sur la vie personnelle de nos collègues, dans une profession où, nous le savons tous, la frontière est parfois mince entre le travail et la maison. C’est épuisant. C’est épuisant et cela impacte les vies familiales

Dans un métier où il faudrait prendre le temps, du recul, rien n’est possible dans ce chaos.

L’école n’est pas un lieu sacré. Elle est au contact des situations les plus difficiles, de la difficulté quotidienne vécue par certains, de la pauvreté,  du déracinement, des divorces, des maladies, des handicaps, des accidents. Les enseignants sont en première ligne chaque matin au portail de leur école.

Les personnels doivent être protégés et soutenus pour ne pas être abimés par cette société du toujours plus. Ils doivent être reconnus. L'Education Nationale doit partir du postulat qu'elle a confiance dans ses agents, et c'est le message qui doit apparaitre comme clair aux yeux d'usagers de l'école de plus en plus inquisiteurs et prêts à s'engouffrer dans la moindre faille.

Ce n’est pas le cas actuellement, d’où, à notre sens cette souffrance au travail. Il est urgent d'agir.

Je vous remercie.