Le respect de la personne est une valeur incontournable de la vie sociale et professionnelle que nous nous efforçons d'inculquer quotidiennement à nos élèves. Et pourtant, parfois, l'administration, certainement plus par maladresse qu'autre chose, méprise les enseignants que nous sommes. Faut-il tout encaisser ?

Coup sur coup, en 2013 et 2015, des rapports de la cour des comptes fustigeaient la gestion des ressources humaines dans l'enseignement, et pointaient du doigt une formation continue inadaptée dans laquelle les enseignants ne se retrouvent pas.

En voici l'illustration toute récente :

La semaine dernière, des collègues nous ont rapporté une bien curieuse conception de la formation inter degrés. Adossés à l'ordre de mission, quelques documents, dont l'un, détaillant le déroulement de la journée de formation, est intitulé Echange de pratiques inter degrés. Nos collègues découvrent alors avec étonnement que c'est à eux qu'il appartient d'assurer la première partie du spectacle ! Pourquoi ? Eh bien parce que c'est à eux qu'il revient d'accueillir dans leurs classes des enseignants du second degré, munis d'une belle fiche d'observation inter-degré. Y figurent les phases de la séance, l'organisation de la classe, les activités proposées, la différenciation, l'évaluation. L'attitude des élèves est également observée. Et quelle attitude : rêveurs, passifs, agités, bruyants, perturbateurs, en refus, détournent la consigne… Les adjectifs ne sont pas très flatteurs ! Seule mention positive du comportement des élèves : En réussite.

Et ce n'est pas tout, certains collègues sont tenus d'accueillir deux observateurs, dont un IA-IPR de Lettres et le principal du collège.

On pourra toujours arguer que les observateurs ne sont pas là pour juger, c'est tout de même bien le travail des enseignants du 1^er degré qui fera l'objet des discussions et des critiques ! Comment ne pas stresser ou vivre cette observation comme un semblant d'inspection ? Car nous le savons tous, les inspections, telles qu'elles sont menées actuellement, sont redoutées par les enseignants.

Alors non, même si nous sommes plutôt bonne poire, nous n'en sommes pas pour autant des bêtes de foire !

Un peu de dialogue, de concertation, bon sang !

Pourquoi nos collègues n'ont-ils pas été consultés ? Pourquoi ne vont-ils pas observer la pratique des collègues du collège ?

Il existe d'autres modalités de formation inter degrés. Dans certains départements, enseignants des 1^er et 2^nd degrés co-animent des séances qu'ils ont conçues ensemble. Eh oui, voilà qui nous semble beaucoup plus à même de créer du lien, de la discussion autour de nos conceptions de l'enseignement, tout en créant un climat serein, constructif et motivant.

Un peu de dialogue, bon sang ! Nous ne sommes pas des bêtes de foire !